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Critique de BurjBabil


Quand on lit E. Todd depuis un certain temps, ce qui est mon cas, on attend avec impatience son travail de géographe-sociologue-anthropologue appliqué à la Russie et à l'Ukraine... Puis par extension à nous, occidentaux, comme le titre de son livre l'indique. Souvent dans ce cas, après une telle lecture, on est tenté (je suis tenté en fait) de résumer un peu, de traduire en quelques mots l'idée générale de l'essai. Ce qui atteint vite des limites devient ici impossible. Pourquoi ? Parce qu'en tant que français (francophones européens ce doit être la même chose, américains c'est moins net, la liberté d'expression est plus vivace) on part de loin... La vision des deux protagonistes principaux (le troisième est loin, à l'abri) est en effet résumée à une seule grille de lecture, partagée par tous les éditorialistes et détenteurs du pouvoir, médiatique compris : M. Poutine (et les russes donc, car ils l'ont élu) est fou et il veut conquérir l'Europe.
Ici, E. Todd propose autre chose : une ... ANALYSE. En onze chapitres très bien structurés, s'appuyant sur des cartes et des documents sourcés, il fait son travail de RÉFLEXION.
Il nous propose une grille de lecture basée sur des chiffres et de l'interprétation qu'il en fait. de ce fait, ce livre devrait être lu par la totalité des vrais journalistes, qui existent encore un peu en France. Pour les autres, c'est inutile, ils ont les dépêches de l'AFP et leurs amis.
J'ai personnellement trouvé les quatre premiers chapitres remarquables pour les analyses de la société Russe, de la société Ukrainienne, de l'émergence de la Russophobie ambiante et de sa définition de l'occident ou plutôt des deux occidents.
Les détracteurs de M. Todd ne pourront jamais lire son livre puisqu'il part du postulat inconcevable que M. Poutine n'est pas fou et que la Russie n'a nulle envie de s'attaquer militairement à l'Europe (Quand à la France je ne vous dis pas...). Il sera simplement traité de "Poutinophile" ce qui est pratique et évite les efforts de compréhension. M. Todd est français, européen, d'origines diverses dont il fier à raison et donc il s'adresse à nous de cet endroit... C'est son référentiel, il n'est ni russe ni ukrainien et n'a pas à "voter" ni pour M. Zelensky ni pour M. Poutine (Pour M. Biden, laissons cela à Saint Pierre). Il fait un travail d'observateur français, de chercheur français. Bref, il essaie de comprendre ce qui peut être fort utile en général, et lorsque la guerre est à nos porte (monnaie) en particulier. Il ne donne raison ou tort à personne, ce n'est pas le but de son livre, tout comme Newton n'a pas à aimer la pomme qui tombe et condamner l'arbre qui l'a laissée tomber (la pomme) : il lui faut juste chercher à comprendre.
Les chapitres suivants de son livre laissent une part plus grande à l'interprétation bien qu'étayés par moult études et statistiques. Il s'attaque à des réalités qui ont surpris les observateurs attentifs de cette crise : l'attitude des pays Nordiques, celle de l'Allemagne, de la grande Bretagne... Pour les États-Unis, pas de surprise, mais les chapitre huit à dix encore une fois éclairent d'un jour intéressant l'évolution de la situation économique, sociale et culturelle qui va se cristalliser bientôt autour de l'élection du nouveau président étasunien.
Ses explications utilisent toujours les mêmes appuis : religion, filiation, famille, traditions, culture, économie, tout cela définissant des systèmes politiques et économiques logiques et explicables au cours de l'histoire.
Enfin, sa conclusion se concentre sur le chef d'orchestre de cette crise : les États-Unis d'Amérique. Avec une proposition intéressante et originale.
Et comme je ne souhaite pas divulgâcher ce livre qui offre l'opportunité à chacun de s'instruire en réfléchissant à des analyses prodiguées ailleurs que sur les chaînes de propagande en continue de nos oligarques, je ne dévoilerai rien du contenu même. S'installer au chaud près d'un bon feu d'une cheminée produisant finalement bien moins de dioxyde de carbone que l'industrie d'armement n'en déverse sur des braves gars qui croient se battre pour des valeurs là où ils le font pour des milliardaires, ou sur des civils qu'on oublie tellement c'est devenu banal ou qui n'entrent pas dans le champs d'application des fameuses valeurs précédentes, reste une activité qui permet de mieux percevoir les forces souterraines qui animent nos sociétés et les mènent hélas parfois au pire dans les moments de crise. Bon, me direz-vous, la crise est derrière nous ?
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