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Critique de camati


"Des Mensonges dans nos têtes" est le premier roman de Robin Talley. Née en Virginie, Etat du Sud Américain, plutôt conservateur et ségrégationniste,dont 1/5 de la population est Afro-Américaine, elle est blanche de peau, mais elle a utilisé un biais original en faisant parler tour à tour Sarah, lycéenne de classe terminale, noire, et Linda, lycéenne blanche, raciste par tradition familiale et géographique.
L'action se situe au début de l'année 1959. La ségrégation raciale dans les écoles publiques a été déclarée anticonstitutionnelle 5 ans auparavant, mais les états du sud ont fait de la résistance et fait tout ce qui était en leur pouvoir pour s'opposer à l'intégration de jeunes élèves noirs dans les écoles blanches, quitte à les fermer.
L'auteur s'est bien documentée sur une période qu'elle n'a pas connue. Elle a découvert avec quelle lenteur les mentalités évoluaient dans les états ségrégationnistes et le prix qu'il a fallu payer pour que les choses avancent. Tout le monde sait que certains l'ont payé de leur vie, comme le célèbre Révérend Martin Luther King, mais qui sait que d'autres, des jeunes en particulier, ont été lynchés, pendus à des arbres, d'où la belle mais dramatique chanson de Billie Holiday "Strange Fruit"? Notamment le jeune Emmett Till, mentionné dans ce livre, lynché à l'âge de 14 ans parce qu'il avait sifflé une jeune femme blanche.
Les faits que Robin Talley rapportent sont malheureusement exacts. Ce qui est intéressant dans ce roman, c'est de voir la lente et douloureuse évolution de Linda, la lycéenne blanche, sa prise de conscience de la haine des blancs qui peut aller jusqu'au meurtre. La peur de la différence.
A franchement parler,"Des Mensonges dans nos têtes" n'est pas une oeuvre littéraire: le langage utilisé est très simple,mais n'oublions pas qu'il s'agit d'un premier roman ( publié aux Etats-Unis par Harlequin Books, ce qui est parlant en soi). Cette jeune femme a la capacité de progresser sur le plan littéraire vu qu'elle traite des sujets qui lui tiennent à coeur et sur lesquels elle a des convictions profondes.Il s'agit davantage d'un témoignage et d'un engagement que d'une oeuvre artistique.
Je rejoins certains babelionautes ici quand ils écrivent que Robin Talley n'aurait peut-être pas dû aborder deux grandes causes dans le même ouvrage: l'intégration raciale et l'homosexualité. Du coup, on peut se poser des questions sur la "conversion" de Linda: prise de conscience ou attirance sexuelle? même si l'on comprend bien qu'il y a une analogie entre minorités ethniques et homosexuels.
En revanche, ce jeune auteur a bien su exprimer les sentiments des deux principaux protagonistes et il est vrai que l'on tourne les pages , comme s'il s'agissait d'un thriller. Il est difficile de rester insensible à tant de haine d'une part , de courage et de détermination de l'autre.
La fin est assez typiquement américaine, au sens où cela se termine plutôt bien. Mais Robin Talley a atteint son but si les lecteurs dépassent le stade de la simple empathie et vont se documenter, s'ils ne connaissent pas bien l'une de ces périodes honteuses de l'histoire américaine.
En conlusion donc, je vous encourage à lire ce roman qui, pour un premier essai, est plutôt réussi, même s'il reste des points à mûrir, comme le style d'écriture par exemple.
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