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René de Ceccatty (Traducteur)Ryôji Nakamura (Traducteur)
EAN : 9782070380787
252 pages
Gallimard (22/09/1988)
3.71/5   140 notes
Résumé :

"Le svastika est une croix qui tourne. Comme le pouvoir sentimental entre les mains des quatre protagonistes. L'un après l'autre, ils font régner la tyrannie sur leur quatuor : Sonoko, la narratrice, se confie à un grand écrivain, dans un immense monologue qui constitue le roman lui-même. Roman entièrement parlé donc. Amoureuse folle de Mitsuko, jeune bourgeoise ravissante qu'elle rencontre à un cours de peinture, Sonoko devient le jouet d'une machination di... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (15) Voir plus Ajouter une critique
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Quand j'ai commencé ce livre, publié en 1928, je m'attendais à plonger dans les moeurs et la culture du Japon des années 20. Elle est d'une certaine façon présente mais loin d'être omniprésente. Je dois dire que ce livre m'a prise à contrepied, et contre toute attente, il ne m'a pas déplu pour autant. Sa force est indéniablement son intrigue…en trompe l'oeil ! Une construction assez proche du thriller psychologique finalement.

Le début ? Sonoko confie à un homme, présence silencieuse et bienveillante, l'imbroglio amoureux qu'elle a vécu. Un soliloque vibrant dans lequel elle raconte son amour éperdu pour la belle Mitsuko, un amour absolu, proche de la vénération, irrépressible, indispensable, un amour comme une évidence. Mais Sonoko est mariée. Pas question pour autant que « Mister husband » comme le surnomme Mitsuko, s'oppose à cette relation.

« Je me moquais moi-même de ma pusillanimité… Et puis, aimer un homme en cachette de mon mari aurait été mal, mais quelle importance qu'une femme s'éprenne d'une autre femme ? Un mari n'a pas le droit de critiquer l'intimité qui se développe entre deux femmes. » p43.

L'entrée en scène d'un quatrième personnage va modifier l'équilibre déjà précaire de ce triangle amoureux.

Dès la page 2 nous savons que cela va mal finir puisqu'on apprend que Mitsuko, le grand amour de Sonoko, est morte. Mais l'auteur nous tient en haleine jusqu'à la fin sur les raisons et les circonstances de cette mort.

Ce livre très contrasté juxtapose la beauté à la laideur. L'auteur explore à sa manière les compromissions de l'âme humaine, joue sur le fil de l'ambigüité, sur ce que l'homme et l'amour ont de beau et de laid. Cela se reflète aussi dans les personnages. Ils ont un coté théâtral, volubile, démesuré... merveilleux, à la limite de la caricature, et masquent pourtant un jeu tortueux qui se révèle par à-coups. Alors que j'en attendais tout autre chose, ce quatuor amoureux aura pourtant été une belle surprise. Aah ! Amours et manipulations…

« La véracité des êtres se trouve dans le mensonge. »
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Bourgeoise oisive, Sonoko s'ennuie dans sa belle maison, au côté d'un mari vaguement avocat. Pour s'occuper, elle décide de se mettre à la peinture et se rend tous les jours dans une école d'arts où elle fait la connaissance de la belle Mitsuko. Très vite, elle se prend de passion pour cette jeune célibataire mystérieuse et ensorcelante. Une passion partagée vue d'un mauvais oeil par son mari soucieux de sa réputation et de son mariage. Mais Sonoko se moque de ses conseils, de ses remontrances, de ses menaces et de ses ultimatums. Sonoko aime et fait fi des convenances. Pourtant, Mitsuko est peut-être moins amoureuse qu'elle n'en a l'air. Très vite, elle apparaît comme menteuse et manipulatrice. N'a-t-elle pas caché qu'elle était fiancée ? L'homme a qui elle est liée, un certain Watanuki a, lui aussi, bien des secrets et bien des tours dans son sac. Quand Sonoko veut se détacher de sa maîtresse, il est déjà trop tard, la passion dévorante a pris le dessus. Incapable de couper les ponts, elle entraîne son mari dans une histoire à trois, menée de main de maître par une Mitsuko plus dissimulatrice et manipulatrice que jamais.

