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Critique de Tachan


Depuis quelques mois, je me fais un plaisir de relire les séries phares de mon adolescence pour voir si elles sont aussi excellentes que le souvenir que j'en ai et pour le moment, je dois dire que c'est un sans faute. Bien sûr, il en va de même avec Basara de Yumi Tamura, l'un des premiers shojo d'aventure que j'avais eu l'occasion de lire à l'époque.

Yumi Tamura est une autrice japonaise de shojo et josei, qui depuis toujours aime s'aventurer dans tout un tas de genre. Elle a ainsi écrit des séries de fantasy (Basara), d'autres de SF (Chicago, 7 Seeds), mais aussi des tranches de vie plus ou moins réalistes ou fantastiques (Wild.com) selon ses envies, ainsi que des polars (Don't call it mystery). C'est vraiment une touche à tout. Au début des années 2000, Kana tire donc le gros lot en publiant sa première saga fleuve : Basara sortie dix ans plus tôt au Japon. Cependant la série eu du mal à trouver son public en France, peut-être entre autre à cause des couvertures remaniées par l'éditeur qui n'aidaient vraiment pas à se faire une idée de la beauté et de la force des compositions graphiques de l'autrice avec ses énormes fonds blancs où seul un petit rond de l'illustration d'origine ressortait... Cependant, moi la série m'a de suite happée et à raison !



Basara, c'est un récit unique à l'époque qui mélange histoire futuriste avec un récit qui se passe dans un Japon post-apocalyptique et récit de fantasy avec la prophétie qui est au coeur de l'histoire. C'était fascinant et le talent de narratrice de l'autrice aidait beaucoup à y plonger.

En effet, Yumi Tamura a pondu ici un premier chapitre juste parfait dans son genre. Il nous permet de découvrir l'univers singulier de son oeuvre mais surtout le ton dramatique inspiré des meilleures tragédies grecques qu'elle installera dans l'ensemble du récit, notamment grâce à une romance à la Roméo et Juliette qui balaiera nos petits coeurs sensibles.

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L'histoire de Basara se déroule dans un Japon lointain où les hommes ont tout ravagé, le Japon étant devenu un immense désert. Après une très très longue période de guerres intestines, un Empereur a su vaincre tout le monde et unifier le pays. Il a ensuite divisé son royaume en 4 entités à la tête desquelles il a placé ses fils. Mais des siècles plus tard, plus rien ne va, ses descendants étant devenus de vrais tyrans.

Basara propose donc le récit d'une révolte, que dis-je le récit d'une révolution. le peuple en a marre. Il a besoin de croire qu'un Elu existe pour le sauver. C'est dans une petite tribu perdue dans le désert qu'on prédit sa venue mais celui-ci, Tatara, né avec une jumelle Sarasa, l'héroïne que nous allons suivre. Sarasa vit dans l'ombre de son frère, personne ne fait attention à elle, ce qu'elle vit très mal. Jusqu'au jour, où les troupes du Roi Rouge (fils de l'Empereur) viennent exécuter son frère et ravager son village. Sarasa prend la relève de la révolte !

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Basara est donc un récit plein de souffle mais aussi un récit complexe. Dès le premier tome, il y est question de prophétie inspirée en partie de la mythologie asiatique avec l'arrivée d'un Elu et la quête de 4 sabres portant les noms d'animaux sacrés. Il y est aussi question d'un pays sous le joug d'une tyrannie et la façon dont les habitants l'accueillent, certains souhaitant se rebeller. La révolte gronde donc mais pas seulement de la part du peuple, il y a aussi l'un des fils du Roi qui aspire à plus de justice et de modernité. Il est donc également question de faire renaître ce pays en déliquescence où même la nature est au bord du gouffre, on souhaite donc son retour. Mais on souhaite aussi moderniser un pays où la place des femmes, par exemple, est totalement à revoir. Et encore, ce ne sont que les principaux thèmes de cette introduction, il y aura encore plein plein d'autres sujets qui seront abordés au fil de cette vaste saga.

Celle-ci repose sur le souffle épique des récits d'aventure. L'histoire va s'articuler autour d'une vengeance, qui sera le moteur premier de la révolution qui va se mettre en branle, mais qui va voir d'autres motivations venir s'y agréger petit à petit. Nous avons donc un début très manichéen, où le gentil peuple opprimé va tenter de se rebeller contre les méchants nobles oppresseurs. Les gentils sont très gentils et les méchants très méchants. Mais la force de l'autrice est de très vite sortir de ce schéma. Elle montrera les failles de la gentillesse du premier clan, et la complexité cachée derrière la soi-disant méchanceté des derniers.

Pour cela, elle développe des personnages extrêmement charismatiques. Son héroïne Sarasa en tête, est une nouvelle Jeanne d'Arc, mais également d'autres dans son entourage. Je suis fan du mystérieux et gouailleur Papillon de nuit. J'ai été touchée par la tendresse et le grand coeur de Nagui et vieux Kaku. Mais surtout, je suis déjà fascinée par Shuri et sa double identité. C'est vraiment celui qui souhaite le plus la rupture avec le monde actuel dans ceux qu'on voit. Enfin, j'ai été surprise par l'ambiguïté avec laquelle l'autrice présente son bras droit le shogun Kazan, capable des pires horreurs mais aussi de bonté d'âme envers la mère de Sarasa. Tout est donc bien plus compliqué qu'on ne le croirait.

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Ce premier tome se lit avec délice. On savoure l'humour que l'autrice aime instiller dès les premières pages. On s'amuse des frasques de l'héroïne depuis toute petite et des relations chaleureuses qu'elle entretient avec son entourage. On est touché par l'amour qu'ils éprouvent les uns pour les autres. C'est pour cela qu'on est d'autant plus douloureusement frappé par ce qui leur arrive et qu'on en vient très vite à une histoire à fleur de peau où le drame nous accable car les sacrifices sont nombreux et la peine et la douleur nous attendent à chaque tournant. C'est fascinant la rapidité avec laquelle l'autrice plante son décor, présente ces principaux personnages et lance son aventure épique.

Alors oui, à côté de ça les dessins de Yumi Tamura sont clivants. Moi, je les adore mais je sais qu'ils en rebutent certains. Personnellement, je suis fan de leur finesse, de leur poésie, de leur richesse émotionnelle et expressive. L'autrice nous immerge totalement dans ce Japon désertique avec son trait fin et sablonneux. Elle est capable de croquer ses personnages en SD (super-deformed) de façon à bien nous faire rire, comme de les rendre hyper beaux et/ou charismatiques/émouvants dans les moments clés. En plus, à cette époque-là, elle surchargeait moins ses cases que dans ses séries suivantes, alors si vous voulez la découvrir, il vaut mieux le faire avec Basara, qu'avec le trop bavard Don't call it mystery par exemple ^^.

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Il y aurait encore énormément à dire sur les débuts de cette saga fleuve qui pose déjà ses plus grandes bases ici. Si vous aimez les récits originaux, s'appuyant sur des univers inventifs mais aussi référencés avec ce Japon futuriste rappelant fortement l'époque shogunale, vous aimerez. Si vous aimez les récits post-apocalyptiques qui sortent du lot, ou si vous aimez les récits de fantasy avec une prophétie, un élu et une quête, vous aimerez. Si vous aimez les récits féministes avec des femmes fortes, vous aimerez. Ou si vous aimez juste les récits humains, bien construits et bien racontés, vous aimerez. Basara est vraiment l'une des plus belles saga que j'ai pu lire et ce n'est pas pour rien !
Lien : https://lesblablasdetachan.w..
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