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Critique de Merik


L'avantage dans ce roman, c'est qu'on identifie vite la figure du mal, pas de suspense de ce côté-là. Son père, ce bourreau... Un pervers, un psychopathe, un manipulateur, un fou, un sadique, un gros méchant (ça c'est presque gentil), on peut l'affubler d'autant de noms que l'on veut, on n'en reste pas moins écoeuré par ce sauvage vivant avec sa fille dans une espèce de baraque aux allures de masure déglinguée par la pourriture et les impacts de balle, en pleine nature sauvage, au milieu des lézards, des sumacs ou autre séquoias. D'autant qu'il paraît pas si bête, réussissant à se justifier par un intellectualisme déviant, à base de rejet total de l'humanité qui court à sa perte, flirtant sur la lisière du nihilisme, se servant de l'écologie comme d'un alibi. On n'aurait peut-être même pas grand-chose à lui reprocher, s'il n'entraînait personne dans son délire, et surtout pas sa fille. Les tortures qu'il lui inflige entre viols, blessures, brûlures, violences psychologiques sont d'un sadisme sordide, il semble s'en affranchir tel un professeur maboule adepte de solipsisme. Sauf que la gamine, elle existe vraiment. L'auteur ne manque pas de nous le faire savoir en la suivant dans ses actes et ses pensées, parsemant son récit factuel par des « Elle pense... » récurrents, et diablement efficaces par leurs contenus tortueux, introspectifs et glissants, tentant d'expliquer ses multiples parts en elle si complexes et si contradictoires. Une gamine à l'identité fluctuante, la scolarité défaillante, au psychisme morcelé. Qui aime son père et se déteste. Forcément perturbée, même si elle arbore une foi tenace en sa survie.
Roman glauque, étouffant, à l'écriture sèche et chirurgicale, au présent de narration incessant comme un coup de poing permanent dans la gueule du lecteur, j'ai eu du mal à y respirer, le nez plongé dans le sordide et l'angoisse. Même les descriptions superbes des paysages ne m'ont pas permis de m'aérer vraiment l'esprit. Une réussite dans le genre, assurément. Un roman difficile à oublier. Mais un roman que j'ai pourtant envie d'oublier.
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