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Critique de de


« Notre but est de prendre la mesure de l'importance de l'aide et d'essayer d'en séparer le bon grain de l'ivraie. Il est de comprendre ce qu'est l'aide, dans ses différents aspects, et de la situer dans un contexte politique et historique adéquat. »

Yash Tandon interroge « Un gouvernement dépendant de l'aide est-il responsable envers son peuple ou envers les donateurs qui le financent ». Quels peuvent être les droits démocratiques des citoyen-ne-s, si la responsabilité est détournée, si les choix « nationaux » deviennent sans valeur, ou soumis au dictat des donateurs ?

Les instances internationales imposaient/imposent « des orientations idéologiques en s'appuyant sur des relations de pouvoir asymétriques ou sur la menace de sanctions collatérales » aux pays les moins développés. Aujourd'hui,elles déploient les mêmes politiques au coeur de l'Europe. Comment ne pas faire le rapprochement avec la situation grecque et les pressions de la Communauté européenne (et de tous les libéraux) pour refuser à la fois un audit de la dette, le verdict des urnes et exiger le déploiement de politiques d'austérité, refusée majoritairement par les populations. Il s'agit d'un même mécanisme de de négation des droits/choix démocratiques…

Très subjectivement, je ne pointe que quelques aspects du livre.

Aide, vous avez dit aide mais « La plus grande partie de l'aide est liée à des contreparties auprès des donateurs », une aide, oui, mais aux sociétés commerciales et industrielles du Nord.

Évaluations, non-évaluation de fait, « Il n'existe aucun corps indépendant externe, disposant de capacité opérationnelle et d'outils conceptuels propres, permettant de vérifier l'exactitude des chiffres fournis ou la pertinence des auto-évaluations collectives que livre le club des donateurs ».

Premières conclusions tirées par l'auteur :

« Il y a un besoin urgent de définir le développement du point de vue des pays en développement plutôt que de celui des donateurs. »

« On trouve dans les chiffres du CAD (Comité d'aide au développement) des montants nettement exagérés et on peut y voir un voile destiné à dissimuler la réalité des faits, soit des flux inverses du Sud vers le Nord. »

« Nous avons besoin d'une taxinomie capable de saisir la complexité conceptuelle et opérationnelle de l'aide au développement. »

Yash Tandon nous rappelle que le développement « ne peut être défini de l'extérieur », qu'il s'agit d'un « processus de renforcement de ses propres pouvoirs » et qu'avant « de décider quel rôle joue l'aide dans le processus de développement, nous devons comprendre ce que signifie le développement et ce qui constitue l'aide ».

L'auteur propose une typologie de l'aide en cinq couleurs : violette, bleu-vert, jaune, orange et rouge « Elle met en place des normes et des institutions afin de les rendre opérationnelles et sanctionner ceux qui les violent », avant d'en analyser les différentes portées et (in)-utilités.

Un second chapitre est consacré à des « Histoires de cas. Les conséquences de la dépendance à l'aide » : Zambie (1978-2002), Zimbabwe (1980-1997), Mexique (1994-1995), crise de l'Asie du sud-est (1997-1998)

L'auteur propose en chapitre 3 « Une stratégie pour en sortir. Sept étapes pour mettre fin à la dépendance à l'aide », stratégie visant à l'autodétermination grâce à la solidarité à l'échelle locale, nationale, régionale et Sud-Sud (rectifier la façon de penser, budgétiser pour les pauvres et non pour les donateurs, mettre au premier plan l'emploi et des salaires décents, créer un marché intérieur et avoir en main les ressources du pays, combler le manque de ressources, créer des institutions pour investir l'épargne nationale, limiter l'aide à des priorités nationales démocratiquement définies).

Yash Tandon revient au chapitre 4 sur « L'architecture de l'aide internationale. Structures, processus et problèmes » et propose, entre autres : « Il faudrait établir une commission vérité pour évaluer le travail du FMI au cours de ces 50 dernières années, y compris l'impact de ses politiques et recettes pour le développement ».

(En conclusion de ma note de lecture de l'ouvrage collectif dirigé par Christine Delphy : Un troussage de domestique, j'avais souhaité un livre concernant le FMI et ses dirigeants : Des plans d'ajustement structurel comme crime contre l'humanité ). Ce travail reste en effet à faire.

Et comme l'indique Samir Amin dans sa préface « Mais il faut aller plus loin et oser franchir une ”ligne rouge”. Non pas ”réformer” la Banque Mondiale, l'OMC, le FMI. Non pas se limiter à dénoncer les conséquences dramatiques de leurs politiques. Mais proposer des institutions alternatives, en définir positivement les tâches et en dessiner les contours institutionnels ».
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