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Critique de Christlbouquine


Originaire de Kragsheim, bourgade allemande où son père est horloger, Paul Effinger décide d'aller tenter sa chance à Berlin. Quelques années après la fin de la guerre de 1870, la chance sourit aux audacieux et le jeune homme entend bien en profiter. Il se lance dans l'industrie puis c'est la rencontre avec la famille Oppner. L'un de ses frères, Karl, rejoint alors l'entreprise et épouse l'une des filles d'Emmanuel Oppner. Les années vont ainsi se succéder, avec leur suite d'événements : mariages, naissances, deuils… Les personnages vont traverser les grands moments de l'histoire et le lecteur les accompagnera jusqu'à l'arrivée au pouvoir d'Hitler et les persécutions dont la famille, d'origine juive, va être victime.

Véritable roman fleuve, saga familiale mais aussi historique, politique et sociale, ce livre est une somme passionnante. Parue pour la première fois en 1951, cette oeuvre monumentale est restée quasiment inconnue jusqu'en 2019 où elle rencontre enfin son public et ses lecteurs.

Ce récit, à travers le destin des familles Effinger et Oppner, est un témoignage captivant de l'histoire de l'Allemagne. Début de l'industrialisation, guerre mondiale, années folles, montée du nazisme mais aussi évolution des moeurs, confrontation des générations, émancipation des femmes… c'est une analyse très complète de ces années par le prisme d'une famille de la grande bourgeoisie dont le monde change et disparaît inexorablement.

Tous les personnages sont extrêmement bien définis et Gabriele Tergit dresse des portraits d'une grande vivacité, avec leurs caractéristiques, leurs qualités, leurs défauts, leurs failles, leurs croyances, leurs inquiétudes et leurs certitudes.

L'alternance des personnages et le rythme des dialogues permettent ainsi à l'auteure de ne pas écraser son lecteur sous les plus de 900 pages que compte ce roman et de donner un véritable souffle à ce roman. On ne s'ennuie pas une seconde à la lecture et on n'est jamais tenté de sauter des pages, ce qui peut sembler être une véritable gageure compte-tenu de la densité de l'oeuvre. de la même manière, aucun des personnages, même secondaire, ne parait superflu. Tous ont leur partition à jouer et leur rôle dans l'enchaînement des épisodes et dans leur imbrication.

Le récit est par ailleurs superbement servi par la traduction de Rose Labourie (traductrice notamment de Chris Kraus) qui fait une nouvelle fois preuve d'une grande justesse pour rendre justice au livre de Gabriele Tergit et qui lui donne probablement ce petit côté moderne de la langue qui ne dénature à aucun moment le récit.

Une fabuleuse idée de la part de Christian Bourgois Editeur que d'avoir remis en lumière cette oeuvre majeure.
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