AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782073041135
384 pages
Gallimard (11/01/2024)
3.76/5   87 notes
Résumé :
L'implosion de l'URSS a remis l'histoire en mouvement. Elle avait plongé la Russie dans une crise violente. Elle avait surtout créé un vide planétaire qui a aspiré l'Amérique, pourtant elle-même en crise dès 1980. Un mouvement paradoxal s'est alors déclenché : l'expansion conquérante d'un Occident qui dépérissait en son cœur.
La disparition du protestantisme a mené l'Amérique, par étapes, du néo-libéralisme au nihilisme ; et la Grande-Bretagne, de la financia... >Voir plus
Que lire après La Défaite de l'OccidentVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (19) Voir plus Ajouter une critique
3,76

sur 87 notes
5
6 avis
4
5 avis
3
1 avis
2
1 avis
1
4 avis
Quand on lit E. Todd depuis un certain temps, ce qui est mon cas, on attend avec impatience son travail de géographe-sociologue-anthropologue appliqué à la Russie et à l'Ukraine... Puis par extension à nous, occidentaux, comme le titre de son livre l'indique. Souvent dans ce cas, après une telle lecture, on est tenté (je suis tenté en fait) de résumer un peu, de traduire en quelques mots l'idée générale de l'essai. Ce qui atteint vite des limites devient ici impossible. Pourquoi ? Parce qu'en tant que français (francophones européens ce doit être la même chose, américains c'est moins net, la liberté d'expression est plus vivace) on part de loin... La vision des deux protagonistes principaux (le troisième est loin, à l'abri) est en effet résumée à une seule grille de lecture, partagée par tous les éditorialistes et détenteurs du pouvoir, médiatique compris : M. Poutine (et les russes donc, car ils l'ont élu) est fou et il veut conquérir l'Europe.
Ici, E. Todd propose autre chose : une ... ANALYSE. En onze chapitres très bien structurés, s'appuyant sur des cartes et des documents sourcés, il fait son travail de RÉFLEXION.
Il nous propose une grille de lecture basée sur des chiffres et de l'interprétation qu'il en fait. de ce fait, ce livre devrait être lu par la totalité des vrais journalistes, qui existent encore un peu en France. Pour les autres, c'est inutile, ils ont les dépêches de l'AFP et leurs amis.
J'ai personnellement trouvé les quatre premiers chapitres remarquables pour les analyses de la société Russe, de la société Ukrainienne, de l'émergence de la Russophobie ambiante et de sa définition de l'occident ou plutôt des deux occidents.
Les détracteurs de M. Todd ne pourront jamais lire son livre puisqu'il part du postulat inconcevable que M. Poutine n'est pas fou et que la Russie n'a nulle envie de s'attaquer militairement à l'Europe (Quand à la France je ne vous dis pas...). Il sera simplement traité de "Poutinophile" ce qui est pratique et évite les efforts de compréhension. M. Todd est français, européen, d'origines diverses dont il fier à raison et donc il s'adresse à nous de cet endroit... C'est son référentiel, il n'est ni russe ni ukrainien et n'a pas à "voter" ni pour M. Zelensky ni pour M. Poutine (Pour M. Biden, laissons cela à Saint Pierre). Il fait un travail d'observateur français, de chercheur français. Bref, il essaie de comprendre ce qui peut être fort utile en général, et lorsque la guerre est à nos porte (monnaie) en particulier. Il ne donne raison ou tort à personne, ce n'est pas le but de son livre, tout comme Newton n'a pas à aimer la pomme qui tombe et condamner l'arbre qui l'a laissée tomber (la pomme) : il lui faut juste chercher à comprendre.
Les chapitres suivants de son livre laissent une part plus grande à l'interprétation bien qu'étayés par moult études et statistiques. Il s'attaque à des réalités qui ont surpris les observateurs attentifs de cette crise : l'attitude des pays Nordiques, celle de l'Allemagne, de la grande Bretagne... Pour les États-Unis, pas de surprise, mais les chapitre huit à dix encore une fois éclairent d'un jour intéressant l'évolution de la situation économique, sociale et culturelle qui va se cristalliser bientôt autour de l'élection du nouveau président étasunien.
Ses explications utilisent toujours les mêmes appuis : religion, filiation, famille, traditions, culture, économie, tout cela définissant des systèmes politiques et économiques logiques et explicables au cours de l'histoire.
Enfin, sa conclusion se concentre sur le chef d'orchestre de cette crise : les États-Unis d'Amérique. Avec une proposition intéressante et originale.
Et comme je ne souhaite pas divulgâcher ce livre qui offre l'opportunité à chacun de s'instruire en réfléchissant à des analyses prodiguées ailleurs que sur les chaînes de propagande en continue de nos oligarques, je ne dévoilerai rien du contenu même. S'installer au chaud près d'un bon feu d'une cheminée produisant finalement bien moins de dioxyde de carbone que l'industrie d'armement n'en déverse sur des braves gars qui croient se battre pour des valeurs là où ils le font pour des milliardaires, ou sur des civils qu'on oublie tellement c'est devenu banal ou qui n'entrent pas dans le champs d'application des fameuses valeurs précédentes, reste une activité qui permet de mieux percevoir les forces souterraines qui animent nos sociétés et les mènent hélas parfois au pire dans les moments de crise. Bon, me direz-vous, la crise est derrière nous ?
Commenter  J’apprécie          7818
Si vous souhaitez démarrer l'année avec un essai loin du "politically correct", allez-y, vous ne serez pas déçus!
Un titre qui claque, ce n'est pas de la provocation, le sujet est ici pour l'auteur de nous donner son point de vue sur l'évolution de l'Occident, telle qu'elle lui apparaît, au travers de la guerre en cours en Ukraine et tout ce qui a été induit par cette guerre.

