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Critique de Ogrimoire


La citation proposée par ailleurs est tirée de la troisième nouvelle, La fondation Mark Gable. Elle est remarquable à la fois par son ironie, et par sa précision prophétique… Ironie, parce que cet extrait est la réponse d'un scientifique à quelqu'un qui lui demande comment ralentir le progrès scientifique ; prophétique, parce que cela correspond assez fidèlement à la façon dont l'Agence nationale de la recherche fonctionne… et avec elle de nombreux organismes censés « financer » la recherche dans différents pays. Mais, naturellement, personne ne dit jamais officiellement que leur rôle est de ralentir la recherche, bien évidemment.

Dans cette nouvelle, d'ailleurs, le scientifique qui fait cette réponse a inventé une façon de « congeler » les êtres humains, afin de leur permettre de survivre en attendant, par exemple, que l'on ait inventé un traitement à leur maladie. Il a donc souhaité bénéficier de sa propre invention, mais… à son réveil, il se rend finalement compte qu'il a omis de prévoir la possibilité de repartir en arrière, si, par hasard, le futur lui plaisait finalement moins que le passé…

Dans Appel aux étoiles, ce qui ressemble à des intelligences artificielles installées sur une planète observent à distance des bizarreries qui se déroulent sur la planète Terre. Et l'une de ces « intelligences », un peu déviante, finit par imaginer que la seule explication possible à ces phénomènes curieux – explosions à base d'uranium 235, non explosif en situation normale – est que, sur Terre, des êtres aux capacités intellectuelles limitées auraient trouvé un moyen de contrôler l'atome, sans avoir créé les conditions de son emploi inoffensif. La situation parait tellement absurde que la majorité des intelligences artificielles ont beaucoup de mal à y croire, mais…

Dans Criminel de guerre, les Russes sont à New-York. Un scientifique ayant participé au programme nucélaire se retrouve mis en accusation, parce qu'il refuse de mentir. Les soviétiques souhaitent pourtant qu'il soit acquitté, ses collègues sont convaincus qu'il n'est pas coupable d'avoir soutenu le régime américain. Mais lui refuse de trahir la vérité… le procès s'engage, et tout se retourne contre lui…

Dans Rapport sur la « grande gare centrale », des extra-terrestre explorent une ville déserte, sur Terre. Là aussi, il parait inconcevable à cette civilisation que les hommes aient pu se faire la guerre au point de se détruire. Ils essayent d'expliquer, avec leur propres concepts, leurs découvertes. Nos toilettes publiques deviennent alors de lieux de culte…

Enfin, dans La voix des dauphins, Leó Szilárd imagine que, confronté au risque quasi-permanent de guerre nucléaire entre 1960 et 1985 (rappelons que le livre est sorti en 1962), un institut de recherches en biologie, à Vienne. Et que, dans cet institut, les scientifiques apprennent à parler avec les dauphins, pour bénéficier de leur remarquable intelligence. Et que ces derniers, en suggérant des expériences, contribuent à faire progresser l'humanité. Que pourrait-il dès lors arriver ?

On le voit, ce recueil de nouvelles est très orienté. Sans doute trop, car bien d'autres dangers nous paraissent désormais au moins aussi sérieux que celui d'une guerre nucléaire… Il ne faut donc pas lire ce livre uniquement pour ses qualités littéraires – j'ai trouvé certains passages de la voix des dauphins un brin abscons -, mais bien d'abord pour se replonger dans ce que l'on pouvait craindre alors.

Mais il s'agit vraiment d'une curiosité, qui n'est pas sans me rappeler, par certains côtés, Quinzinzinzili, découvert il y a plusieurs mois à l'occasion de sa réédition par les Éditions de la Table Ronde.
Lien : https://ogrimoire.wordpress...
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