AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Fanny1980


Émigrer pour fuir un pays en guerre, une situation économique sans avenir, un pouvoir politique qui opprime. Immigrer pour offrir une vie meilleure à ses enfants, pour se reconstruire et recréer l'espoir.

Beaucoup de livres présentent le dur parcours des migrants d'un pays à l'autre. Beaucoup moins s'intéressent à la vie d'après, alors que, si le chemin s'arrête, le cheminement lui va se poursuivre encore longtemps et impacter souvent même les générations futures.

Souvankham Thammavongsa, qui est née en 1978 dans un camp de réfugiés laotiens en Thaïlande, privilégie cette deuxième phase et présente, dans un recueil de nouvelles, la vie d'immigré. le Laos est la terre de départ et le Canada la terre d'accueil, comme pour l'autrice, mais ces textes sont beaucoup plus universels et parlent des difficultés auxquelles sont confrontés ceux qui partent vivre ailleurs.

« le K ne se prononce pas » est le titre de la première nouvelle du recueil qui est constitué de quatorze histoires qui balaient la vie personnelle et professionnelle de ces migrants.

On croise des ouvriers du monde industriel ou agricole, un boxeur, des manucures, un chauffeur d'autobus, une comptable… On suit des tranches de vie dans lesquelles on récite une leçon, on va à un spectacle, on retrouve des amis, on part travailler…

Il s'agit d'histoires du quotidien, mais leur morale est bien plus profonde.

Les différences empêchent certaines relations de se créer ou de se poursuivre. La vie est constituée de rêves et d'espoirs qui pourront difficilement se réaliser. Certaines places continuent à être attribuées selon les origines et non en fonction du mérite.

Mes nouvelles préférées correspondent à celles exprimant le ressenti des enfants de ces migrants, soit encore scolarisés, soit à un âge beaucoup plus avancé. Il existe des choses qu'ils doivent découvrir seuls, car leurs parents ne maîtrisent pas tout le vocabulaire, la culture et les codes du nouveau pays. Cependant, ils bénéficient de l'amour de ceux qui ont tout abandonné pour leur donner ce qu'ils pensent être le mieux pour eux.

Ces textes resteront pour certains ancrés dans ma mémoire, car ils incitent à faire plus attention à des petits détails à la base du racisme du quotidien. Un recueil utile pour la compréhension et l'acceptation de l'autre et pour mettre en évidence l'enrichissement mutuel qui peut en découler.

Toutes ces raisons justifient à mon sens l'accueil qui a été fait à ce livre outre-Atlantique : Prix Giller 2020 (prix canadien), « l'un des 100 meilleurs titres 2020 » selon le Time Magazine, « un livre incontournable » selon le New York Times. Un livre à lire dans le cadre de la rentrée littéraire de septembre 2021 !

Commenter  J’apprécie          144



Ont apprécié cette critique (13)voir plus




{* *}