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Critique de Grilhou


D'abord une remarque,si le livre a été semble t-il très bien traduit, le titre français est bien moins élégant que le titre original en anglais(The alchemy of desire). Sans doute le mot "désir" a fait peur à l'éditeur, peur que le livre soit rangé dans la littérature érotique (comme du reste c'est arrivé au très beau roman indien "La jeune fille qui marchait sur l'eau").
Ce roman est hymalayien, non pas seulement par son volume (plus de 600 pages) ou le lieu où l'action se passe, mais surtout par la force vitale qu'il dégage.
Le sujet est en apparence simple, une belle histoire d'amour entre un jeune journaliste (le narrateur) et une belle,très belle femme, Fizz, qui le pousse très vite à devenir romancier.
Seulement voilà, les hasards de la vie, font que tout peut basculer et quittant la vie de misère de la ville, le couple est amené à se retrouver dans une somptueuse maison de montagne (Himalaya) où les souvenirs d'amours passés de l''ancienne propriétaire, viennent par leur mystère perturber la vie bien réelle des deux jeunes protagonistes.
Tejpal a ce don rare de très bien décrire les êtres, la nature, la pluie, la montagne, mais aussi la ville, les ambiances, les petites choses qui parfois simples objets, donnent un sens à une journée ou à une vie.
J'ai vu beaucoup de symboles dans ce livre, la montagne, la maison, les maisons devrai-je dire, la construction et la destruction, autant de métaphores voulues ou inconscientes de la vie humaine.
Il y a à l'évidence énormément d'amour dans ce livre, beaucoup, même si le désamour lui fait le contrepoint en fin d'ouvrage.
Tejpal a bien su monter ce cheminement typiquement masculin, qui conduit tant d'hommes à s'engouffrer dans l'univers de leurs fantasmes au risque de perdre leur propre identité pour ce qui ne sont souvent que des chimères. On retrouve ici des accents du "Soie" de Barrico, où l'homme perd celle qu'il aime tant, pour l'autre totalement fantasmée et inaccessible, avant de lui revenir régénéré.
Le même combat intérieur est décrit ici, avec toute la véhémence d'un propos romanesque qui montre très bien que se guérir de cette façon de ses illusions n'est pas un chemin facile.
Tout le monde dit de ce livre qu'il est particulièrement érotique. Oui et non, le sexe c'est vrai est omniprésent, presque jusqu'à la nausée. C'est un sexe, pur et sans ambages, pas du tout stylisé ou "arrangé" pour l'érotiser au sens de cette littérature dite "érotique" dont c'est le seul objet : faire frémir à moindre coût le lecteur (la lectrice). Ici rien de cela. J'ai pour ma part compris la présence, l'omniprésence du sexe dans ce roman, comme un leitmotiv, d'abord très irritant, puis débarrassé de sa connotation érotique se présentant comme expression de l'amour qui ne sait pas, qui ne sait plus, s'exprimer autrement. Là encore un cheminement très masculin qui mène au prix de bien des combats à cette fameuse paix des sens, qui justement redonne sens à la liaison amoureuse.
Au final, un formidable message d'amour et d'espoir, un cycle achevé, un autre naît. Oui ce roman porte une philosophie de l'existence qui nous est étrangère :la matérialité des choses et des êtres n'est là que pour nous conduire à une spiritualité que nous réfutons par un cartésianisme abusif.
Ne serait ce que pour ses descriptions de la montagne, de la maison, de la pluie, ce livre mérite vraiment qu'on s'y attarde. Un très beau roman en tous cas, au montage parfait.
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