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Critique de Virginieriaute



Certains auteurs écrivent des livres pour raconter une histoire, d'autres pour servir des personnages, un lieu ou une époque, ou encore pour semer des introspections, des idées, des pensées.
Lorsqu'un auteur vous sert le menu gastronomique, si de plus, vous découvrez une originalité dans la structure du roman et une qualité littéraire sans faille, que dire ? Vous décernez une pluie d'étoiles du Gault et Millau littéraire.

L'histoire se déroule dans le marais Poitevin. Il est bien rare que je m'attache à un lieu dans un roman. Ici, le décor fait partie intégrante de l'histoire, il en est un personnage.
Les rupts, canaux, parfois en mouvance, parfois stagnants dans la glaise ou pris au piège dans la glace, les descriptions posées en fond d'écran, la végétation, dense, verdoyante, abondante, tout m'a immergée dans les tableaux impressionnistes de Renoir ou de Krief. Puis j'ai senti la terre, cette terre qui produit, cette terre qui fait vivre, nourricière, cette terre que l'on sent, que l'on touche, j'ai eu envie de la goûter comme les anciens le faisaient. Cette terre des ouvriers agricoles, de labeur et de sueur.
Atmosphère apaisante, lénifiante.
L'histoire, vous n'y trouverez pas des montagnes russes d'émotions, ni de grands twists et pourtant, j'ai dégusté ce roman en un seul après-midi.
Parce qu'il y a ce rythme, ce ton qui évolue en fonction des acteurs au fil du récit. Un roman à 4 voix qui vous plongera en 1935, mais c'est surtout la plume qui vous immergera dans ce décor. Une plume précieuse, délicate dans sa première partie, inspirée des auteurs classiques. On y parle de stupre, de désir, de sexe et de fornication, avec pudeur et romantisme.
Puis l'histoire sera narrée du point de vue d'un autre protagoniste que je retrouve avec plaisir. Angus, la Brute. J'ai adoré son franc-parler, il balance son brocard sans ménagement parce qu'il est franc du collier le bougre, loyal. Je l'ai souvent trouvé touchant. Un personnage magnifiquement sculpté, tout en reliefs et en complexités. Il m'a d'ailleurs fait penser à un ami proche, de part ses valeurs, son vécu, sa loyauté.
Un troisième protagoniste prend le relais et l'histoire se déroule de son point de vue, pour le moins saugrenu. J'ai trouvé cette audace intelligente, une belle surprise. J'ai retrouvé dans cette partie, l'humour de l'auteur, ses bons mots, et beaucoup de tendresse. Cette vision de l'occupation un peu naïve et candide ( et pour cause ), m'a beaucoup plu.
Enfin, la dernière partie décrite par le personnage principal, comme parfois dans les romans De Luca, clôturera cette tragédie aux réminiscences grecques.
Le talon d'Achille le fera-t-il périr ?
Amour, trahison, ennui, on baigne du romanesque aux dramaturgies.
Dans cette dernière partie, j'ai surtout retrouvé l'élégance de la plume De Luca. La langueur des descriptions, la douce léthargie. Une fois de plus, j'ai pensé à Steinbeck et à sa patience de paysan qui regarde mourir ses protagonistes.
J'ai d'ailleurs cru au 3/4 du récit à une fin analogue à des Souris et des hommes, au sacrifice miséricordieux. J'ai trouvé quelques points communs entre Lennie et l'un des personnages De Luca. Mais une fois encore, Luca nous surprend, offre une nouvelle dimension à ces acteurs, les fait évoluer pour leur proposer d'autres opportunités.
Un très très bon roman, du lourd d'un point de vue stylistique, excellent, une écriture de Gourmet, la chatte difficile que je suis, s'est régalée.
J'en ai pris de la graine.
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