Säo Vicente, les nationalistes s'en prennent à l'arrogance de la politique coloniale portugaise : la formation d'une élite cultivée, créatrice d'une littérature, d'une musique (la morna) et d'une poésie régionale, symboles de l'idéologie lusophone et uniformisante de l'Empire. Les statues du poète José Lopes et du député Adriano Duarte Silva (protecteur de B. Leza) sont retirées le 25 avril |974. Les rues sont rebaptisées du nom, des cadres de la lutte révolutionnaire, ainsi en est-il de la rue de João Carlos Capitão-Mor qui devient Eduardo Mondlane, fondateur du parti Frelimo (Front de Libération du Mozambique), grand nationaliste africain et ami d'Amilcar Cabral, ou encore de la rue Cristodio Duarte, médecin d'origine portugaise, remplacé par Frantz Fanon. ll est loin le temps ou l'on comparait la morna au batuque pour mieux montrer la distance qui séparait l'le de Sao Vicente, lieu de culture et de civilisation, de I'le de Santiago où survivaient des formes musicales africaines. I I était temps pour Cesaria d'arrêter car on n'entendait plus que du funana à la radio.
Ce n'était plus la morna et les noites cabo-verdianas que le public réclamait. Cesaria arrête alors de chanter durant dix longues années..