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Critique de Notos


VIOLENCE ET SOCIÉTÉ

Première oeuvre du jeune Tchekhov, Platonov est un récit au rythme très progressif,à la fois d'une lenteur presque exaspérante dans ses deux premiers actes, et d'une violence intense dans les deux derniers.

On a tendance à penser que les premières oeuvres contiennent l'embryon des thèmes d'un auteur, qui n'ont pas encore germé : ici, c'est le contraire, les sujets explosent, la suite de l'oeuvre viendra plutôt les nuancer que les renforcer.

Sous couvert de la peindre une réunion entre connaissances de la bonne société de province, Tchekhov nous livre des tableaux en apparence décousus de chaque représentant d'une société russe aux pieds fragiles, complètement déstabilisée. C'est l'occasion de représenter la diversité des problèmes sociaux, mais de les réunir aussi, par un rythme lent et une intrigue presque immobile, dans un même spectre : la vacuité.
Un personnage se distingue et précipite la fin de ce monde croulant : Platonov, aristocrate trentenaire déchu, dont le regard acerbe lui vaudra admiration et crainte, et qui poussera à leur ruine les différents acteurs de cette triste pièce, lui y compris. Incapable de supporter son propre regard, enfermé dans les contradictions de son être, il catalyse l'aporie d'une société qui ne sait pas faire face au changement.
Rien ne survivra à cette débâcle sociale : la tragédie de Platonov, bien que sans mort, est l'une des plus violentes qui soit, car elle jette bas un monde d'illusions qui s'étend bien au-delà des frontières d'une Russie du XIXème siècle.
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