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Critique de Manetheren


Un bon numéro 5 de Tempura, le magazine qui vous parle du Japon. du Japon sociétal, du Japon de la vie quotidienne, du Japon des gens mais aussi du Japon qui en met plein la vue. Et ce trimestre-ci (oui, printemps 2021, j'ai un peu de retard, les amis), Tempura nous emmène au contact des corps japonais : des corps contraints, des corps au coeur de la société, des corps hautement politisés.

On commence ce volume 5 par une drôle et effrayante chronique de Jake Adelstein, sur les différentes manières de cacher un corps. Un poil glauque mais dans la bonne veine de l'auteur.

Pour la spéciale "corps", on retrouve :
- un article sur la grossophobie, consacrées au culte du corps frêle et au traitement des personnes obèses ou grosses,
- un article sur Mishima et l'influence de l'Occident sur la vision du corps japonais. Autrefois, bien plus ouverte sur le sexe et la nudité, le pays devient pudibonde au contact des occidentaux et de l'accès du pays aux étrangers.

Là, où avant l'ère Meiji, on évoquait librement dans la littérature et dans la peinture du sexe (organe), de l'orientation sexuelle, de prostituée, l'influence des étrangers rend ces sujets tabous. Dans le contexte raciste et/ou racialiste du temps, les Japonais sont différenciés des autres peuples d'Asie et donc vont s'auto-imposer des règles de bienséance, en détruisant des estampes érotiques, en arrêtant de marcher pieds nus (Zaz n'aurait jamais pu donner de concert là-bas) ou d'aller au bain mixte. C'est un changement culturel mais ces transformations ont aussi un impact sur le place de la femme dans la société (par exemple, l'adultère devient punie pour les femmes). de manière générale, les guerres ont à chaque fois eu une influence sur le corps de la femme japonaise, qui, in fine, devient un corps social, plus qu'un corps individuel.

- un article sur le combat de Kazuko Fukuda pour faciliter l'accès à la pilule contraceptive au Japon et qui m'a beaucoup intéressé. J'ai été impressionné par le combat mené par ces militantes alors que la contraception est un acquis menacé au Japon (mais pas que). Pour la pilule normale, c'est déjà compliqué, alors on n'en parle même pas de pilule du lendemain, tellement c'est culpabilisant d'en prendre une (les Japonaises doivent par exemple avaler la pilule devant le pharmacie, oui, oui, oui...).

- et des articles sur les acquis des personnes handicapées dans le Japon Moderne, sur le porno à poil (et encore, heureusement qu'on est sur un site consacré à la littérature, sinon les jeux de mots de beauf, ça irait encore plus loin).

Hors de ce fascicule spéciale sur le corps, nous retrouvons aussi un article sur la Chapelle en ruban de Nakamura à Onomichi, un bâtiment qui donne bien envie de se marier, seul ou accompagné. J'aime bien les articles "Architecture" du Tempura, c'est toujours une bonne surprise, on découvre des techniques, des inspirations, des créations intelligentes mêlant l'histoire du lieu à une réussite technique. Il y a aussi une interview avec l'architecte Tsuyoshi Tane et son approche "archéologie du futur", approche sociologique et ethnologique de l'architecture. Bon, après, est-ce que construire un village touristique en plein milieu du Bhoutan, même en respectant la culture du pays, est une démarche durable et raisonnée ? Ça, mes petits pères et petites mères, c'est une autre question.

Jake Adelstein revient pour un aparté sur l'univers du Pachinko à la fois fun et intéressant : on y découvre le côté sombre de la chose qu'on ne connait pas, ni l'importance du secteur, quand on est en mode touristos. Scarlett Johansson et Bill Murray n'ont clairement pas eu affaire aux Yakuzas en 2003.

Tiens, j'ai bien aimé aussi l'article Shinkanzenpunk, une sorte d'obsession pour le train à la japonaise. Pour moi, le fan de train, un nori-tetsu, c'est fascinant pour sûr. On en parle du train aux couleurs de Pikachu ?

Bon, après, quelques articles étaient moins intéressants comme les séquences photos ou certaines interviews de fin de magazine. Mais la qualité globale du volume est solide.
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