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Critique de beatriceferon


A trois ans, Frédérique assiste, impuissante, à une scène traumatisante : « les gamins ricanaient, ils étaient plus grands qu'elle ; ils attrapaient sa soeur ; elle se débattait ; ils la déculottaient- elle portait une robe à fleurs. »
Est-ce cet épisode qui pousse l'artiste qu'elle est devenue à peindre la noirceur, la violence de la guerre ? Pour en saisir l'essence, elle demande à son oncle de replonger dans son enfance, quand il avait cinq ans, en 40-45.
Le roman de Laurence Thirion est composé de chapitres très courts, ne comportant pas plus de quelques lignes, et dont les plus longs ne couvrent que six pages. La narration est extérieure, mais certains passages sont pris en charge par Anne ou Frédérique.
L'histoire est celle d'une famille. Elle nous fait découvrir quatre générations de femmes et se déroule en Belgique, à Bruxelles et à la côte.
Elle mêle deux époques : celle de la deuxième guerre mondiale et la nôtre. Marie doit être née au début du siècle, puisque sa fille Julia est mère d'un enfant de cinq ans pendant la guerre de 40. En femme libérée, elle a eu trois filles sans être mariée. Jeanne, une musicienne, qui vit dans la dévotion au maître de musique. Julia, la grand- mère de Frédérique, dure et dominante. Elle adule son fils André, mais n'a qu'indifférence pour Catherine, pourtant brillante. Anna, la troisième, est caractérielle. Elle s'entiche d'un pêcheur et vit à la mer.
Catherine, elle aussi, sera une « femme sans homme ». Elle a également trois filles : Anne, légèrement handicapée et des jumelles très différentes l'une de l'autre. Alice, blonde, « visage poupin, dents bien alignées » et Frédérique, rebelle, frondeuse, « cheveux courts, épais et broussailleux ».
Au début, j'ai éprouvé un peu de mal à me situer. Frédérique a trois ans, elle étudie les déclinaisons latines, vit dans un appartement envahi par les livres : tout cela en trois pages !
Plus loin, on saute d'une génération à l'autre : à qui a-t-on affaire ? Anne ou Anna ? Julia est-elle la mère ou la grand-mère d'Anne ? Jeanne est-elle la soeur ou la tante de Catherine ?
Au fil des la lecture, nous découvrons des lettres, des extraits du journal de Frédérique ou du carnet de Victor, des vers (notamment le poème de Baudelaire qui donne son titre au roman) ou des chansons.
Un personnage sort du lot, c'est Julia, vraiment monstrueuse : pingre jusqu'à l'avarice, paresseuse, dominatrice, elle dénigre sans cesse son mari, le brise. Sa fille Catherine ne trouve pas grâce à ses yeux. Elle a toujours un reproche à lui adresser, elle lui pourrit la vie.
Anne est sa préférée. Elle l'aime tellement qu'on a l'impression qu'elle est sa fille et non sa petite-fille. Personne dans l'entourage d'Anne ne trouve grâce à ses yeux. Tous sont coupables ou incapables. Quand on lit les lettres que Julia lui adresse, pourtant, on a les cheveux qui se hérissent sur la tête : « ne t'occupe pas des jumelles », « les autres s'en foutent si tu deviens moche, si ta silhouette s'alourdit », « tu es incapable d'écrire (…) j'ai l'impression que chaque année, tu recules » et autres expressions d'un amour dont on se passerait bien !
J'ai aimé ce livre, mais certains aspects m'ont paru très durs, révoltants. J'ai eu les larmes aux yeux lors de l'épisode du chien de Victor.
Il m'a beaucoup plus touchée que le précédent, « Les ombres de l'adret ».
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