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Critique de deidamie


« Bonjour les Babélionautes ! Aujourd'hui, je viens vous parler du tome 2 de Fruits Bas…

-Nan.

-Quoi, nan ?

-Nan, j'en veux pas. J'en ai marre des lycéens. J'en ai marre des uniformes et surtout, surtout, j'en ai marre de ces chara design* tous identiques, avec des persos fichus en fil de fer ! J'en ai assez ! Je veux des vraies gens ! Donnez-moi de la chair !

-Ah ? D'accord. Alors je te propose Le mari de mon frère, de Gengoroh Tagame.

Or donc, Yaichi élève seul Kana, sa fille. Un beau jour, surprise ! Un étranger sonne à sa porte : c'est Mike, l'époux de son jumeau décédé, qui vient lui rendre visite.

Tu voulais des personnages à forte présence physique ? Tu en as pour ton argent : Yaichi et Mike possèdent des os et des cartilages plausibles sous leur visage : mâchoire carrée, menton solide, sourcils fournis, rien à voir avec les évanescentes créatures de shôjo. Mike m'amuse beaucoup d'ailleurs : à côté de Yaichi, c'est un géant dodu, trapu, velu et ventru.

Bref, du poil, du muscle et du gras dès les premières pages : de quoi me mettre en appétit.

-Et l'histoire, elle est bien ? Si c'est le festival de l'homophobie, je laisse tomber…

-Festival, non, homophobie, oui. Cependant, M. Tagame ne représente pas une discrimination extrêmement agressive dans ce tome (ça viendra peut-être plus tard… ou pas, je ne sais pas, ne me spoilez pas). Ladite homophobie vient davantage de l'ignorance sans méchanceté de Yaichi que d'un jugement sans appel de sa part.

Yaichi n'éprouve pas de mépris, il ne manifeste pas vraiment de violence, il vit dans l'incompréhension et dans un embarras nourri par celle-ci. L'auteur représente souvent le décalage entre ses pensées et ce qu'il manifeste plus ou moins ouvertement : ce genre de procédé apporte une touche d'humour bienvenue dans un contexte quelque peu triste.

Kana, la fillette, apporte quant à elle beaucoup de fraîcheur dans ce manga. Elle n'a pas de préjugés, se montre gentiment curieuse. Elle me fait penser à l'enfant dans Priscilla folle du désert : tous les deux vivent les choses avec naturel et spontanéité, sans gêne ni méchanceté. L'intolérance n'est pas innée.

-Les petites leçons de culture gay, c'est ennuyeux, non ?

-Non, pas en ce qui me concerne. Elles ne sont pas rédigées dans un style lourd ni agressif, et à vrai dire, je les pense nécessaires : l'ouvrage suit clairement une ligne pédagogique. L'homophobie a tué et continue de le faire encore aujourd'hui.

L'oeuvre aborde également la thématique du deuil de l'être aimé, avec pudeur et délicatesse. Mike ne s'apitoie pas, il souffre, bien sûr, toutefois, il met un point d'honneur à présenter un joyeux visage.

Peut-être d'ailleurs que c'est la raison principale de mon attachement à ce manga : il propose une nouvelle représentation de la virilité, faite de courage, de tendresse, d'amour et d'attentions. Yaichi comme Mike sont des personnes qui partagent ce qu'elles ont, qui prennent soin de leurs proches, même si cela ne va pas sans difficultés pour Yaichi.

Je suis curieuse de voir ce que les tomes suivants contiennent. »

*Chara design : abréviation de « character design ». Grosso modo, façon de représenter les persos : on choisit un style de dessin bien précis et on s’y tient tout le long de la série.

Challenge multi-défis 2018.
Modifié pour ajout de la note oubliée, damned!
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