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Critique de olivierverstraeteRCV99FM



La frontière, cet endroit qui marque la fin d'un territoire et le début d'un autre est un espace romanesque. On pense à ces romans d'espionnage où les échanges de prisonniers se faisaient à la frontière des deux pays, qu'elle soit naturelle ou non, sur un pont enjambant la rivière qui la caractérise. Les frontières se sont souvent dessinées dans la douleur, le conflit, la souffrance. Elles ont pu aussi voir le jour d'un coup de règle sans tenir compte des particularismes locaux, ethniques et qui ensuite se trouve le terrain de conflits guerriers. Identifier une frontière, c'est marquer une limite et exclure celles et ceux qui ne sont pas dans son périmètre. Dans son dernière roman "la ligne", paru chez Albin Michel, Jean-Christophe Tixier fait une lecture personnelle de la notion de frontière.

Au petit matin , les habitants d'un village se réveillent avec une ligne blanche peinte sur le sol. Cette ligne divise le village en deux. Pourquoi? Nul ne le sait, la seule info serait que l'Etat est décisionnaire de son traçage. Face à cette division, les fermiers, commerçants, habitants choisissent leur camp, pro ou anti ligne blanche. Pendant 30 jours, la vie de deux familles, les Polora et les Wasner, va être bouleversée par cette trace à la portée bien plus forte qu'une simple signalisation routière. La violence de cette scission est accompagnée d'autres formes de violence : agression, viol et même la disparition inquiétante d'une jeune agriculteur. Des coups de fusil auraient même été entendus lors de la nuit du traçage...

Quelle belle surprise ce roman de Jean-Christophe Tixier. Il fait passer le lecteur par différents états : la surprise, l'inquiétude, l'effarement pour finir la par la tristesse de l'état de l'humanité. A travers le simple traçage d'une ligne blanche au milieu du village, l'auteur montre un certain nombre de travers de l'âme humaine : le propriété voire l'exclusivité, le manque de respect des trajectoires de chacun, les rancoeurs persistantes qui se transmettent de génération en génération... le récit prouve aussi la force nuisible que peut avoir une décision unilatérale dénuée de sens, d'explications, de dialogue. Une fratrie qui ne se comprend plus, une relation mère-fille chahutée par une odieuse agression, un représentant de l'Etat imperturbable dans l'exécution de a tâche qui lui incombe. L'auteur use avec intelligence de ces personnages pour tendre jusqu'au bout le climat de cette micro-société tournée sur elle-même. Vous ne sortirez pas de la lecture "la ligne" avec la banane mais elle vous fera réfléchir. Point à la ligne!
Lien : http://www.rcv99fm.org
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