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Critique de Cath36


Il y a des livres qu'on n'arrive pas à finir. Et il y a des livres que l'on n'aurait pas envie de finir mais qu'on ne parvient pas à quitter, et donc malheureusement que l'on finit, si vous voyez ce que je veux dire.... Je n'étais pourtant que moyennement attirée par ce nouveau livre de Tarun Tejpal. Un roman sur la secte Aum? Bof bof. Et puis j'ai suivi le conseil de ma petite voix intérieure qui m'a invitée à le lire. Et boum ! la révélation, l'enthousiasme ont surgi au fil des pages.
D'abord Tejpal est un très grand écrivain qui sait mener un récit, et à plus forts raison une fable. On est ici loin du style un peu journalistique de son premier roman "Loin de Chandigarh" ; "La vallée des masques" est un très grand texte, profond, magnifiquement écrit, et on est saisi, envoûté jusqu'au bout par le récit de cet ancien adepte qui attend sa mort des mains de ses anciens condisciples.
Tejpal sait admirablement nous faire passer progressivement de la fascination à l'effroi.
D'autre part, loin d'être une simple analyse du fonctionnement des sectes et de la dépersonnalisation de ceux qui en sont victimes, ce roman pose la question de notre responsabilité personnelle quant à notre propre vie, notre volonté (et donc liberté) de s'en remettre ou non à d'autres -guides imbus de leur vérité et de leur pouvoir sur les autres-
Ce roman dénonce également ces leurres que sont la volonté de maîtriser parfaitement la vie et la quête d'une pureté absolue, pureté aussi dure et tranchante que celle du diamant, et qui, au nom de sa lumière finit par faire beaucoup de morts en toute normalisation de la cruauté.
Ce qui est ici propre à la secte, est valable pour toute société, tout pouvoir politique ou religieux tyrannique et arbitraire. Rien ne peut remplacer la liberté de penser par nous-mêmes et c'est ce désir, avec le goût de la vie aussi imparfaite soit-elle qui va conduire le héros à sa mort -ou pas, car Tejpal finit son livre sur une fin ouverte en dépit de chances très minimes pour son héros de suvivre.
Ce livre, à l'écriture très musicale, est aussi un bel hommage à la musique, symbole de vie, de joie, de liberté et de bonheur, qui s'oppose à la rigueur des théories abstraites et froides. Bel hommage au doute qui doit "toujours alterner avec la foi comme la nuit et le jour", ce livre, en ces temps de fanatisme religieux et de dogmatismes intransigeants, est à mon avis un des meilleurs romans de l'année 2012.
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