Mais tu te reposeras ici sur des toisons d'agneaux, sur un duvet plus doux que le sommeil. Ces peaux de boucs sentent encore plus mauvais que toi. Demain j'offrirai aux Nymphes une grande coupe remplie d'un lait délicieux et une autre de la liqueur de l'olive.
Déjà le vin nous échauffait, quand l'habitant de Larisse, dans sa gaieté trop vive, entonna, sur un air thessalien, la chanson de mon loup. Tout à coup Cynisca pleura comme le jeune enfant qui désire sa mère. Ami, tu me connais, je suis bouillant, prompt, et sur-le-champ je lui appliquai sur la joue un violent soufflet qu'un second accompagna soudain ; mais relevant sa robe, elle se sauve bien vite : "Auteur de tous mes maux, lui criai-je, je ne te plais donc pas ! Un autre est plus heureux ! Va donc serrer dans tes bras celui pour qui tes joues sont sillonnées de larmes." Telle que l'hirondelle qui apporte de la nourriture à ses petits et s'envole ensuite du nid pour en apporter une nouvelle, telle, et plus rapide encore, Cynisca s'élance de son siège, franchit les deux portes et se met à courir. Le taureau, comme on dit, est lâché dans la forêt.
Voilà deux mois que je ne l'ai vue, et depuis, ma barbe croît comme celle d'un Thrace.
MILON. Et quelle est la beauté qui cause ton tourment ?
BATTUS. La fille de Polybotas, qui l'autre jour chez Hippocoon faisait danser les moissonneurs aux sons mélodieux de sa flûte.
MILON. Le ciel sait donc punir ? Tu as enfin trouvé ce que tu cherchais depuis longtemps ! Cette cigale devineresse va donc habiter avec toi, et partager ta couche conjugale.
Je la vois, elle court, elle folâtre : telle vole au gré des vents l'aigrette d'acanthe, quand les feux du soleil ont brûlé sa prison desséchée.
Celte Nymphe capricieuse, tu l'adores, elle t'évite ; tu la dédaignes, elle te poursuit : la coquette met tout en oeuvre pour te séduire.
L'amour, ô Polyphème ! l'amour embellit tout et même la laideur.
Je connais l'amour maintenant : dieu impitoyable, il a sucé le lait d'une lionne, et sa mère l'a nourri dans les forêts ; il embrase mon sang, il consume mes os.
LA BERGÈRE. Si je deviens mère, je perdrai ma beauté.
DAPHNIS. Tu la retrouveras dans tes enfants..