AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Malise


Que dire après avoir extrait tant de citations de ce livre ? Que j'ai apprécié sa lecture ? Evidemment. Qu'il m'a permis de percevoir la complexité d'être tout à la fois une femme algérienne, d'origine musulmane, laïque, émancipée, féministe et engagée ? Oui, aussi. Il m'a surtout ouvert les yeux sur l'hypocrisie d'une partie de la société dans laquelle je vis. Société qui refuse d'écouter les femmes comme Wassyla Tamzali au nom d'un multi culturalisme érigé en diktat et d'un universalisme rejeté en bloc car soupçonné de relents néo colonialistes. Wassyla Tamzali sait ce vers quoi un petit renoncement, puis un autre etc. mènent, et c'est pour cela qu'elle est en colère. Et c'est pour ça aussi, qu'elle en veut à cette gauche française auprès de laquelle elle pensait trouver un soutien, mais qui fait finalement allégeance à un pseudo islamisme modéré, en croyant bien faire, et au nom du fameux "vivre ensemble". Les premières à en souffrir seront les femmes, elle le sait pour l'avoir vécu. Mais on ne l'écoute pas car sa parole gêne. Reprise par d'autres, elle pourrait être qualifiée "d'islamophobe", insulte suprême, celle à laquelle il faut à tout prix échapper, celle qui vous rabaisse au rang des universalistes occidentaux, blancs, racistes et nostalgiques des colonies.

J'ai repensé en la lisant aux propos d'Elizabeth Badinter "Il ne faut pas avoir peur d'être traitée d'islamophobe." que ses détracteurs ont vilipendé en demandant ce qu'il serait advenu si on avait remplacé ce mot par "antisémite". Piètre argument à vrai dire. Car pour certains extrémistes israéliens, ne pas approuver les dérives droitistes de leur gouvernement est assimilé à de l'antisémitisme. Tout dépend donc de ceux qui assènent ces qualificatifs et des idées qu'ils défendent. Et je suis prête à assumer l'un et l'autre s'ils sont éructés par des ayatollahs de l'orthodoxie religieuse.

Et le voile ? Un mauvais débat ? Une exception culturelle française ? de l'islamophobie ? Une stigmatisation des femmes musulmanes ? Wassyla Tamzali n'a pas oublié le léger voile blanc de laine et de soie que portaient les femmes de sa famille pour certaines cérémonies. Elle ne fait pas table rase de son passé. Mais elle sait aussi ce que celui qui est revendiqué par celles qui le portent en Occident sous entend. Elle sait que le communautarisme dont il est le symbole ne pourra jamais être un vecteur de rapprochement mais, au contraire, une barrière de plus en plus infranchissable. "Un mur qui s'élève" comme l'a si bien écrit Didier Daenickx dans un article du monde ( http://www.lemonde.fr/idees/article/2016/03/25/didier-daeninckx-le-sentiment-d-etre-pris-en-etau_4890007_3232.html )

"Une femme en colère" ne m'aura pas mise en colère, je l'étais déjà ! Mais il m'a permis de faire la connaissance d'une femme engagée et combattante dont je me suis sentie proche. C'est déjà beaucoup.

Pour aller plus loin, vous pouvez regarder :

- Nasser, premier président de l'Egypte indépendante, qui rapporte en 1953 devant une assemblée, les échanges qu'il a eu avec le conseiller général des frères musulmans https://www.youtube.com/watch?v=2nkiiqMp17o .
Leur première réclamation : couvrir toutes les femmes d'Egypte ! Avant toute autre demande sociale, économique ou politique, ils exigent le port du voile.

- "Les Pharaons de l'Egypte moderne" de Jihan El Tahri http://www.arte.tv/guide/fr/047392-001-A/les-pharaons-de-l-egypte-moderne-1-3#details-crew pour constater comment de Nasser à Moubarak en passant par Saddat, les femmes égyptiennes ont peu à peu disparu sous des voiles de plus en plus longs sous l'influence de l'Arabie Saoudite.

- le documentaire de Manon Loizeau sur les femmes du Yemen http://www.publicsenat.fr/Yemen-le-cri-des-femmes-documentaire-de-public-senat-realise-par-Manon-Loizeau . de quoi menacent-elles le pouvoir si il n'accède pas à leurs revendications et à celles de la rue ? de retirer leur voile ! Car pour revenir à Wassyla Tamzali, le voile a un sens. le mettre ou le retirer à un sens, n'en déplaise à celles qui se croient libres de le porter.
Commenter  J’apprécie          40



Ont apprécié cette critique (2)voir plus




{* *}