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Critique de le_Bison


"Journal d'une nuit espérée, rendue triste par la situation en général. Il est douloureux d'imaginer que cela aurait pu être autrement. Roulis d'un soir sans crépitement, je devinais sous la profonde écriture un sens caché aux choses du monde qui attendent une heure. Qui attendent leur heure. Que quelqu'un nous donne l'heure. Avez-vous l'heure ?"

Je regarde ma montre. Peu m'importe l'heure, le temps qu'il fait dehors. Je regarde l'eau couler sur la fenêtre du salon. Un type devant un clavier, une tasse de thé, parfum pu-ehr. Une platine qui défile les titres, disque de Feu Chatterton ! Donc, ma montre me dit que j'ai cinq minutes pour finir mon pu-ehr, j'aime bien ce nom, et cinq autres avant de décapsuler une bière. le temps est compté, mais le temps ne compte pas pour la poésie. Poésie dite minute, écrite sur l'instant, sans réfléchir. Comme un brouillon de la pensée.

Alors, tu veux mon avis ? C'est bien pour ça qu'on est là. Mais mon avis n'a que peu d'importance dans ce monde-là. Après tout c'est comme des nouvelles, on en pioche une, on aime bien, on en pioche une seconde, on aime moins, mais on continue, on trouve une belle phrase, on la note, on essaie de s'en souvenir, on la garde pour soi. Et on l'écrit ici, par exemple. "Dans le noir la pudeur n'a plus d'ennemi." Puis on referme le livre et on le ré-ouvre. D'une facilité déconcertante, comme pour décapsuler une bière ou caresser les jambes d'une femme.

Mais si le véritable intérêt d'un tel bouquin était de donner envie de prendre un stylo, ou de se mettre devant son clavier, et de jeter sur le papier, ou sur l'écran, quelques phrases comme ça, comme on jetterait quelques brindilles dans la cheminée pour animer la flamme de la beauté, du souvenir ou de la poésie. Un instantanée de l'inspiration, pas besoin d'être écrivain ou musicien, les notes défilent dans la tête, faut juste les coucher sur un morceau de papier toilette, un carnet moleskine ou un prospectus qui promet de te démarabouter. Sans se prendre pour Arthur... Rimbaud ou Teboul... et prendre du plaisir à écrire son spleen.

Merci A.

Sans idée de départ, je balance au vent un mot et c'est parti. Bière, un mot qui coule de source, pour ce type-là, moi. de son esprit, il cherche la rime, une pierre qui ricoche dans sa tête avant de faire des ronds sur le lac éclairé par une lune d'un bleu indécent. Elle file au-delà de l'horizon, pierre devient boule et roule, roule, comme sur un déhanché de Mick Jagger, avant de sombrer dans l'écume de mon verre. le barman vient de jeter un shot de whisky dans la pinte de bière qui attend seule sur le comptoir collant, des souillures de cacahuètes à son pied. Une voisine, parfumé de l'absence et de jasmin, s'assoit à coté et sourit face à la solitude de ce verre. Scène d'une tristesse terrible, ne trouves-tu pas.
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