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Critique de GuillaumeDONNAT


J'ai découvert la nouvelle de Poe en même temps que sa réécriture. Étant un fan de la collection "sorcières" et de SF féministe et queer, je ne pouvais pas manquer ça. Et la nouvelle respecte totalement son ambition de réécriture éco-féministe. Tout y est, science, désastre écologique, fascisme patriarcal, spiritualité, sexualité, genre, héritage, tradition, soin, magie, peut être même que c'est trop flagrant en si peu de pages (la seul chose à manquer c'est les animaux). En tout cas c'est réussi et l'exégèse des deux oeuvres (et d'à peu prêt tout ce qui a été écrit autour du maelstrom) à la fin du livre apporte un regard nouveau sur le travail accompli et sur les références qui sont déjà assumés dans l'espace même de la nouvelle. C'est le genre de transparence dans l'expérience littéraire qui donne vraiment l'envie (et les outils) de se mettre soit même à écrire.

Le récit renverse la perception du maelstrom de Poe:
Un groupe d'hommes, de pêcheurs du XIXéme siècle, se risquant trop prés d'un phénomène naturel dangereux pour faire du profit, finit par se faire happer par celui ci, dont un seul réchappe en surmontant sa peur et en usant de sa raison pour trouver un échappatoire.

La réécriture de Sandrine Teixido (fruit également d'un travail collectif, d'une expédition et très documenté) en fait:
Un rituel autour duquel se croisent trois générations de femmes; une vieille sage chamane transmet son savoir (savoir qu'après une vie d'enseignante sur le continent, elle a rassemblé et réinventé à sa manière, une tradition spirituelle du lieu de ses ancêtres qu'il aura fallu raccommoder et combler) et fait de la traversée volontaire du maelstrom un rite initiatique. Elle initie ainsi sa petite fille revenue récemment sur l'ile. Sa fille elle, a embrassé les espoirs de salut portés par un gouvernement de crise, c'est l'agent d'un état qui compte bien ramener les brebis égarées et maitriser toute les ressources vivrières restante après l'ère de catastrophe écologique traversée. le moment du rituel est le paroxysme de la nouvelle, les trois femmes en sortiront transformées. le maelstrom n'est pas ici vu comme un monstre aveugle, sourd et destructeur mais comme un être qu'il est possible de chevaucher, avec lequel on peut créer un dialogue, un échange, dans lequel l'acte de foi transcende l'existence terrestre.

Bref c'était bien, même si trop court et exploitant trop de choses en trop peu de pages, on pourrait déplier ce récit lui aussi dans plein de directions.
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