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Critique de andman


Tanizaki aurait pu faire sienne la fameuse citation de Pascal : «Le coeur a ses raisons que la raison ignore», lorsqu'il écrivit « La Clef : La Confession impudique». Il est en effet très rare de rencontrer des personnages de roman qui s'aiment avec autant de déraison.

Ikuko, une très belle femme de 45 ans, est mariée depuis plus de vingt ans à un professeur d'université de 11 ans son aîné.
Depuis quelques mois ils ne sont plus en phase au niveau de la libido, monsieur fatigue et a besoin de temps de récupération croissants tandis que madame au tempérament de feu est gagnée d'un sentiment d'intense déplaisir.

Plutôt que de parler ouvertement de leurs problèmes intimes, ils tiennent chacun de leur côté un journal en s'arrangeant pour qu'il soit lu en secret par l'autre. Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué, n'est-ce-pas ?

Ikuko a reçu de feu ses parents une stricte éducation confucéenne et s'est rangée à l'avis de ces derniers quant au choix de son mari. Depuis le début de la vie conjugale elle s'est efforcée de faire taire sa frustration.

Le couple a une fille de 20 ans Toshiko qui jalouse la beauté de sa mère. le prétendant de Toshiko, Kimura, vient régulièrement à la maison et le professeur se demande parfois si son épouse n'est pas plus éprise que leur fille de ce beau jeune homme.
En fait le professeur se complet dans la jalousie, synonyme pour lui de stimulant sexuel. Sa perversion va même jusqu'à profiter de l'ébriété occasionnelle de sa femme pour assouvir pendant son sommeil certains fantasmes qu'elle lui refuse depuis toujours.
Mais plus ou moins encouragée par le journal de son mari, la belle Ikuko, bien qu'elle écrive le contraire dans le sien, ne va pas tarder à atteindre avec le jeune Kimura le point de non retour…

La forme narrative de « La Clef » accentue encore le sentiment de dépravation de ce couple. le journal intime de l'un puis de l'autre sont dévoilés au lecteur, jour après jour, sur une période de quelques mois.
J'ai ressenti une certaine gêne au départ à pénétrer ainsi dans l'intimité de ce couple, gêne contrebalancée par l'impression première que les deux protagonistes jouaient cet étrange jeu épistolaire dans l'espoir de renforcer leur amour réciproque.
J'étais loin de me douter de la tournure tragique des évènements.
Malheureusement pour le professeur et sa femme, la psychanalyse, balbutiante, n'avait pas encore pignon sur rue dans le Japon de l'immédiat après-guerre !

Au final, un roman étonnant qui peut difficilement laisser le lecteur insensible. Je l'ai nettement préféré à « Svastika », également de Tanizaki, qui relate aussi une histoire de moeurs compliquée mais dont la fin m'avait laissé perplexe lors d'une récente lecture.
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