Dans son livre, Emmanuel Todd fait l'hypothèse que la Russie va gagner la guerre, pour elle la victoire étant un point essentiel, tout en "économisant" les hommes sur le terrain. La Russie serait sur une pente ascendante, comme en témoigne l'évolution favorable du taux de mortalité infantile. L'Occident quant à lui, s'empêtrerait dans une vision dépassée des rapports USA-pays affiliés, l'Occident basculant dans un régime de type "oligarchie libérale" plutôt que "démocratie libérale". Il insiste sur le fait que le PIB des USA est artificiellement gonflé en raison du déclin industriel et de l'insuffisance des formations d'ingénieur, ce qui n'est pas le cas de la Russie. Une Russie qui, d'après Todd, n'est peut-être pas le reflet de la manière dont elle est vue en Occident: ce n'est pas un pays déliquescent, mais elle semble être en restructuration rapide. C'est une démocratie autoritaire, comme chacun sait, avec une idéologie conservatrice, mais sa société bouge et devient très technologique. Elle veut sans doute récupérer 40% du territoire ukrainien et un régime neutralisé à Kiev. Todd insiste sur les migrations qui ont eu lieu avant la guerre vers la Russie, dans les zones de l'Est du pays.

Le chapitre qui m'a semblé particulièrement intéressant et important pour la suite des événements est le chapitre concernant comment la Russie est perçue par le reste du monde. Une Russie qui a pu constituer d'après l'auteur un "soft power", en témoigne le nombre important de pays qui n'ont pas voulu condamner l'agression en Ukraine. "Le refus occidental de penser la stratégie russe dans sa logique, avec ses raisons, ses limitations, a abouti à un aveuglement général." Pour beaucoup de pays n'appartenant pas à la sphère occidentale, la Russie peut apparaître comme un pays à "valeurs communautaires", ayant une grande capacité à empêcher le développement d'un individualisme absolu".

Les chapitres concernant l'Ukraine juste avant la guerre sont importants aussi: l'auteur insiste sur les 3 zones existant dans le pays: Ukraine occidentale, rurale, gréco-catholique et de famille nucléaire nette; une Ukraine centrale orthodoxe, de tempérament individualiste, et l'Ukraine du sud et de l'est, russophile, désertée par les classes moyennes et de fond famille nucléaire et patrilinéaire fort.

Maintenant j'évoque les points qui "fâchent" dans les critiques faites sur le livre:
- l'Ukraine ne serait pas une démocratie libérale, en témoigne le nombre de partis politiques interdits et l'importance des subventions occidentales dans le fonctionnement du pays;
- la faiblesse de l'Occident serait due à un degré zéro dans la religion et Todd insiste sur les effets du "protestantisme zéro". Selon l'auteur, l'état "zéro" de la religion balaierait les différences de classe et d'éducation.

L'analyse que fait Todd des démocraties européennes est intéressante aussi, avec des points moins connus du grand public qui sont mis en relief, comme la proportion importante de diplômés d'études supérieures chez les minorités ethniques en Grande-Bretagne (la moitié des médecins serait d'origine indienne ou pakistanaise..) autre point moins connu du grand public: dans l'establishment US de géopolitique, nombreux sont ceux dont les ancêtres viennent d'Europe de l'Est, à l'instar de M.Blinken (détail intéressant;.)

Le livre a été critiqué dans les media, on a reproché à Emmanuel Todd d'être "poutiniste", il s'en défend bien.
On peut accueillir avec grande réserve certaines de ses thèses, qui partent néanmoins d'un travail d'anthropologue.
Le mérite de ce livre est peut-être de souligner que cette guerre en Ukraine est avant tout un affrontement entre d'une part la Russie, et d'autre part les Etats-Unis et leurs alliés. Des Etats-Unis qui, pense l'auteur, redoutent beaucoup que l'Allemagne finisse par se rapprocher de la Russie....Le chapitre sur les BRICS et leur attitude face à la Russie est intéressant aussi.

