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Critique de thedoc


C’est à travers un récit sobre et émouvant que nous découvrons l’histoire hallucinante du pianiste polonais Wladyslaw Szpilman, surnommé plus tard le « Robinson Crusoé de Varsovie ».
En septembre 1939, Varsovie, en Pologne; croule sous les bombes. Wladyslaw Szpilman est pianiste à Radio-Pologne. Musicien de grand talent, il est unanimement reconnu comme l’un des pianistes les plus prometteurs de la musique polonaise. Mais au moment où le jeune pianiste termine sur les accords du « Nocturne en ut dièse mineur » de Chopin, sa station de radio cesse d’émettre. C’est la guerre et Szpilman est juif. Comme beaucoup de familles juives à cette époque, on minimise la menace nazie… et on subit, incrédule, l’inévitable conclusion de la montée du nazisme à Varsovie : persécutions, création du ghetto dans la capitale polonaise et les rafles perpétrées sur les Juifs pour les déporter vers les camps d'extermination. En août 1942, Szpilman et sa famille sont rassemblés pour être déportés. Un policier qui le connait en tant que musicien le fait sortir des rangs. Szpilman voit pour la dernière fois ses parents, frères et sœurs… A compter de ce moment, le pianiste doit se cacher et survivre. Durant deux ans et demi, il va tout vivre : liquidation du ghetto, insurrection, destruction…

Lu d’une traite, ce roman est de ceux qui ne peuvent laisser indifférent le lecteur. Le récit de cette survie dans Varsovie en ruines est tout simplement incroyable et apporte un nouvel éclairage sur cette période sombre.
Alors que les témoignages sur les camps et les atrocités commises en ces lieux sont légion, celui de Szpilman nous décrit une autre situation : celle d’un survivant malgré lui, d’un fugitif qui doit sa survie à sa volonté et à l’intervention de personnes parfois inattendues, comme l’officier allemand Wilm Hosenfeld. La description de la vie dans le ghetto, avant sa liquidation, est tout d’abord extrêmement intéressante. Elle révèle notamment la persistance des clivages dans la bonne société juive, à un moment où les préoccupations devraient être ailleurs. Tel un bouclier magique, l’importance des apparences demeure : on tente de préserver comme on peut sa dignité, ou du moins ce qu’il en reste. On découvre d’autre part la violence quotidienne du ghetto : la faim, le froid, la misère, les exécutions sommaires. Les descriptions sont parfois très dures mais avant tout réalistes. Il y a ensuite le courage d’une poignée d’hommes et de femmes qui ont su prendre les armes pour s’opposer à l’occupant nazi. Ils ne le savaient pas alors mais leur insurrection fit trembler d’effroi Eichmann…

Enfin, malgré l’horreur et la barbarie, l’histoire de Wladyslaw Szpilman nous souffle un vent d’espoir. Espoir tout d’abord en l’homme, dans sa volonté de survivre quoiqu’il en coûte. Et ensuite espoir en les hommes, tous ceux qui osent défier le régime oppresseur, plus encore lorsqu’ils appartiennent eux-mêmes à ce régime. Le récit ici n’est donc pas manichéen –les bons d’un côté, les mauvais de l’autre – mais avant tout réaliste.
Mon seul bémol sera celui-ci : si Szpilman n'avait pas été un pianiste de renom, aurait-il reçu la même aide ? Ne l'a-t-on pas aidé parce que l'on voyait d'abord en lui le musicien de talent et non pas le simple individu ? C'est ce qui semble ressortir de ce récit...

Il me reste tout de même une très forte impression de ce livre. Pour moi, « Le pianiste », dans une narration bouleversante, rend avant tout hommage aux Résistants de tous les bords. Et c'est là l'essentiel.
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