AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de BazaR


BazaR
19 décembre 2019
Voilà donc la pièce qui a inspiré Les fourberies de Scapin !

Molière est donc allé chercher sa trame au fin fond de la République romaine. En 161 av. J.-C., Térence fait représenter le Phormion, s'inspirant lui-même d'une pièce grecque d'Apollodore de Caryste datant de 250 av. J.-C. environ. Pas d'erreur, hormis que la scène est à Athènes, on s'y retrouve : deux jeunes hommes qui tombent amoureux de jeunes filles de rang inférieur, un parasite et un esclave qui s'unissent pour extorquer de l'argent aux vieux barbons de père des jeunes hommes, qui souhaitent eux-mêmes empêcher les mésalliances les mariages, des plans similaires, des coups de théâtre identiques.
Là où Molière emploie un seul serviteur malin, Scapin, Térence utilise deux personnages : l'esclave de l'un de barbons – Géta – et Phormion le parasite. Un parasite est une sorte de pique assiette qui s'insère dans une famille en lui prodiguant de menus coups de main. Ici, Phormion est le stratège du plan pour faire aboutir au mariage les amours des jeunes gens. Il en tirera pas mal d'argent.

Malheureusement, comparée à la pièce de l'âge classique, le Phormion fait un peu pâle figure. Molière ajoute à la trame toute une exubérance des personnages, de la farce pure et dure qui enchantent et sont absentes ici. Térence reste sur le ton de la comédie avec de nombreuses piques sarcastiques envers les riches et de la compassion envers les esclaves (il est esclave affranchi lui-même) mais l'humour est plus feutré. Il jour beaucoup sur les personnages sur scène qui font semblant de ne pas se voir : l'un déclame et l'autre commente à voix basse.

J'ai en revanche trouvé très intéressantes les quelques informations qui paraissent en creux sur la société grecque (ou la société romaine projetée ailleurs dans le passé, ce n'est pas clair). le fait par exemple que l'on représentait souvent les esclaves avec une perruque rousse, très dépréciative. le fait que l'épouse grecque était maîtresse de l'argent du foyer. Quelques notions de droit du mariage, comme la loi qui autorise une orpheline à prendre pour époux son plus proche parent, et qui oblige ledit parent à la prendre pour épouse (c'est le premier élément de la stratégie de Phormion), ou les esclaves qui ne pouvaient témoigner en justice. Voilà la véritable partie originale du texte (disons plutôt, que l'on ne retrouve pas chez Molière).

Je suis dans l'ensemble content de l'avoir lue, plus pour la dimension historique que pour le récit.
Commenter  J’apprécie          314



Acheter ce livre sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten
Ont apprécié cette critique (31)voir plus




{* *}