Voilà donc un livre qui va à l'encontre des idées reçues. On peut évidemment en prendre et en laisser, le mérite est que ce livre fait réfléchir et sort du cadre habituel de pensée.. L'auteur évoque la présidence Obama avec beaucoup d'éloges et insiste sur le fait qu'Obama avait toujours d'armer les Ukrainiens, c'est Trump qui a commencé le processus.. Bref l'intérêt historique est certain, au-delà des polémiques...




Commenter  J’apprécie          413

Encore une fois, il faut remercier Emmanuel Todd d'avoir produit une réflexion indépendante, éloignée de cette propagande ambiante, unanime et simplistique que nous subissons journellement depuis l'invasion de l'Ukraine par la Russie. Todd justifie pleinement son statut de chercheur, d'être celui qui réfléchit à partir des données, qu'elles soient de nature historique, anthropologique, géopolitique ou démographique, et tentent de les interpréter loin des a priori, des fausses évidences ou des manipulations du réel.

Il n'est pas possible d'aborder tous les aspects de cet essai compact, chiffré et argumenté, qu'il faut lire avec attention, tout en conservant évidemment un esprit critique pour se faire soi-même une opinion raisonnable. Opinion nécessaire, et de plus en plus, vu les bruits de bottes qui commencent à se faire entendre dans notre occident. L'esprit militariste et belliciste a le vent en poupe et nous menace certainement plus que la Russie.

L'introduction est déjà passionnante. Todd nous détaille les 10 surprises qui ont surgi depuis l'invasion de l'Ukraine. Je ne vais pas les reprendre une à une, bien qu'elles constituent le corps de son travail, ce serait trop long. Ces « surprises » sont largement reprises et explicitées par la suite, chapitre par chapitre.

Certaines, cependant, méritent d'être citées comme la surprenante résistance de l'armée ukrainienne alors que les USA dès l'invasion avait proposé à Zelensky d'être exfiltré vers la Pologne pour former un gouvernement en exil. Finalement, l'armement fourni par Trump (et non par Obama qui s'y était toujours refusé) à la suite de l'annexion de la Crimée par la Russie s'est révélé très efficace contre les chars russes en route vers Kiev. Mais cela n'explique pas tout. Ce pays en état de décomposition avancée, aux mains d'oligarques et gangréné par une corruption endémique d'un niveau rarement atteint, qui avait perdu (tenez-vous bien) 11 millions d'habitants entre 1990 (la date de sa réelle indépendance à la suite de la chute de l'URSS) et 2021, passant de 52 à 41 millions (par chute de la natalité, combinée avec une émigration soutenue de sa population, vers la Russie pour l'est de l'Ukraine, et vers l'occident pour l'ouest de l'Ukraine) a trouvé dans la guerre une raison de vivre, une justification à son existence, par l'émergence d'un nationalisme ukrainien qui (on y reviendra) est particulièrement vivace dans l'ouest de l'Ukraine.

Autre surprise, l'étonnante résistance de l'économie russe qui ne souffre guère des sanctions occidentales, même de l'exclusion du système d'échange interbancaire Swift (censée liquider financièrement la Russie). Ces sanctions nous font beaucoup plus de mal qu'à la Russie (en nous privant de nos échanges commerciaux avec ce pays) et relèvent plus d'une sorte de suicide économique de l'Europe qu'autre chose. Nous avons décidé de faire de cette guerre un conflit mondial (à nos dépends) alors qu'elle aurait dû rester un conflit d'intérêt régional où s'affrontaient les USA (par Ukrainiens interposés) et la Russie. Nous n'avions aucun intérêt stratégique majeur à nous y mêler, pas plus qu'aux autres guerres qui hélas existent dans le monde.

Encore une autre surprise, l'incapacité des USA de fournir sur la durée l'armement nécessaire à l'Ukraine pour assurer sa défense. D'autant plus que depuis peu, il leur faut fournir aussi Israël qui rase Gaza. Si bien que l'Ukraine est en train de perdre cette guerre. En parallèle, nous assistons à une inquiétante agitation militaire des européens dont certains se croient capables de suppléer les USA.

Enfin, dernière surprise d'importance, l'isolement idéologique des occidentaux qui se retrouvent seuls face au monde. Habitués à claironner la bonne parole des valeurs occidentales et à ce que le monde suive leur panache blanc, les occidentaux s'aperçoivent avec effroi que la plupart des pays de la planète n'ont pas condamné l'invasion et même soutiennent (plus ou moins discrètement) la Russie. Pour des raisons variées, séquelles coloniales pour certains (qui donc sont ces gens qui depuis toujours nous font la morale alors qu'ils ont envahi nos pays et nous ont soumis par la force ?), étroit partenariat économique avec la Russie pour d'autres, ou plaisir sournois de voir les USA et ses vassaux européens s'enliser et s'affaiblir dans cette guerre, ainsi la Chine, le poids lourd économique mondial du moment. le monde change, l'Iran pourtant un ennemi traditionnel de la Russie lui fournit des drones, l'Inde le pays le plus peuplé du monde commerce sans discontinuer avec la Russie, la Turquie pourtant membre de l'OTAN entretient une relation privilégiée avec la Russie, la Chine depuis la guerre récupère le gaz russe, etc. Les occidentaux n'ont rien compris aux bouleversements géopolitiques en cours depuis une dizaine d'années et y réagissent en fantasmant de plus en plus une guerre mondiale (que personne ne souhaite, ni n'imagine à part eux).

