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Critique de Bequelune


Je préviens, cette critique risque d'être un peu confuse car il faut que je remette un peu d'ordre dans mes souvenirs, ayant lu ce bouquin il y a plusieurs mois déjà. C'est un livre qui a une première qualité essentielle : traiter d'un sujet dont on parle généralement très peu, ou très mal.

Ce (quasi) silence autour des questions de sexualité en préhistoire (mais plus largement en histoire) ne tient pas seulement à la difficulté méthodologique qu'une telle démarche suppose (même si celle-ci est bien réelle) ; le silence vient aussi d'une sorte de pudeur, ou de malaise, des chercheurs à aborder franchement la question du sexe. Ainsi quand ces derniers (qu'ils soient historiens, anthropologues ou même biologistes) parlent de sexe c'est souvent sous l'angle de la reproduction, ou pour le dire d'une autre façon, avec un supposé fonctionnaliste sur la sexualité : on essaye de parler de sexe en montrant à quoi il sert (socialement ou pour l'évolution darwinienne par exemple) et mais on ne parle pas du sexe pour lui-même, c'est-à-dire de la sexualité comme d'une activité sociale à part entière avec ses codes, ses évolutions, ses pratiques, etc. Donc tout d'abord merci à l'auteur de s'interroger franchement sur ces questions.

L'auteur commence tout d'abord par rappeler plusieurs notions qu'il mobilisera tout le long du livre, ces notions l'aidant à s'éloigner d'une approche qui réduit le sexe et les sexualités à la reproduction. Ainsi il essaie de définir de façon un peu plus complexe ce que l'on peut entre par sexe(s), par sexualité(s) mais aussi par genre(s). Tout cela, il le fait dans une optique franchement interdisciplinaire, mobilisant aussi bien des notions de sociologie, d'histoire que de biologie ou d'anatomie.

L'auteur défend plusieurs thèses, que je vais essayer d'énumérer ici :
1) notre nudité (au sens d'absence de poils, contrairement aux autres primates) est la conséquence d'une "sélection sexuelle" (concept de Darwin qui a été un peu oublié au profit de la "sélection naturelle", alors que lui faisait marcher les deux en même temps)
2) Très tôt les humains ont dissocié le sexe-reproduction et le sexe-plaisir. Et donc, on eu recours à des techniques de contraception. Via une bonne connaissance des effets médicaux de certaines plantes notamment.
3) Les Vénus que l'on a retrouvé partout (vous savez, ces statuettes de femmes aux fesses très rondes) ne sont pas la marque d'une vénération d'une Déesse-Mère ou de la Fécondité, mais plutôt la marque d'une domination masculine. L'auteur voit dans ces statuettes une sorte de proto-pornographie, avec une vision des femmes comme hypersexualisées (grosses fesses, clito bien visibles, gros seins) et passives (ces Vénus ne font jamais rien, et surtout pas donner le sein… ce qui remet en cause l'idée de déesse de la Fertilité).
4) Les godemichés sont vieux comme le monde. L'auteur, de nombreux clichés et dessins à l'appui, nous montre qu'on a retrouvé beaucoup de choses qui ressemblent à nos godemichés actuels. Mais que, pour des raisons de pudeur, on les conserve dans les arrières salles des musées et on les nomme "objets rituels", comme si on refusait l'évidence que ces objets aient pu servir à la masturbation.
5) Une sorte d'obsession du pénis apparait au néolithique, c'est-à-dire au moment où les humains se sédentarisent et commencent l'agriculture. Et il semble bien qu'aux images de pénis soient associées l'idée de puissance. Faut-il en conclure que le néolithique signe le vrai début de l'oppression des femmes ? Vaste question à laquelle l'auteur se garde bien de donner des réponses définitives.
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