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Critique de Fleitour


Un piano, un soliste, c'est un couple qui se raconte dans le premier roman d' Alexandre Tharaud, Montrez moi vos Mains, il est écrit pour ceux qui se nourrissent de silences, comme un soliste pour qui une demi-pause, font deux silences, où chaque temps compte.

Le soliste c'est Alexandre Tharaud, quand il rentre en scène, ce sont les applaudissements, qui lui nouent le ventre, jouer de mémoire. Ce roman déroule cette double vie consacrée à la musique, Alexandre ou le Soliste, les deux tuniques d'un même rôle ; « Un ébéniste pratique le bois. Un pianiste le piano. le soliste pratique sa solitude. En artisan il la sculpte, La polit, la fait vivre. »p 113


Alexandre Tharaud est fidèle à son piano, mais il ne peut le transporter, il ira donc vers d'autres claviers, il apprend à les aimer, « le pianiste vise le coeur, uniquement le coeur. P 110
Comme dans un concert, il faut passer les premières mesures, les premières pages, prendre son temps, s'imaginer dans la peau du Pleyel, où seul dans un théâtre à la recherche de la musique, et se laisser embarquer par la prose, de ce jeune pianiste, dont les nuits sont peuplées d'animaux étranges, car si les mains sont si dociles, sa tête bouillonne en quête de silences.


Les émotions pour celui qui l'écoute, et qui se laisse pénétrer par la musique, elles viendront à foison, Alexandre Tharaud fait vibrer une âme d'émotions, « page 71 il se livre, je pouvais m'offrir de ne penser qu'en musique et j'en suis le passeur. »


Il me semblait incroyable de tracer 200 pages, à malaxer des pianos, à éprouver ses mains, à épuiser son corps en jouant de mémoire des livrets aussi compliqués que leurs auteurs, tel le scrupuleux Ravel. Sa mémoire flanchera une fois de trop, enfin les partitions l'accompagneront sur scène, sa bible, sa clé. L'absence se comble, ses silences s'apaisent.


Le livre explore bien plus qu'une joyeuse relation, parfois tendue entre son piano et ses humeurs, les travaux de maintenance ou les massages de ses cordes vocales peuvent transformer un Pléyel en crécelle, où le faire toucher la note pure.
Comme moi peut-être vous serez pris par le désir d'écouter les variations de Goldberg de Bach. Puis en fredonnant Barbara qu'il accompagna jusqu'en ses derniers chuchotements, à la voie si tenue, mais qui pour se maintenir, trichait avec ses cordes distendues.

Une merveilleuse ballade sur les doigts, si rare, pour traverser deux siècles d'opus, où il n'y a pas de grand ou de petits compositeurs, mais des phrasés immortels de Chopin à Litz, de Bach à Rachmaninov, et des interprètes qui parfois trichent, improvisent, emportés par leurs émotions, ces impromptues qui les a entendus ?
Au temps de Debussy les femmes tombaient en pâmoison, les fleurs et les silences peuvent en dire plus encore.

« Le pianiste Christian Ivaldi, avait sorti cette phrase : je ne vous sers pas la main elles sont pleines de fausses notes," pique ironique ou compliment, c'est tout le mystère du Soliste.

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