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Critique de domi_troizarsouilles


Parce que j'ai coché « romance » dans mes préférences lors de mon inscription à Boobox, cette box livresque m'en propose presque systématiquement (heureusement, pas que ça !), mais assez rarement mes préférées : des M/M. Ainsi, quand celle-ci est apparue d'emblée comme mon nouveau livre de la semaine (car, oui, je suis faible : j'ai un abonnement hebdomadaire chez Boobox), j'ai aussitôt approuvé le choix, sans trop regarder le synopsis, ni m'arrêter au fait que la couverture n'est pas trop jolie à mon goût…

Et voilà : ce n'est pas une déception, puisque je n'en attendais rien, mais on est loin, loin, loin des magnifiques homoromances d'une Marie H-J.. par exemple !
Certes, l'écriture est vraiment très fluide, mais pas pour autant agréable. On a plutôt l'impression d'être dans une logorrhée, où les menus événements du quotidien (car il n'y a guère d'intrigue très folichonne dans tout ça, on est davantage dans une « tranche de vie – rencontre » mais sans plus) s'enchaînent dans une suite chronologique sans aucun temps mort, d'une façon très (trop) linéaire. On peut voir le bon côté des choses : c'est tout doux et tout beau. Nos deux protagonistes apprennent à s'apprivoiser peu à peu. Leur contact avec les chiens est régulièrement mis en avant et c'est toujours rafraichissant car plein de respect pour le meilleur ami de l'homme. Avec ça les scènes de sexe se multiplient assez vite, mais ne sont pas ultra-détaillées, ni langoureuses ni « hot » – elles font partie de ces gestes du quotidien, tout simplement : ce sont leurs « trucs d'adulte » qui font partie de la vie comme on mange ou on sort les chiens, et puis voilà. Bref, c'est de la romance très légère malgré les quelques scènes explicites, que je ne décrirais même pas comme érotiques car elles n'ont pas eu le temps de « piquer », qu'on est déjà passés à autre chose.

Mais le pire, c'est sans aucun doute la traduction. Je me méfie toujours de ces commentaires qui incriminent d'emblée la traduction quand un livre est mal écrit : ma propre formation de traductrice (même si je n'ai finalement pas travaillé dans ce domaine) m'a bien appris une règle de base, et certainement quand il s'agit de traduction littéraire : c'est qu'il faut constamment trouver un équilibre entre un rendu acceptable dans la langue-cible, en l'occurrence le français, et le respect de « l'esprit de l'auteur ». Ainsi, si le livre est déjà mal écrit en langue originale, vous ne pouvez plus faire grand-chose ! Or, au risque de me répéter : on est déjà dans ce cas de figure, ici. Certes, je n'ai pas lu l'original (et ne le ferai pas : ça ne m'intéresse absolument pas !), mais comme indiqué plus haut : l'histoire est assez plate et sans grand intérêt littéraire, ça ne pouvait donc pas tout à coup devenir une pépite dans une autre langue…

Hélas, notre traducteur (renseigné par ses seules initiales : H.L.) a continué de massacrer la chose. Je ne peux en juger à travers la seule platitude du livre, mais certains détails attirent peu à peu l'attention et montrent que le tout est bâclé. Faut-il seulement parler des fautes d'orthographe tellement courantes que ça en devient lassant ? Je parle de l'éternelle confusion entre l'indicatif futur simple et le conditionnel présent à la première personne du singulier… j'ai plusieurs exemples en stock si vous voulez les détails !
Pour le reste, ce sont des petites phrases ici ou là qui font tiquer, et dont la répétition finit par alerter sur la qualité – ou, plutôt, l'absence de qualité – de la traduction. Je noterai par exemple la présence presque systématique de « cependant » dans les dialogues. Sérieusement, qui ponctue ses phrases de « cependant » en parlant à son petit ami ?
Il y a aussi une obsession pour le mot « nourriture ». On sait que, en anglais, le mot « food » (qui en plus est court et claquant) est assez souvent utilisé, surtout dans un livre où on mange beaucoup, soit. Pourtant, en français, il y a 1.001 autres façons de le traduire d'une façon plus naturelle ! Or, ici, le traducteur est resté braqué sur la « nourriture ». Quelques exemples ? Les deux hommes sont allés boire un verre, et tout à coup l'un demande : « Ils ont de la nourriture ici ? » (et l'autre répondra : « Oui, c'est un pub, et si vous aimez les burgers, les frites et la pizza, vous êtes au bon endroit ? ») – mais revenons à la question initiale : vous poseriez vraiment ce genre de question lors d'un premier rendez-vous ? Moi non ! j'aurais demandé à mon complice d'un soir (et plus si affinités) : « Peut-on aussi manger ici ? » - ou autres variations, mais sans ce mot de « nourriture » ! Autre exemple, autre restaurant : « Il releva les yeux et sourit quand leur bière et leur nourriture furent servies. » => … quand leur bière et leurs plats furent servis, ça c'est un langage normal ! On continue ? Dans un autre dialogue : « J'apporterai les deux [vin blanc et rouge] et nous découvrirons ensemble ce qui convient avec chaque nourriture. » Je crois que ça se passe de commentaire… Un peu plus loin : « La famille de Holly était grecque et ils ont de la très bonne nourriture. » En français, on parlerait plutôt de cuisine (grecque), non ? Bref, je dis stoooooop ! et je ne suis qu'à la moitié des exemples….

