AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Osmanthe


Ce court roman date de 1915, c'est une oeuvre de jeunesse de Tanizaki, qui ne préfigure pas nécessairement le style et les thèmes qu'il abordera ensuite. Ici, cela fleure bon le divertissement avec geishas, samouraïs, meurtres, rebondissements et saké à volonté. On aurait pu avoir la même chose façon atmosphère espagnole, dans une nouvelle de Mérimée par exemple, aventures galantes, tavernes, capes et épées, belle señorita, vengeances, etc.

Le jeune Shinsuke, employé chez un couple de commerçants, est tombé amoureux de leur fille O-Tsuya, et c'est réciproque. Ils s'enfuient, et se font héberger un temps par Seiji, un ami commerçant des parents, qui leur promet de faire l'entremetteur pour leur arracher leur assentiment sur cette union. Mais il a des vues sur O-Tsuya et va les trahir, tentant même de faire assassiner Shinsuke. Celui-ci pour se défendre va commencer à tuer. Il pense à se rendre aux autorités, mais les évènements vont plutôt le pousser à une fuite en avant, d'autant qu'il est bien décidé à tout faire pour retrouver O-Tsuya…Il va finir par la retrouver sous le nom de Somekichi, qui fait une bien jolie geisha, sous l'aile d'un protecteur dont, avec son fort caractère et son succès ravageur auprès des hommes, elle est largement émancipée.

Les deux amants vont vivre une relation orageuse, marquée par la passion amoureuse, mais aussi des rapports de force, O-Tsuya étant décidément frivole et d'un caractère nettement plus affirmé que Shinsuke. Une part en lui se désillusionne face à son insaisissable partenaire, qui n'a guère de scrupules à le pousser au crime en supprimant ceux qui les gênent, l'incitant à abandonner honneur et moralité, ce que le saké aide à accomplir. Si O-Tsuya nie consommer ses relations avec les clients, notamment un certain Seigneur Serizawa, un hatamoto (grand guerrier samouraï), se contentant de leur extorquer de l'argent avant, Shinsuke est sceptique, et la jalousie va le conduire à vérifier…

Dans ce roman, Tanizaki se fait la main, il est en phase d'apprentissage, et choisit un sujet assez classique, de la belle femme qui se joue des hommes. Il est de bon ton qu'à l'époque, au Japon, la femme est soumise. Or ici, elle est parfaitement rebelle. O-Tsuya est une fausse innocente, moins entichée que Shinsuke, elle voit d'abord son profit, et recherche un homme fort, ce que Shinsuke n'est que par intermittence, car au fond il est respectueux de la légalité, il a du mal à transgresser et assumer. L'amour qu'elle lui porte est voué à s'émousser, elle joue et se joue de lui, car elle entend encore jouir de la vie quand il pense à l'abandonner pour se rendre ou lui propose un suicide à deux. Elle est cruelle, impitoyable avec lui, lui qui ne voit qu'elle…Alors qu'elle est attirée par le pouvoir, les hommes de pouvoir et le pouvoir qu'elle a sur les hommes.

Le meurtre d'O-Tsuya est une histoire plaisante car rythmée, pleine de rebondissements. C'est un drame assez classique, sans grande originalité certes, mais un petit voyage dans le monde évanoui des maisons de geisha et des samouraï, et une plaisante leçon peut-être, à ne pas tout abandonner pour celui ou celle qu'on aime !?
Commenter  J’apprécie          271



Ont apprécié cette critique (27)voir plus




{* *}