Dire que je n'en suis qu'à l'introduction… Comment donc résumer un livre d'une telle densité ?
Je vais évoquer deux points et oublier le reste (vous n'avez qu'à lire le bouquin pour en savoir plus).

L'état de la Russie. En occident, depuis le début de la guerre, on décrit la Russie comme une dictature où une population pauvre et misérable ploie sous le joug du tyran. le paradoxe est que la Russie de Poutine se porte infiniment mieux que dans la période du dramatique effondrement économique qui a suivi la chute de l'URSS (la période Eltsine, le prédécesseur de Poutine). La Russie de Poutine est un pays redressé, stabilisé, qui possède des indicateurs positifs assez surprenants.

Par exemple, entre 2000 et 2017, pour 100 000 habitants, le taux de décès par alcoolisme est tombé de 25,6 à 8,4 - le taux de suicide de 39,1 à 13,8 - le taux d'homicide de 28,2 à 6,2. En 2020, l'amélioration se poursuit pour le taux d'homicide tombant à 4,7 et en 2021 le taux de suicide tombe à 10,7. de même, la mortalité infantile (un chiffre très important de l'état profond d'une société) est tombée de 19 pour 1000 enfants (nés vivants) en 2000 à 4,4 en 2020 passant sous le taux des USA qui est à 5,4. Par ailleurs, en quelques années, la Russie est devenue autosuffisante sur le plan alimentaire si bien qu'elle est désormais exportatrice net de produits agricoles, ce qui ne lui était jamais arrivé dans son histoire récente (ex. en 2012 la Russie a produit 37 millions de tonnes de blé, mais 80 millions de tonnes en 2022). Elle est le second exportateur de centrales nucléaires au monde laissant la France (qui s'en croit la spécialiste) loin derrière. Un fait notable de bonne santé sociétale, l'éducation n'est pas en crise, avec comme résultat que la Russie possède un vivier important d'ingénieurs, lesquels représentent 23,4 % des personnes faisant des études supérieures (7,5 % d'étudiants ingénieurs aux USA – 24,2 % en Allemagne – 18,2 % au Japon), vivier qui n'est pas pour rien dans sa capacité d'adaptation. etc. etc.

Je ne vais pas égrener toutes les données, mais elles indiquent un redressement spectaculaire d'une étonnante rapidité après la chute vertigineuse des années 90 (fin de l'URSS). le vrai problème de la Russie est sa faible fécondité (1,5 enfants/femme) qui ne permet pas le renouvellement des générations. Un vrai problème qui inquiète beaucoup ses dirigeants (nationalistes).

Par ailleurs, les sanctions occidentales sont notoirement contreproductives (alors que nous les payons, nous, durement) et favorisent une reconversion ultra-rapide de l'économie russe, laquelle se tourne vers d'autres partenaires (que nous) et prend son autonomie (par rapport à nous).

La Russie est un pays autoritaire et nationaliste, certes, mais qui a conservé sa monnaie donc sa souveraineté (pas nous), a su mettre au pas ses oligarques (pas l'Ukraine), est délivrée de son antisémitisme atavique, préserve même en temps de guerre la liberté de circuler à ses habitants, et dont les indicateurs économiques et sociétaux sont bons. Loin de la caricature qu'on nous sert à longueur de journée. Ce n'est pas le paradis, évidemment, c'est un régime autoritaire où il ne fait pas bon être un opposant (surtout maintenant en temps de guerre), mais qui conserve le soutien d'une majorité de sa population (ce qui exaspère les occidentaux), surtout des couches populaires, heureuses de l'élévation de son niveau de vie après le cauchemar économique post-soviétique des années 90.

Après l'invasion, on a présenté Poutine comme un fou, une sorte de mégalomane paranoïaque imprévisible, prêt et capable de tout. Ceci n'est que propagande. La Russie a prévenu de longue date qu'elle refusait l'élargissement de l'OTAN vers l'est, une progression continue depuis la chute de l'URSS malgré ses protestations, et qu'elle ne laisserait pas faire si l'Ukraine tombait sous influence occidentale. En 2008, au sommet de l'OTAN, pour la première fois l'adhésion de l'Ukraine est envisagée. L'élection en 2010 d'un président ukrainien russophile met fin à cette première tentative. La révolution de Maiden en 2014 qui a renversé le président ukrainien russophile démocratiquement élu change la donne. de nouveau, l'Ukraine est candidate à l'adhésion à l'OTAN. Prise de panique face à une Ukraine qui lui échappe, la Russie annexe la Crimée (sans violence). Sans violence, comment est-ce possible ? On y reviendra. Au même moment, la guerre dans le Donbass (région séparatiste russophile de l'Ukraine) accélère la politique de dérussification menée par le gouvernement central.

