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Critique de kuroineko


Dans son numéro 7, le trimestriel Tempura nous offre un dossier sur les femmes japonaises. Dossier aussi intéressant que bien étoffé, comme toujours. A travers des articles sur la situation des mères célibataires, des militantes féministes, sur la difficulté de faire bouger les mentalités dans un pays qui reste encore profondément axé sur la masculinité. Un chiffre éloquent est rappelé à plusieurs reprises : en terme d'égalité hommes-femmes, le Japon est 120ème sur 156 pays selon un classement par le Forum économique mondial. Il y a donc encore du chemin à faire, même si des progrès s'établissent petit pas par petit pas.

On retrouve également avec plaisir les contributeurs habituels du magazine comme le journaliste Jake Adelstein. Il présente notamment le témoignage d'un ancien yakuza, Koji Sakamoto qui s'est rangé des voitures lorsque son "oyabun" (parrain d'un clan) a changé de personnalité en mettant en arrière-plan le code d'honneur des yakuzas. Sakamoto perdit alors tout respect pour lui. Après un passage par la case prison, il décide alors qu' "il serait peut-être temps de passer le restant de mes jours sur cette terre à faire quelque chose de bien, de bon pour la société, de bon pour les gens." (page 115) Il entreprend une formation d'infirmier et travaille depuis dans cette profession. Au moins, vu son passé de violence (et ses propos dans l'article sont des plus explicites), la vue du sang et de graves blessures ne l'incommode pas... Un parcours atypique comme il doit y en avoir peu.

Deux femmes ont particulièrement retenu mon attention. La première, Junko Watanuki, enseignante en école d'hôtellerie, est partie en Antarctique pour cuisiner lors d'une mission scientifique. Trente personnes à nourrir, des conditions drastiques, un mari et un enfant restés à Tokyo, voilà une expérience remarquable et qui casse l'image de l'épouse nipponne effacée derrière son époux.
La seconde s'appelle Yoko Ichikawa. Elle est artiste de la laque. Alors que les supports habituels de cette matière sont le bois et le tissu, elle décide de trouver sa voie autrement et redécouvre une technique qui était en vogue à l'époque Nara, au VIIIème siècle : le "shippi" ou objet en cuir laqué. Il lui fallut environ sept années pour parvenir à trouver les bonnes techniques, les bons dosages, en enseignant à côté dans un lycée pour subvenir à ses besoins. Malgré les difficultés, la passion qui la tenait lui a permis de les surmonter. Elle est aujourd'hui reconnue pour son travail mais cherche toujours à affiner sa technique et à élaborer ses propres matériaux. Instructif et passionnant article à lire.

Si le Japon vous intéresse mais que vous en avez assez des revues plus ou moins touristiques qui rabâchent les sujets bateaux comme les cerisiers en fleur ou la japanimation, aussi intéressants soient-ils, ce gros magazine qui sort des cadres et des sentiers battus ne pourra que vous combler.
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