Amour et passion pour un roman où la perversion se dispute à la folie. Ecrit dans les années 20, Svastika étonne par sa modernité de ton et de sujet. Ecrire l'amour entre femmes devait être scandaleux à l'époque. Raconter les complaisances d'un mari, les manipulations d'une jeune fille et les machinations d'un maître-chanteur devaient l'être tout autant. Un siècle plus tard, on n'est plus choqués par les liens qui unissent Sonoko et Mitsuko, mais il n'en reste pas moins un sentiment de malaise à la lecture de ce récit. Ces quatre êtres entraînés dans la folie, le masochisme, la perversité, bref dans une relation toxique et périlleuse, donnent à réfléchir sur la passion quand elle est portée à son paroxysme.
Long monologue de Sonoko qui raconte les faits sans faux-semblants à un ami écrivain, Svastika frappe par sa crudité mais aussi sa poésie. Ces confidences, cette vérité toute nue, parle d'une relation destructrice mais laisse aussi affleurer la tendresse que Sonoko ressent toujours pour une femme qui lui a fait vivre l'enfer mais, et elle ne l'oublie pas, lui a fait connaître l'intensité de la passion.
Une curiosité à lire pour se laisser entraîner dans ce tourbillon amoureux avec ces quatre personnages, tantôt pitoyables, tantôt haïssables.
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L'Amour vu par la lunette à lentille tordue de Junichirô Tanizaki...
Sonoko est une femme calme, douce et sans histoires qui mène une vie calme, douce et sans histoires. Et c'est bien là le noeud du problème. Sonoko s'ennuie. Entre un mari mollement avocat et une belle maison dans laquelle elle ne trouve rien d'intéressant à faire, la monotonie devient chaque jour plus pesante. Alors à la réflexion et histoire d'enrichir un peu son quotidien, pourquoi ne pas s'inscrire dans une école d'arts et y suivre les cours de peinture ? Aussitôt dit... Allez hop, armée de gouaches et de pinceaux, voilà que Sonoko se trouve une occupation journalière, elle-même vite transcendée par la passion qu'elle commence bientôt à vouer à l'énigmatique Mitsuko, autre élève de ladite école.
Et bim, c'est pile à ce moment que de vie sans reliefs, Sonoko entre dans le baladinage. Les deux femmes vont rapidement (trop rapidement en fait, ce qui pour moi décrédibilise déjà un peu le début de cette histoire) connaître une passion dévorante, car Sonoko vivant comme dans un rêve ne voit pas encore la manipulation dont elle est victime. Enfin, censément victime car de manipulation je n'en ai pas vu moult. Soit, Mitsuko cache son jeu et ne parle surtout jamais de Watanuki, son amant virilement déficient avec lequel elle se repait de ses amours saphiques. Ah, Watanuki ! Individu haut en couleur, monomaniaque et un poil fissuré du casque, peut-être le personnage le plus abouti de ce roman, en tout cas le plus fascinant sans aucun doute. Bref, entre affaires cachées, mensonges et domination, Sonoko finit par descendre de son petit nuage et, entraînant son mari à sa suite, entre à son tour et sans remords dans l'enivrant tango des intrigants.

Si Svastika reste dans l'ensemble une oeuvre intéressante et se lit avec une petite délectation perverse, on n'atteint jamais vraiment le niveau d'immoralité promis au départ.
Seul bémol car à côté de ça, en mêlant tradition ancestrale au pays du Soleil Levant et fastueuse modernité occidentale, l'alliance fonctionne parfaitement pour un roman écrit dans les années 20 qui aurait sans aucun mal trouvé sa place lors de la dernière rentrée littéraire. Sûr qu'on aurait pas distingué l'anachronisme.


