Le tsunami a tout balayé. Nos souvenirs... et nos espoirs.
J'aurais voulu ne plus bouger et attendre que la mort vienne. Mais l'instinct de survie est plus fort. Et alors plus rien ne nous appartient. Il n'y a plus de choix, plus de désir, plus de colère... Juste de la douleur.
Ma famille... Ma soeur, ma mère, elles devaient être mortes d'inquiétude. Des milliers, des millions de personnes... devaient être en ce moment mortes d'inquiétude... Ou mortes tout court.
J'aurais voulu me pincer, mais je savais dans mon coeur que ce n'était pas un rêve.
Plus rien ne pourrait redevenir comme avant. Evidemment. Plus rien ne serait jamais comme avant.
Je ne pensais même pas à ma famille ni à mes amis. Enfin, pas sur le coup. Ce n'était pas par égoïste, c'est jute que, dans ma tête, le monde était mort. Comme si j'étais l'ultime témoin de sa chute. Je me sentais coupable d'être en vie. J'aurais dû mourir...
Le désespoir... c'est difficile à imaginer. Un jour, on est simplement submergé par le silence. Et on découvre sans comprendre.
Je ne sais pas vraiment ce que je souhaitais à cet instant: vivre ou mourir. Je crois en fait que je ne réalisais pas ce qui se passait. Mon coeur l'a su avant moi.
L'obscurité: un monde sans couleur, sans vie... Un monde sans début ni fin... Un monde qui n'en est plus un... Existe-t-il image plus angoissante? Parfois, ce n'est qu'en quittant l'obscurité qu'on découvre la fin du monde...
C'est tellement facile d'encourager les gens. Comme si les victimes avaient besoin qu'on leur demande encore plus d'efforts...