L'invasion de l'Ukraine n'est pas l'action d'un fou, imbécile de surcroît (Poutine), mais est au contraire l'action rationnelle d'une grande puissance qui veut conserver sa zone d'influence et un glacis géographique protecteur qui lui apparaît comme vital. Ce qui est une réaction classique de toute grande puissance qui tient à conserver son rang. Rappelons-nous la réaction des USA en 1962 quand l'URSS a déployé des missiles nucléaires sur l'Ile de Cuba, une crise majeure qui a failli précipiter la planète dans une guerre mondiale. Que l'on condamne cette invasion est normale, mais ce qu'on ne peut pas dire c'est qu'il s'agit d'une action militaire irrationnelle ni que la Russie n'avait pas prévenu de ses intentions (plusieurs lettres à l'OTAN et à Biden). La surprise, c'est plutôt que les occidentaux aient été surpris que la Russie mette sa menace à exécution.

Pour nous entraîner dans cette guerre, on essaye aussi de nous faire croire que la Russie, dès qu'elle aura dévoré l'Ukraine, va s'attaquer à la Pologne, puis à l'Allemagne, et à la France pour planter son drapeau au sommet de la tour Eiffel. On est vraiment soit dans le délire total soit dans le mensonge le plus absolu. D'abord, militairement, la Russie n'en a pas les moyens. Mais pas du tout, du tout. Elle a déjà du mal avec l'Ukraine… Ce serait de sa part se lancer dans une opération suicide. Or, jusqu'à présent, la Russie a agi de manière brutale, mais rationnelle. Ensuite, c'est n'avoir rien compris au conflit que de croire que la Russie a des visées sur le reste de l'Europe. Ce conflit est profondément russo-ukrainien. Et c'est bien une très grave erreur que d'en faire un conflit qui risque de dégénérer à l'échelle mondiale.

C'est là qu'il nous faut parler de l'Ukraine. L'Ukraine est un pays qui n'a jamais existé avant le 20ème siècle. Non pas que les Ukrainiens n'existent pas, mais c'était jusqu'en 1922 un territoire soumis à diverses dominations et influences extérieures. Après la révolution bolchévique en 17 et la fin de la guerre civile (marquée par la victoire des Rouges sur les Blancs), les bolchéviques décident de créer en 1922 une République Socialiste Soviétique d'Ukraine. le territoire est vaste et englobe des populations peu homogènes.

Pour faire simple, l'est et le sud de l'Ukraine est issu de ce qu'on appelle la Nouvelle Russie depuis la conquête de ces territoires sur l'empire Turque par Catherine II de Russie au 18ème siècle. Une politique de peuplement de Russes et de constructions de villes s'y développe. le centre et l'ouest de l'Ukraine furent dominés au cours de l'Histoire par les Polonais puis par l'empire Autrichien. de cette histoire très mouvementée (évidemment bien plus complexe dans le détail) subsiste une partie orientale russophone et russophile et une partie ukrainophone et russophobe à l'ouest. Par ailleurs, cette division se renforce d'une division religieuse (catholique à l'ouest et orthodoxe à l'est) et d'une structure familiale différente (nucléaire à l'ouest et communautaire à l'est).

Todd présente une carte électorale sidérante (p. 88) qui illustre de manière spectaculaire cette division. En 2010, le candidat russophile Ianoukovytch (qui remporta l'élection) obtient au second tour jusqu'à 90 et 88% dans les provinces de l'est alors que son score tombe à 7 ou 8% dans les provinces de l'ouest. Jamais la division d'un pays ne se sera traduit aussi clairement dans sa géographie par des élections. Et c'est là encore une des propagandes que nous subissons continuellement, l'Ukraine serait un pays homogène, tous les ukrainiens unis contre l'envahisseur. Todd aurait pu aussi citer le sondage GALLUP (institut américain) qui a interrogé les Ukrainiens sur le rôle des USA, de la Russie, ou leur adhésion à l'OTAN, qui montre également un pays coupé en deux, dont les réponses sont frontalement opposées à l'est et à l'ouest.

