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Critique de DragonLyre


Ce roman me faisait de l'oeil depuis sa sortie, mais entre des finances encore un peu justes et le peu de retours que j'ai entendu dessus à travers la blogosphère, j'en avais retardé la découverte. Jusqu'à ce que la petite librairie près de chez moi organise un book club dessus. Là, c'était officiel : je n'avais plus d'excuse !

L'intrigue débute en pleine action. Wren 178 est en mission avec un de ses collègues et on commence déjà à toucher du bout du doigt la nature des reboots, leurs capacités hors du commun... et leurs différentes classes. En effet, plus il s'est écoulé de temps entre la mort et le retour à la vie d'une personne, plus cette dernière revient forte physiquement. Mais l'épée est à double tranchant, et en échange de ces « pouvoirs » plus marqués, la victime revient moins humaine. Wren détient un triste record : elle a eu besoin de 178 minutes pour rebooter. Elle est complètement détachée de tout ce qui lui arrive, de tous ceux qui l'entourent, et sa réputation n'est plus à faire. Elle fait ce que l'on attend d'elle, parce que même si le régime paramilitaire de la SHER est contestable, à ses yeux c'est toujours mieux que la vie qu'elle menait avant sa mort. Une vie de précarité entre parents drogués, sentiment d'insécurité et logements insalubres.

On nage ici en pleine dystopie. le virus responsable de ce phénomène de reboot décime encore l'humanité et même si la guerre humains/reboots a pris fin, il ne cesse pas pour autant de séparer les familles. Les reboots sont considérés comme dangereux et insensibles, comme de pâles copies des êtres humains qu'ils étaient auparavant. Après une période d'entraînement intensif, les jeunes reboots servent la société en pourchassant les criminels. Wren est le meilleur agent de la SHER... et la meilleure formatrice. Jusqu'au jour où une nouvelle recrue va doucement ébranler ses convictions, allant même jusqu'à remettre en question ses choix de recrutement.

Callum n'a eu besoin que de 22 minutes pour revenir à la vie. Lui aussi détient donc un record. Tout un panel d'émotions transpercent son regard et se reflètent dans son attitude et ses discours. Son humanité est presque intacte et cela dérange... Source de moqueries et de bizutages, il ne se défait pourtant jamais de son optimisme... ni de sa volonté de voir un jour un sourire étirer les lèvres de Wren.

J'avais quelques appréhensions arrivée à cette partie du récit. Je craignais que la froide Wren ne se dégèle trop vite, comme si sa condition de 178 n'était qu'un prétexte pour amorcer une histoire d'amour impossible. Mais au final, Amy Tintera a très bien su gérer sa trame et ses personnages. Certains moments n'étaient guère propices à leurs marques d'affection, qui suivaient en plus parfois le même schéma, la même gestuelle, mais cela ne m'a pas empêchée de trouver le duo Wren/Callum sympathique et touchant. Tout évolue avec naturel et il est amusant de voir un jeune homme émotif faire la cour à une fille austère dotée d'une force herculéenne. Comme si homme et femme inversaient les rapports prédéfinis tels qu'ils ont tendance à être dépeints ailleurs, y compris dans notre société. Malgré sa « faiblesse », Callum a été mon personnage préféré tout au long de cette histoire, de par sa candeur et la fraîcheur qu'il souffle sur un monde dévasté.

En parallèle à la formation de Callum et à l'évolution de Wren, Amy Tintera nous dresse une société démunie, où les survivants du virus et de la guerre vivent parqués dans des bidonvilles aux conditions de vie ineffables. Elle nous montre comment ils en sont arrivés là, comment ils ont placé tous leurs espoirs en la SHER... et ce que celle-ci en a fait. Les valeurs intrinsèques de cette dernière sont-elles aussi nobles qu'il y paraît ? Peut-on vraiment croire en leur parole ? le coeur de Wren s'emplit de doutes quand elle comprend que certains de ses amis reboots sont utilisés comme cobayes. Et plus elle évolue vers une humanité qu'elle pensait à tout jamais perdue, plus on se demande ce qu'il en est vraiment des motivations de la SHER. Où s'arrête le vide émotionnel des reboots et où commence le conditionnement d'enfants traumatisés d'avoir connu la mort et d'en être revenus ? Coupés de tout - leur famille, de leurs amis, leur maison, leur école, on peut se demander s'ils n'étaient pas ainsi sensibilisés à une forme particulièrement perverse de manipulation...

En conclusion, avec ce premier tome rythmé par de réguliers rebondissements, Amy Tintera nous présente un univers solide et travaillé... pour mieux chambouler en fin de livre tout ce qu'elle nous y avait appris. L'intrigue se termine sur une touche d'humour et d'espoir, mais soulève en contrepartie tout un tas de nouvelles questions. Vivement la suite et fin de ce diptyque palpitant, qui se joue avec élégance du courant actuel pro-zombie !
Lien : https://dragonlyre.wordpress..
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