En résumé, j'en attendais sûrement trop mais il faut bien avouer que Tanizuki avait les capacités d'aller tellement plus loin dans la folie et la perversion auxquelles chaque personnage se prête impeccablement. Pourtant encore une fois, peut-on juger sur ces bases un roman quasi centenaire ? Peut-être pas et pour l'époque, j'imagine avec délectation le petit séisme littéraire qu'il a dû provoquer.
Et pour finir, cette universelle leçon qui n'a pas pris une ride, qu'on se le dise : Il n'y a pas d'amour heureux !
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Une curieuse histoire d'amour. Un amour particulier, un amour absolu, impitoyable. Un roman sur l'homosexualité féminine qui a certainement pu déranger à sa sortie, fin des années 1920.
Tanizaki nous raconte la liaison dangereuse entre Mitsuko, amoureuse mais manipulatrice et Sonoko, un peu naïve et malheureuse dans son couple.
Autour des ces deux femmes gravitent le mari de Sonoki et le prétendant de Mitsuko, un homme qui cache un secret.
Des relations amoureuses mais aussi des rapports de force.
Svastika, une croix à quatre branches, symbole bouddhiste, repris lors du 3ème reich : quatre héros qui participent à une machination.
Encore un beau livre de cet auteur que j'affectionne particulièrement
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Ne vous fiez pas au titre de ce roman japonais de la plus pure tradition.
Que dire de cette sorte de spirale fatale dans laquelle s'enfoncent progressivement les protagonistes, que dire de ces relations entre hommes et femmes, qui nous paraissent si différentes, à nous occidentaux?
L'auteur ne s'embarrasse pas de fioritures. Dans un style presque dépouillé, assez factuel en apparence, il place d'emblée trois personnages qui entremêlent leurs destins avant d'y adjoindre rapidement le quatrième protagoniste principal qui déclenchera la spirale infernale.
Comme dans les bons films, il ne faut pas négliger les seconds rôles. Ce roman psychologiquement complexe expose les motivations des protagonistes qui se déclinent davantage sous la forme de pulsions à assouvir, de conventions sociales à craindre et respecter, que de jeux subtils destinés à concilier l'inconciliable. Il y a de la pureté 'que l'on croit parfois naïve) et de la sincérité, ou de l'hypocrisie? à côté du caractère diabolique, pervers et manichéen que certains trouvent à ce livre.
Il y a du Kawabata dans ce livre qui dépeint si bien la difficulté d'aimer et d'être aimé, il y a du Kundera pour la complexité et la perversité des relations interpersonnelles, il y a du Mishima pour la danse entre art et mort. Enfin, pardon de l'écart, il y a du Hitchcock dans cette façon d'annoncer la fin dramatique puis d'y entraîner le lecteur inexorablement.
Un livre que tout amateur de la littérature japonaise devrait avoir lu.
Le plus: ce livre du début du XXème siècle, place les équipements modernes (train, auto, etc..) presque comme un second rôle. C'est amusant aujourd'hui, mais (encore en référence à Kawabata et la place des voyages en train dans ses livres) il semble que l'arrivée du train fût aussi l'arrivée de nouveaux rapports humains débarrassés de la tradition au Japon. Les nombreuses évocations des passages ou hésitations entre costumes traditionnels et occidentaux procèdent probablement de cette même logique.
Enfin, une pensée pour les lesbiennes, amours si subtilement évoqués, dans cet ouvrage.
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Citations et extraits (17) Voir plus Ajouter une citation
Elle était émouvante dans sa beauté. Elle m’a fait de la peine, mais en découvrant sa peau blanche et sa chair pulpeuse à travers la déchirure du drap, j’ai été prise du désir de le lacérer plus cruellement encore et j’ai bondi vers elle pour l’arracher avec brutalité. J’étais saisie d’un tel élan frénétique que Mitsuko, intimidée, ne s’opposait pas à mes gestes. Nous nous contentions d’échanger des regards si intenses qu’ils paraissaient empreints de haine et nous ne nous quittions plus des yeux un seul instant. Finalement, un sourire s’est dessiné sur mes lèvres, un sourire victorieux, car j’avais obtenu gain de cause, mais aussi un sourire glacé et malveillant : j’ai lentement ôté ce qui enveloppait ses membres ; quand m’est enfin apparu son corps sculptural de vierge, mon sentiment de triomphe a cédé la place à l’émerveillement qui m’a fait pousser un cri :
— Ah ! je te hais ! Tu as un corps si beau. Je voudrais te tuer.
Tout en disant cela, d’une main je serrais son poignet qui tremblait et de l’autre j’approchais son visage de mes lèvres. Et je l’ai embrassée. Mitsuko s’est mise à hurler à son tour d’une voix surexcitée :
— Tue-moi, tue-moi ! Je veux être tuée par toi !
Et son souffle tiède effleurait mon visage. Des ruisseaux de larmes roulaient sur ses joues. Nous nous tenions enlacées, les bras de l’une autour de la taille de l’autre et nous buvions nos larmes.
Chapitre 6, p32
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Elle me dépassait de quelques centimètres, et de plus, les femmes qui sont belles, même si elles n'ont pas l'intention de se vanter de leur apparence, se révèlent tout de même par leur comportement sûres d'elles, à moins que ce ne soit qu'une impression chez quelqu'un qui, comme moi, est intimidé.
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Jusque-là, je m’agitais et je saisissais toutes les occasions de sortir pour un concert ou autre, mais depuis que vous m’aviez reçue, Monsieur, j’avais changé du tout au tout, et je passais mes journées chez moi à peindre ou à faire des exercices de piano, ce que mon mari commentait ainsi :
— Depuis quelque temps, tu es devenue plus féminine.
Chapitre 1, p7
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Elle se prenait pour la beauté du siècle, elle était orgueilleuse et elle était triste s'il n'y avait pas quelqu'un prêt à l'adorer. Elle pensait que c'était pour elle déchoir que de faire le premier pas.
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Et puis, aimer un homme en cachette de mon mari aurait été mal, mais quelle importance qu'une femme s'éprenne d'une autre femme ? Un mari n'a pas le droit de critiquer l'intimité qui se développe entre deux femmes. C'est avec ce type d'arguments que je me berçais d'illusions.
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Vidéo de Junichirô Tanizaki
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