Jusqu'en 2014, l'est de l'Ukraine plus industriel et plus peuplé fait gagner les élections aux candidats russophiles. Mais après la révolution de Maiden à Kiev, qui renverse le gouvernement élu et instaure un gouvernement pro-occidental, s'opère un point de bascule. L'émigration de la population orientale vers la Russie s'accélère, surtout avec la politique de dérussification conduite par le gouvernement pro-occidental qui supprime entre autres le statut de langue régionale au russe dans les provinces de l'est. L'est, russophone et orthodoxe, perd son poids démographique au profit de l'Ukraine occidentale, catholique et ukrainophone. Et, en même temps, perd toute perspective électorale. Menacés dans leur culture par l'ukrainisation, les habitants de la province du Donbass déclarent leur indépendance en 2014 et la guerre civile qui s'ensuit entre les forces régulières ukrainiennes et les rebelles fait des milliers de morts. Ceci, c'est avant l'invasion de l'Ukraine par les Russes (en 2022).

J'ouvre une parenthèse en forme d'anecdote. le grand-père de mon épouse, Tchesslav Tchechovitch (cf éventuellement ma critique de son livre sur Gurdjieff, tapez Tchekhovitch car il a été mal orthographié par Babelio) est né à Ekaterinoslav sur les bords du Dniepr (en Ukraine donc). Cette ville construite sous Catherine II de Russie (d'où son nom) a été rebaptisée par les soviétiques en Dniepropetrovsk (Dnipropetrovsk en ukrainien), puis en 2016 en Dnipro par le gouvernement de Kiev dans sa politique de dérussification. La langue maternelle (de Tchesslav) était le Russe et il ne s'est jamais considéré que comme Russe (en exil après la révolution bolchévique car il avait combattu contre les Rouges dans l'armée du Tsar). Je n'ai jamais entendu son fils Oleg, de langue maternelle russe, prononcer le mot Ukraine. Il se considérait comme un fils d'exilé russe.

Bon, tout ça pour dire quoi ? Que ce pays qui n'a jamais constitué un Etat-nation, miné par des antagonismes désormais irréductibles, instable et en décomposition (perte de 11 millions d'habitants depuis 1990), doit trouver un nouvel équilibre. La juste condamnation de l'invasion russe est une chose, mais on ne peut mettre en péril la paix mondiale dans un engrenage militaire absurde. C'est une atroce boucherie chaque jour en Ukraine où des centaines de jeunes hommes de 20 ans meurent des deux côtés.

La Russie est en train de gagner cette guerre, mais depuis de longs mois elle est prête à négocier. Après son échec initial de prendre Kiev et de renverser Zelensky, la Russie a changé totalement de stratégie. Rationnelle, elle s'est focalisée sur les seules régions russophones pour les occuper. On a compris qu'elle se contenterait de ce gain et l'a fait savoir. En Ukraine, les nationalistes (Zelensky et son gouvernement) refusent cette hypothèse et vire les responsables militaires ukrainiens qui sont favorables à une négociation (c'est le cas du très populaire général Zaloujny qui commandait jusqu'en février l'armée ukrainienne). Pourtant, vu les dégâts désormais irréversibles causés par cette guerre, un Etat-nation viable serait une Ukraine homogène, c'est à dire culturellement ukrainienne, linguistiquement ukrainienne et religieusement catholique. Seule issue possible au conflit (même le Pape, que je n'ai pas l'habitude d'écouter, demande l'arrêt des combats et une négociation).

Le livre de Todd c'est aussi beaucoup d'autres choses. Mais la place manque pour développer les autres points. L'analyse de la situation aux USA et en Grande-Bretagne est passionnante et profondément originale. Je vous engage à lire ce livre, non pas pour y adhérer benoîtement (on y lit aussi des choses contestables), mais pour réfléchir par vous-même loin du tintamarre assourdissant de la propagande médiatique (de plus en plus propagande de guerre, hélas).

Je finirais par un petit mot sur la Crimée (je m'y suis engagé), qui n'est pas dans le bouquin de Todd. La Crimée est un cas à part. Les premiers habitants de la Crimée sont les tatars, dont tout le monde se fout (ce sont les indiens d'Amérique du coin). La région a été longtemps sous domination ottomane avant que Catherine II de Russie (encore elle…) au 18ème siècle (c'est vieux) ne batte les Turques et s'empare du territoire. C'est sous son règne que les grandes villes de Crimée ont été construites comme Sébastopol et que les Russes sont venus en nombre peupler ce territoire.

Contrairement aux régions de l'est de l'Ukraine actuelle, la Crimée a été intégrée à la République socialiste soviétique de Russie (c'était logique) après la révolution bolchévique. En 1954 (c'est pas vieux), pour une raison mystérieuse (en tout cas, je ne la connais pas), Khrouchtchev qui dirigeait à l'époque l'Union soviétique a décidé de détacher la Crimée de la République socialiste soviétique de Russie et de la rattacher à la République socialiste soviétique d'Ukraine. Curieuse décision de rattacher à l'Ukraine une région qui sans conteste est Russe et non ukrainienne [En 2014, selon une répartition ethnique (type de répartition que personnellement je n'aime guère), les Russes étaient plus de 63%, les Ukrainiens environ 15% et les Tatars 12%]. Il ne faut pas s'étonner que l'annexion se soit faite sans résistance particulière en 2014.

