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Critique de Seattleite


Une bonne surprise de la part d'Arthur Ténor, dont certains Romans A Message peuvent parfois trop forcer le trait didactique. de plus, on trouve ici une meilleure adéquation entre le style et l'âge/niveau de lecture du protagoniste et du lecteur-cible (je dirais dès 12 ans pour les bon lecteurs).

Le THEME y est ici original et nécessaire selon moi, un véritable « cri du coeur » (les mots de l'auteur) contre notre société construite par un discours souvent anxiogène. Je me suis reconnue dans le personnage principal, forcé d'assister à des repas de familles placés sous le signe de la surenchère de l'angoisse et du négatif. En revanche, Arthur Ténor force ici le trait, et l'attitude des parents, exagérée jusqu'au racisme, n'apporte pas vraiment le « comic relief » qui, je pense, était initialement recherché. On aurait gagné à jouer la nuance.

Par là-même, il est intéressant de trouver en littérature jeunesse une courte introduction au BOUDDHISME , ainsi que quelques conseils pratiques pour combattre ses angoisses (notamment, l'humour). En outre, l'interview de l'auteur prenant la forme d'un « SUPPLEMENT PHILO » à la fin du roman peut donner des pistes pour amorcer une discussion avec des adolescents.

CELA DIT, quelques petits points qui m'ont vraiment hérissé le poil des avant-bras :

- LES COQUILLES ! Très nombreuses dans ce livre, il manque le premier mot en début de chapitre à deux reprises, ainsi que des verbes ici et là. Pénible, car il faut parfois jouer les devins et recréer le sens de la phrase. Je pense que cela peut réellement casser l'élan de lecture d'un petit lecteur.

- le moment auquel j'ai DECROCHE de la lecture : p. 103-104, une belle occasion manquée d'inclure les lecteurs LGBT. Je cite : « ils sont en quatrième, cette année charnière où […] les ados entrent en crise : […] une préoccupation majeure entre toutes : les filles quand on est garçon, les garçons quand on est fille ». La formulation, et particulièrement le parallélisme de construction donne au propos un ton quasi-injonctif, tout à fait gratuit et inutile. Décevant en 2019 !

- GENDÜN ! le meilleur personnage du roman, complètement éclipsé dès le départ. Il semble étrange qu'il ne soit mentionné qu'en passant alors qu'il est présent dans presque chaque scène. Au mieux, il sert de médiateur entre son grand-père et Rémi, le protagoniste. Il assiste à toutes leurs conversations, qui finissent par prendre la forme d'une psychothérapie. Pour autant, cela ne semble pas rapprocher les deux garçons. Alors oui, l'auteur martèle qu'ils sont devenus « meilleurs amis », « meilleurs copains » and all that jazz, mais on ne le ressent pas car l'on ne nous donne jamais de signe concret de leur amitié naissante. Il est d'ailleurs étonnant que Gendün ne ressente aucune jalousie envers ce camarade, qui s'incruste dans sa famille au point où il sera le seul présent au chevet de Grand-Pa lors d'un moment tragique.

Pire, on finit par avoir l'impression que Gendün en vient à gêner l'auteur, qui ne sait plus quoi faire de ce personnage, pourtant essentiel pour que la rencontre entre Rémi et Grand-Pa ait lieu. C'est l'histoire de Gendün que j'aurais aimé lire ! Celle d'un enfant d'émigré tibétain, victime de racisme et essayant de s'intégrer et d'appliquer les principes du Bouddhisme à notre monde moderne.

EN RESUME : un thème original, que je n'ai jamais rencontré ailleurs en littérature jeunesse, qui peut servir de porte d'entrée pour un débat, un goûter philo, etc.
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