Et ce n'est pas fini ! J'ai aussi relevé, et à mes yeux c'est sans doute le pire, l'occurrence « ou quelque chose comme ça » - à nouveau, je ne sais pas comment c'est présenté en vo, mais en français ça ne passe absolument pas, ça fait littérature (très) bas de gamme, et ça survient dans trop de phrases, qui dès lors ne ressemblent plus à rien. Quelques exemples en vrac : « Il continua à pédaler et espéra qu'il n'allait pas jaillir au milieu d'un braquage de banque ou quelque chose comme ça. », « Et ce n'est pas un désastre majeur ou quelque chose comme ça ? », « Trey découvrit que Deuce ne savait pas seulement embrasser, mais qu'il était un spécialiste ou quelque chose comme ça. », « Ne t'inquiète pas, elle ne va pas venir te harceler ou quelque chose comme ça. » J'arrête ? parce que, selon ma liseuse Kindle, il y a encore une cinquantaine d'occurrences…

Passons à autre chose, les personnages par exemple : les deux hommes sont très stéréotypés dans le genre homo doux mais avec un passé plus ou moins embêtant qu'ils traînent. Nathaniel, appelé Deuce pour des raisons expliquées en début de volume, est toujours mignon, gentil, accommodant, et le maître prévenant d'une chienne dont on ne connaîtra pas la race (ou alors j'ai zappé l'info, noyée dans la logorrhée précitée), mais à qui il est très attaché et ça se sent – ce qui est un bon point ! Son seul « problème » dans la vie de personnage gentil mais lisse, est que son appartement vient de partir en fumée – d'où sa rencontre avec le beau pompier. On ne saura jamais pourquoi (comme si tout à coup ça lui était égal !), alors que le temps passe ; ça n'aura servi que de prétexte pour qu'il s'installe avec Trey. Ce dernier est (évidemment) également bel homme, musclé, bien proportionné et tout et tout, un vrai stéréotype de pompier sur pied… Mais le malheureux, qui se croyait bisexuel avant d'admettre sa préférence pour les hommes, a été marié quelques années et a une fille de 6-7 ans, dont il partage une garde partagée avec son ex-femme. J'ai trouvé la petite Lacey, qui apparaît quelquefois, bien moins présente ou « importante » que les chiens pour les deux hommes – c'est un choix et je n'en suis pas forcément choquée, mais elle paraît dès lors comme un peu trop superficielle, si bien que son petit rôle n'est pas vraiment convaincant. Quant à l'ex-femme de Trey, elle est présentée comme un dragon à la limite de l'homophobie, mais les rares fois où elle est réellement mise en scène, elle m'a surtout paru comme une certaine victime d'une situation qu'elle n'a pas choisie, qu'elle regrette bien un peu, et qu'elle ne parvient pas tout à fait à dépasser – mais c'est le cas dans tant et tant de divorces ! Mais voilà : les autrices ayant pas fait le choix d'écrire une histoire peu réaliste et assez superficielle, donnent trop facilement le rôle de la mauvaise à l'ex de Trey, qui ressort quant à lui comme la pauvre victime d'une vilaine sorcière… pourtant, dans un divorce comme dans un mariage, on est deux…

Je pourrais donc dire que ce livre me laisse un goût plutôt mitigé : l'homoromance en tant que telle était toute gentille, toute douce, façon tranche de vie sans grands éclats, où même les scènes explicites sont gentillettes (mais manquent de piquant). L'attachement des protagonistes à une chienne et ses petits est un indéniable « plus », c'est tout beau et bien un peu rafraîchissant. Mais les personnages sont trop cliché pour être vraiment convaincants, tandis que l'écriture fluide mais plate n'accroche pas tout à fait, et la traduction lamentable fait le reste pour une impression générale de mauvaise lecture.
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