Si le référendum entérinant l'annexion est très sujet à caution (ce sont les Russes qui l'ont organisé…), l'approbation de la population a été confirmée par des instituts de sondage indépendants (américains) qui ont montré que plus de 83% des habitants de Crimée approuvaient effectivement ce retour en Russie. Au regard de l'Histoire et de la volonté majoritaire de la population, s'acharner à vouloir reprendre la Crimée aux Russes montre la cécité des nationalistes ukrainiens (et des médias occidentaux).


Commenter  J’apprécie          138
Emmanuel Todd nous a donné une oeuvre profondément originale, au carrefour de l'anthropologie, de l'histoire, de la sociologie, de la démographie, de l'économie et de la politique, fondée pour sa plus grande partie sur une thèse selon laquelle les structures familiales des sociétés paysannes de l'ère préindustrielle ont continué et continuent encore malgré la disparition de ces sociétés à déterminer largement le comportement et les mentalités des populations.
Dans le présent livre, il applique cette matrice à la géopolitique et particulièrement à l'état des relations entre l'Occident et la Russie.

Sa thèse en la matière fera grincer quelques dents, tant elle va à rebours de la doxa quasi-unanime qui règne dans nos pays.
On peut la résumer grossièrement ainsi :
La Russie se porte bien et conserve pour le moment une société cohérente et soudée. Ce n'est pas un peuple d'esclaves dominé par un fou, mais une démocratie autoritaire qui va gagner la guerre qui l'oppose à l'Occident par Ukraine interposée. Mais elle n'a pas de velléités impérialistes et ne menace pas l'Europe.
L'Occident se porte mal. Il n'est pas composé de démocraties libérales mais d'oligarchies libérales, où les élites ont fait sécession du peuple qu'elles méprisent. Sa société est malade, en raison de la désindustrialisation massive, qui ne lui permet même pas de produire en quantité suffisante les munitions nécessaires à l'Ukraine, mais aussi de la sortie de la religion. Elle a survécu quelque temps à sa propre mort, par l'intégration de ses valeurs à la société civile, grâce auxquelles elle restait capable d'idéalisme et d'actions collectives. Mais cela même a fini par mourir, et, pour reprendre la terminologie de l'auteur, on est passé de la « religion-zombie » «  à la « religion-zéro ». le nihiisme est devenue l'idéologie mortifère de l'Occident, qui laisse subsister des individus atomisés, anomiques, et finalement désespérés
Cependant Occident et Russie sont pareillement menacés par l'effondrement démographique, principale menace pour leur survie.
On aurait tort de balayer ces thèses sans les examiner en raison de leur caractère provocateur ; provocateur, l'était aussi son premier livre, « la chute finale », publié en 1976, qui prévoyait l'effondrement de l'Union Soviétique, alors qu'elle n'avait jamais été plus forte, et que son triomphe final apparaissait de l'ordre du vraisemblable.
Je ne sais trop comment ce livre sera reçu. Pour le moment, il n'est pas trop mal accueilli.
Le Figaro et Marianne apprécient, Libération non ; cela n'est d'ailleurs pas étonnant.
Mais je crains surtout qu'il soit étouffé par une clameur de silence, comme il advient souvent pour les ouvrages exposant un point de vue réellement non conformiste
Addendum du 28 janvier.
L'Express consacre un article à " l'art de prendre ses désirs pour des réalités" d'Emmanuel Todd. le titre est plaisant de la part d'un organe de presse qui prédit depuis deux ans l'effondrement économique de la Russie et la victoire de l'Ukraine et se réjouissait encore il y a quelques mois du succès futur de la contre-offensive ukrainienne. Comme le disait Rousseau, écartons tous les faits, ils n'ont aucun rapport avec la question
Addendum du trente janvier. Article hostile des Échos. C'est très bien, au moins on en parle
Addendum au 2 mars.
Quand même pas mal d'insultes dans les médias.
Alors je comprends très bien que ses thèses puissent heurter tant elles sont contraires au discours quasi-unanimité tenu sur la question.
Cependant réfléchissez un instant à ceci:
Il a donc comme dit plus haut annoncé la chute de l'URSS que rien ne laissait prévoir.
A la même époque, Jean-François Revel, grand journaliste et esprit de premier ordre, se déroulait dans plusieurs volumes (La trntatioo totalitaire, Comment les démocraties finissent) du triomphe futur de la même Union Soviétique, qui lui paraissait inéluctable
A la même époque encore Hélène Carrère d'Encausse, historienne et spécialiste reconnue de la Russie et de l'Union Soviétique, prédisait elle un risque de désintégration sous la pression des Républiques musulmanes de l'Union, qui au contraire ne contesterent jamais le régime où les anciens apparatchiks soviétiques restèrent en place après les indépendances et sont toujours au pouvoir
Alors attendez un peu avant de rejeter les thèses de Todd et de dire qu'il prend ses désirs pour des réalités. En ce moment, les choses vont très vite...'
Commenter  J’apprécie          366
J'avais écrit ici une diatribe contre le livre de Todd, mais je la retire, pour plusieurs raisons. La diatribe me déplait comme genre. Je l'avais écrite en imitant Todd dan sa sa façon de parler. Mais en la relisant, je n'aime pas ça. Je préfère, pour les ouvrages que je lis, ne poster que ce qui me plait vraiment. La géopolitique n'est pas pour moi. Trop angoissant. Je préfère m'absorber dans des récits de vie ou des romans. C'est le principal de mes lectures. Je m'étais absorber un temps dans des des livres sur l'Ukraine, pour essayer de comprendre, des livres et des recherches sur le net. Je ne partage pas la vision de Todd, elle me semble injuste, bien qu'à certains égards, je le rejoins (en particulier sur les états-unis). Et compte tenu des réactions, je préfère revenir au goût de la littérature, celle qui m'apaise.
Commenter  J’apprécie          3841


