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Critique de Pois0n


Plusieurs dizaines d'années avant que la phrase « show, don't tell » (« montrez au lieu de raconter ») ne devienne la sacro-sainte règle d'écriture la plus rabâchée du net, Rabindranath Tagore prenait exactement le chemin inverse. Et prouve toujours qu'une histoire peut tout autant être efficace à travers un bon récit... où l'on ne montre rien ou presque.

Cette façon de faire se retrouve non seulement dans la structure de certaines des présentes histoires, où l'auteur entretient le mystère, voire la confusion, sur une partie des faits, mais également dans sa façon de traiter le fantastique quand il est présent (ce qui n'est pas le cas dans deux des sept récits). Sa plume se veut très sensorielle et ses fantômes, très réalistes : « Obsession » mis à part, point de vision d'horreur ici, tout est dans la suggestion d'un murmure du vent ou d'une ombre insaisissable aperçue du coin de l'oeil et ni les personnages ni le lecteur ne savent jamais vraiment s'ils rêvent éveillés où s'il y a effectivement « quelque chose ». Ceci dit, comme dans la vraie vie, l'incertitude est finalement bien plus flippante que son contraire.

De toutes façons, il s'agit moins d'histoires de fantômes que de drames humains. S'il y a bien une chose qui transparaît dans ces histoires, c'est l'injustice de la vie, que ce soit à travers les coups du sort ou la duplicité d'autrui et le fantastique n'est finalement qu'un prétexte, une béquille sur lesquelles s'appuie tout le reste : amours déçues, problèmes d'argent, de niveau social, trahisons...

Si vous voulez vraiment des fantômes et du folklore donc, vous allez déchanter sitôt les trois premières histoires passées, les suivantes faisant, au mieux, à peine allusion aux revenants.

Ce qui ne veut pas dire que la lecture, à défaut d'être joyeuse, n'est pas plaisante, la plume de l'auteur étant très belle et ne nous laissant pas le temps de nous ennuyer.

Histoires de fantômes indiens est donc un titre à découvrir, d'autant qu'il se lit très vite.

C'est peut-être là un souci, le poche d'à peine 200 pages imprimées très gros étant tout de même facturé 9€... pour un texte absolument blindé de coquilles ! le correcteur d'arléa était-il fatigué, à court de café, mal payé, tout ça à la fois ? Quoiqu'il en soit, la plume de Rabindranath Tagore méritait un meilleur traitement... Ça ne gâche pas les histoires en elles-mêmes, mais la lecture, si : quoi que mieux pour gâcher l'immersion qu'une faute grossière qui saute aux yeux ?
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