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Critique de Cigale17


Madeleine Thien, l'auteure de Nous qui n'étions rien, est née à Vancouver. Ses parents appartiennent à l'importante diaspora chinoise installée en Colombie-Britannique, sans doute à la fin du bail emphytéotique de Hong Kong. Elle s'est probablement inspirée de la vie, des épreuves et de l'exil de ses proches pour créer sa galerie de personnages, tous très complexes, attachants pour la plupart, sensibles ou apparemment indifférents, prétendument forts ou extrêmement fragiles.
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Li-Ling (Marie) vit à Vancouver avec sa mère. Kai, son père, est retourné à Hong Kong (1989) où il s'est suicidé au plus grand désarroi des deux femmes qui s'interrogent sur le motif de son acte. Alors que Marie a dix ans, malgré leurs difficultés financières, sa mère accueille Ai-Ming, une jeune réfugiée sans passeport, obligée de fuir la Chine après les événements de la place Tian'anmen à Pékin (1989). En fait, il s'agit de la fille de Pinson, qui a parrainé Kai, le père de Marie, au conservatoire de musique de Shanghai dans les années 60. Marie, grâce à Ai-Ming et au Livre des Traces, va pouvoir reconstituer une bonne partie de la vie de sa famille et, partant, de l'histoire de la Chine. le Livre des Traces voyage secrètement de main en main et de lieu en lieu depuis la génération des grands-parents de Marie. Au fil du temps, il est modifié, codé, et comme son nom l'indique, il pose des jalons qui sont autant d'indices qui permettront de remonter jusqu'à son origine. Marie n'obtiendra pas toutes les réponses à ses questions, mais elle découvrira certaines choses qu'elle aurait sans doute préférer ignorer…
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J'ai eu de la difficulté à entrer dans ce magnifique et ample roman. Non que les sauts dans le temps m'aient dérangée, j'y suis habituée et ce type de construction me plaît à cause des variations qu'elle induit et des liens qu'elle fait souvent ressortir, ce qui est presque toujours le cas dans cette oeuvre. Qu'un personnage porte plusieurs noms m'a déroutée, d'autant plus que mon manque de connaissance de la culture chinoise ne me permettait pas de savoir qui était une fille et qui un garçon. L'arbre généalogique qui se trouve au début du texte m'a été très utile, même si un seul des noms de chaque personnage y apparaît, et je l'ai consulté plusieurs fois. Presque tout dans ce roman a un lien avec la musique, que ce soit la musique occidentale ou chinoise. Pinson est un compositeur doué, Kai un pianiste reconnu, Zhuli une violoniste exceptionnelle. Ils vouent une passion à Glenn Glould, le génial pianiste canadien dont les interprétations de Bach continuent à être une référence. Les personnages de Madeleine Thien sont devenus tellement vivants au fil de la lecture et tellement intégrés à la dramatique trame historique que, à plusieurs reprises, je n'ai pas pu m'empêcher de déplorer un tel gâchis : tant de morts, tant de disparus, tant de talents brisés, tant d'espoirs anéantis par des politiques absurdes et absurdement récurrentes ! Une magnifique et tragique histoire qui, je le sais, devait m'émouvoir autant, voire plus, quand je relirai ce beau roman.
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