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Critique de Shaynning


Premier tome d'une trilogie décapante, ce roman propose un anti-héros ténébreux qui n'a rien à envier à Sauron, Seigneur des ténèbres de la trilogie "Seigneur des Anneaux" de J.R.R Tolkiens. En fait, il en est très inspiré, avec un anneau de pouvoir, un physique très similaire et même une tour situé dans une contrée sombre qui rappelle la tour de Minas Morgul en Mordor.

Catapulté dans notre monde, Dark Lord se retrouve dans la peau d'un adolescent de 13 ans assez banal, mais attention, son esprit n'a rien perdu de son acuité et de son génie maléfique! Malheureusement, dans notre monde rationnel et sans magie, notre Seigneur ténébreux a beau être investi d'un langage et de capacité cognitives certainement hors-normes, il passe néanmoins pour un esprit dérangé. Prit en charge par une travailleuse sociale, deux pédopsychiatres et une famille outrancièrement angélique, notre sinistre ado doit apprendre à s'adapter à ce nouveau monde tout en cogitant sur une manière de réintégrer son monde. Car, voyez-vous, même les seigneurs obscures ont leur antagoniste. le sien répond au nom de Hasdruban, mage blanc au symbole doré, sorte de Maître du Bien. Et c'est surement de sa faute s'il se retrouve là, à devoir aller au collège, privé de ses puissants pouvoirs et de sa forme si impressionnante d'habitude. Et c'est surement de sa faute si sa belle tour de fer est désormais rose! Bref, Dark Lord, renommé Dirk Lloyd, peut au moins compter sur le fils de sa famille adoptive, Christopher, une jeune fille au look gothique, Susan, ainsi que le capitaine de criquet de l'école, Sal, ces "servants" afin de mieux comprendre ce monde étrange et faire quelques tentatives pour réintégrer le sien.

C'est ce que j'appelle affectueusement un "univers ténébreux sympathique", à la manière de Fingus Malister, Amelia Fang ou les Soeurs Carmines. Quoique le style correspond plutôt au "Journal de Raymond le démon", récemment paru.

Nous sommes donc en présence d'une figure maléfique, mégalomane, égocentrique, géniale et dénué d'empathie. le genre "je-vous-suis-tous-supérieurs" et fervent amateur de tout ce qui ressemble de près ou de loin à la Guerre, la violence et la suprématie totalitaire. Un dictateur style fantasy, en somme. Il a le langage de ce genre d'univers, très grandiloquent et imagé, un peu noble aussi, un aspect de sa personne qui en fait un personnage éloquent et impérieux, très en décalage avec son âge physique de 13 ans. Seul souci, c'est si décalé, justement, que les gens trouve ça soit drôle, soit inquiétant, mais certes pas sérieux.

Dans ce genre d'univers, les extrêmes abondent: d'un côté Dark Lord et tous les attributs possibles qui sont les référence du "Mal": couleur noir, créatures obscures, thématique guerrière, noirceur, armures en piques et en griffes, salle de tortures, absence d'amis, etc. de l'autre, nous avons Hasdruban ( peu présent dans ce tome) avec la couleur blanche, les êtres doux, le symbole doré, les religieux, la morale et le code de conduite. Très clivé, donc. Mais c'est aussi ce qui fait que c'est drôle. On peut compter sur Dirk pour nous rappeler de quel genre d'endroit ténébreux il vient et à quel point tous les aspects de sa vie sont régit par "les ténèbres" dont il est le parfait stéréotype.

En même temps, s'il fait des coups pendables et se montre souvent insultant, Dirk n'est pas si terrible au fond. Il n'a tué personne, fini par se faire des amis ( un peu malgré lui) et n'a commit aucun crimes majeurs. Il aboie plus qu'il ne mord , en somme. Un peu comme le personnage de Megamind, des studios Dreamworks. Un peu diva, très porté sur les apparences et sa réputations, mais pas à proprement parlé cruel et immoral.

Le principal attrait de ce roman est justement le jeu des codes entre les figures du bien et du mal, l'accent mit sur les noms et les décors "maléfiques" de Dirk, très impressionnants mais au fond pas très utiles, sa perception du monde des humains, toujours un peu teinté de son monde à lui et ses comportements, dont certains restent ambiguës jusqu'à la fin, laissant alors planer la question: est-il VRAIMENT un Seigneur des ténèbres? D'un point de vue du lecteur, on peut se le demander, parce que le début de l'histoire est assez peu magique, hormis cette flaque noire maléfique.

Côté construction, contrairement à ce que laisse supposer le titre, le "journal de Dark Lord" n'occupe en réalité que quelques pages de temps en temps. le reste est à la troisième personne et marqué par des chapitres. On aura également ces feuilles de notes qui nous renseigne sur la "flaque d'essence maléfique" que les humains prennent pour une flaque d'huile de moteur, tout en s'interrogeant sur le fait que la place de stationnement où elle est située est "anormalement maudite". Aussi, on trouve des images "dessinée par Dirk" dans lesquels ont voit mieux sa perception des choses, toujours biaisée et "maléficiée",assez amusantes.

Sinon, dans le scénario, plutôt addictif, on y trouvera quelques facilités, comme la bêtise de certains adultes, des commodités de circonstance, comme l'éclipse et le fait que nules recherches n'ont été faite pour trouver l'identité de "Dirk Lloyd", même après l'avoir casé dans une famille d'accueil.

En somme, c,est surtout un roman comique, un brin déjanté, avec beaucoup de jeux de mots et de thèmes, où une figure emblématique du Mal devient un ado assez banal, mais investi de capacités déraisonnables. C'est surtout ça qui est drôle! Et comme il vit dans un corps humain, on est en droit de se demander s'il ne va pas s'humaniser dans le processus. Ajoutez à tout ça que, comme Dirk est aussi très intelligent, on apprend même quelques trucs au passage.

Un bon roman pour sortir des sentis-battus et rigoler aux dépens du héro. J'ajoute que ce genre de roman est particulièrement comique pour les lecteurs qui dispose d'une bonne culture générale et connaissent bien les divers antagonistes célèbres, dont il y a foison de références.

Pour un lectorat du troisième cycle primaire, 10-12 ans.

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