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Critique de sarahauger


Terminus de Jonathan Theroude.

Vincent est un homme qui ressasse son quotidien raté.
On suit sa vie, son présent gâché, émaillé de flashs-back de son passé radieux.
À chaque page qui se tourne, je recherche le point de bascule, l'élément qui a enclenché sa descente aux enfers. Qu'est-il arrivé à cet homme qui semblait tout avoir pour être heureux ? Qu'a-t-il entrepris, ou laissé passer pour obtenir ce résultat ?

Souvent, dans une vie, les événements s'imbriquent.
Ce qui aurait pu s'apparenter à un de nos plus beaux jours peut soudain se transformer en l'un des pires ou finir en apothéose.
Un jour mal commencé peut se terminer de façon encore plus catastrophique, ou finalement nous apporter tout le bonheur du monde.
Puis, il y a les journées banales sans grand intérêt ou l'on s'enferme dans sa routine.
La vie ne tient pas à grand-chose quand on regarde bien. Il suffit d'un rien pour qu'elle bascule dans un sens ou dans l'autre, un simple grain de sable dans les rouages, une erreur, un faux pas, une décision au bon ou au mauvais moment…
Rien n'est jamais acquis. Un mauvais jugement et tout s'en va, un bon et la route continue.
Nous vivons sans cesse en équilibre au milieu de nos dilemmes.
La vie c'est tout simplement une succession de chemins à emprunter. Libre à chacun de suivre les siens.
Ils ne sont pas tous parfaits, mais, parfois, ils s'imposent à nous avant qu'on ait le temps de réfléchir aux conséquences.
Nos actes impactent inévitablement nos proches. Foutre sa vie en l'air entraîne forcément des dommages collatéraux pour ceux qui nous aiment. Si l'on ne répare pas, quelque part on bousille un peu de leur existence aussi.
Prendre la bonne décision, c'est les emmener dans notre sillage et partager notre bien-être avec eux.

Il ne faut pas oublier le destin. Lui aussi joue un rôle.
Une action mal engagée peut se trouver redressée par un coup du sort ; alors que tout partait bien, un hasard peut nous faire déraper.
Vouloir réparer les dégâts commis est une bonne chose. Rester sur une rancoeur n'est jamais bon. Peut-être demain sera-t-il trop tard pour se rattraper ; nul ne sait de quoi son lendemain sera fait. Alors, pourquoi attendre ?
S'il ne doit y avoir qu'une certitude sur la vie, c'est qu'elle se termine inexorablement par la mort et là, ce sera trop tard pour tout.

Vincent, suite à une décision de justice, se trouve contraint à une injonction de soins.
L'alcoolisme est bien présenté comme une maladie avec ses difficultés de sevrages. Maladie qu'il est clairement n'en déplaise à ceux qui préféreraient y voir un vice par ignorance ou par facilité.
Le corps imbibé année après année réclame sa dose même si dans la tête le désir d'arrêter semble le plus fort.
L'alcool n'est pas le mal, mais « l'instrumentalisation du mal qui vous ronge ». J'adore cette phrase qui reflète totalement la réalité.
Voilà pourquoi il est si dur de se passer du produit.
L'alcool n'est pas le vrai problème. Et, tant que ce dernier n'est pas réglé, cet allié, devenu ennemi au fil du temps, se rappelle à votre bon souvenir dès qu'un événement vient titiller la faille.
Il est difficile pour la personne concernée de voir que la douleur vient de plus loin, de plus profond.
Un peu comme un iceberg, l'alcool ne représente en réalité que la partie visible d'un tout. Il faut aller bien plus bas, et surtout se sentir prêt à regarder pour comprendre pourquoi on a pu en arriver là.
La substance n'est qu'un masque, en aucun cas le sujet de fond.
Il faut parfois plusieurs allers-retours douloureux pour l'appréhender au risque de tout perdre en chemin.
Cette histoire me donnerait envie de rebondir sur de nombreux éléments, mais je vais me retenir pour éviter de spoiler. Il y aurait en tout cas beaucoup à relever sur ce sujet bien traité, sans à priori ni cliché.

Qu'est-ce que le bonheur ?
Une belle situation ? Une belle voiture ? Une belle maison ? Jusqu'à ce qu'on se rende compte que, finalement, tout cela est bien superficiel et que l'essentiel s'éloigne pas à pas.
Une chose est sûre, le bonheur est à la fois précieux et fragile. Il faut prendre le temps de l'entretenir. On a tendance à oublier qu'on a créé notre bonheur et que s'il s'effrite, c'est sans doute parce qu'on n'agit pas comme on le devrait pour l'aider à s'épanouir.
L'adage dit que c'est souvent quand on le perd que l'on comprend qu'on le tenait au creux de sa main et c'est un peu vrai pour Vincent.
Il ne faut pas laisser ses peurs, son orgueil, sa culpabilité ou que sais-je d'autre, nous retenir de réaliser le nécessaire pour le retrouver.
Tant qu'on vit, rien n'est impossible, rien n'est irréversible, il faut juste un peu de courage pour entreprendre ce qui doit l'être.

Le texte, empreint d'humour et de légèreté, prête par moment à sourire, puis se montre plus grave ou triste à d'autres. le subtil dosage entre les deux rend cette histoire encore plus juste, plus concrète. Toute vie présente un mélange de ces différents aspects.
Sur la fin, tout s'accélère.
Le suspense est maintenu jusqu'au bout, le final saisit. le récit prend un tournant plus qu'inattendu et qui glace le sang.
Je ne vous en dirai pas plus, mais n'hésitez pas à vous plonger dans cette histoire. Elle permet de relativiser sur de nombreux non-événements du quotidien qui pourtant prennent parfois une place bien plus importante qu'ils ne devraient.
La vie est trop courte pour nourrir des regrets, alors, autant vivre en accord avec soi-même et faire fi de chaque chose qui pourrait nous bloquer ou nous empêcher d'être nous-mêmes.
Cette histoire, en plus d'être bien écrite, aide à réfléchir. Que demander de mieux ?
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