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Critique de sabine59


Je connaissais plutôt Jean Tardieu comme auteur de théâtre et j'apprécie ses jeux de langage, " un mot pour un autre" notamment.

Je découvre avec curiosité et étonnement une autre facette de cet auteur si atypique et original. Même si l'on retrouve l'aspect ludique autour des mots,surtout dans la partie "Monsieur monsieur", sa poésie est plus angoissée, le poète s'interroge, sur lui-même, sur le monde:

" Je suis sans voix je n'ai plus de langage,
plus de bateau pour un si long voyage!
L'oeil fixe, je me tais, en attendant
d'apprendre enfin la langue du néant. "

Il en vient à douter de sa propre identité :

" Il n'y a personne!

Cette absence a les yeux des arbres
une figure creuse et haute
où s'engouffre toute la vie
étrangère à ce que je fus."

J'ai été plus sensible à cet aspect tourmenté et même sombre d'un homme en recherche d'un sens, en quête aussi d'une mémoire effilochée.

Par contre, le côté dérision et mots répétés en écho, ou les familiarités voulues ne m'ont pas attirée plus que cela, comme le poème souvent cité " La môme néant" .Quoi qu'a dit? - A dit rin. "

Dans le paysage poétique, en tout cas, comme au théâtre, Jean Tardieu est un auteur à part, et j'aime cette singularité, cette manière bien à lui de renouveler le langage.

L'épitaphe qu'il nous livre est émouvante :

" Pour briser le lien dun jour et des saisons
pour savoir quelle était cette voix inconnue
sur le pont du soleil à l'écart de ma vie
je me suis arrêté."

Fleuve "caché ou perdu", présence et absence du moi, questions indéfinies, tout un réseau ambivalent, comme en chacun de nous...

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