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Critique de nescio667


Hugo semble avoir tout pour être heureux en cette époque où simplement être payé pour un travail semble faire de vous un privilégié. En plus d'un boulot -qui le paye chichement certes- il est en couple avec Alice, une jolie femme qui lui a donné une charmante petite fille. On le voit : Hugo et Alice frisent la petite quarantaine. Les premières défections dans leur entourage leur ont fait comprendre que non, décidément, eux non plus ne sont pas éternels. Pour Alice, ce fut la mort de son père, cinq ans plus tôt. Pour Hugo, ce fut Fred, son meilleur ami, il y a à peine quelques mois. le temps d'effacer son numéro de sa carte sim est arrivé : « je m'en fous, je le connais par coeur », pense-t-il une fois la touche 'effacer' appuyée. Leur existence semble se poursuivre tranquillement, comme dans un film de Sautet, dans lequel on croit vivre sa propre existence de loin, tant la banalité des événements racontés nous fait sentir proche des personnages. La première fissure apparaît lorsque la mère d'Hugo demande à lui parler en aparté. Ce qu'elle lui demande, Hugo devrait en parler à Alice, mais il n'a de cesse de postposer le moment. D'autres bizarreries interviendront avec ses deux amis restants, lors de l'ouverture du testament de Fred. Même s'il semble très calme et sûr de lui, si d'apparence, son existence conserve toute sa banalité, on sent Hugo proche du point de rupture.
Quelle belle surprise que cet album paru chez Bamboo! Sur base d'une intrigue basique mais richement développée et d'un dessin superbe et superbement colorisé, qui emprunte tantôt à la ligne claire (les décors) qu'au manga (les visages des personnages), les deux auteurs semblent vouloir nous livrer la quintessence d'une époque et d'une génération. Adeptes des jeux vidéos et des soirées entre potes, Hugo et ses amis ont encore tout des grands ados qu'ils furent. Poussés par le cours des choses, ils doivent bien constater que leur âge les éloigne de la période la plus belle de leur existence, et que cette dernière échappe à leur contrôle : « On savait tous qu'un jour il faudrait devenir des adultes. Personne ne nous avait dit que ça viendrait si vite » proclame le quatrième de couverture. C'est bien de cela qu'il s'agit : d'un passage de frontière, plus subi par les personnages que vécu en toute maîtrise de leur parcours. Parcours dont ils ne sont d'ailleurs pas toujours très fiers. L'histoire trouvera sa conclusion dans un tome 2 que nous attendons, non pas impatiemment, mais au contraire, en profitant le plus consciemment possible de chaque instant de nos existences.
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