critiques presse (3)
OuestFrance
08 février 2024
Emmanuel Todd observe les rapports de force mondiaux et portraitise un Occident en plein déclin. Avec plus ou moins de rigueur?
Lire la critique sur le site : OuestFrance
Bibliobs
06 février 2024
Dans « la Défaite de l’Occident », l’essayiste veut démontrer que la Russie a réussi là où nous avons failli, au prix de gros arrangements avec le réel que pointe la spécialiste Anna Colin Lebedev.
Lire la critique sur le site : Bibliobs
LeMonde
05 février 2024
Dans son nouveau livre, l'essayiste annonce la fin de l'Ukraine et de l'Occident, sans réels arguments et sans s'embarrasser de cohérence mais en ligne avec la propagande russe.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (14) Voir plus Ajouter une citation
La fin de l’élite au pouvoir (aux états-unis, ndr), dans un climat de moralité zéro, s’est accompagnée de la volatilisation de tout ethos commun au groupe dirigeant. L’élite WASP indiquait une direction, des objectifs moraux, bons ou mauvais. Le groupe dirigeant actuel (je n’ose l’appeler élite) ne propose rien de tel. Ne subsiste en son sein qu’une dynamique du pouvoir pur qui, projetée sur le monde extérieur, a muté en une préférence pour la puissance militaire et la guerre.
Commenter  J’apprécie          240
Neuvième surprise, la solitude idéologique de l’Occident et l’ignorance où il était de son propre isolement. S’étant habitués à édicter les valeurs auxquelles le monde doit souscrire, les Occidentaux s’attendaient, sincèrement, bêtement, à ce que la planète entière partage leur indignation face à la Russie. Ils ont déchanté. Le premier choc de la guerre passé, on a vu apparaître un peu partout un soutien de moins en moins discret à la Russie.
Commenter  J’apprécie          210
Sur le plan des conceptions sociales, toute la sphère protestante a partagé, à un degré ou un autre, l'idée, héritée de la doctrine de la prédestination, qu'il y a des élus et des damnés, et que les hommes, donc, ne sont pas tous égaux. Un inégalitarisme franc en Allemagne, atténué aux-Pays-Bas, en Angleterre et en Amérique, mais qui, dans tous les cas, s'est opposé à l'idée catholique (ou orthodoxe) d'une fondamentale inégalité des hommes, lavés du péché originel par le baptême. Rien d'étonnant, en conséquence, à ce que les deux formes les plus puissantes ou les plus stables du racisme soient apparues en pays protestant.
Commenter  J’apprécie          70
Le complotisme se répand, pathologie spécifique d’un système social structuré par le couple élitisme/populisme, par la méfiance sociale.

L’idéal démocratique, sans aller jusqu’au rêve d’une égalité économique parfaite de tous les citoyens, comportait la notion d’un rapprochement des conditions sociales.
Commenter  J’apprécie          80
La doctrine militaire russe actuelle, au contraire, découle du constat que l’homme est devenu rare. C’est l’une des raisons pour lesquelles la Russie n’est entrée en Ukraine qu’avec 120 000 soldats.
Commenter  J’apprécie          90

Videos de Emmanuel Todd (45) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Emmanuel Todd
En tête des ventes dans la catégorie essais, "La défaite de l'Occident" d'Emmanuel Todd, attire par ses thèses dénoncées comme pro-Poutine. Guillaume Erner le reçoit pour en discuter, avec également Bernard Guetta, député européen et ancien correspondant de presse à Washington et Moscou.
Visuel de la vignette : Maxppp, AFP
#geopolitique #politique #russiaukraine --------------------------------------------- Découvrez tous les invités des Matins dans "France Culture va plus loin" https://www.youtube.com/playlist?list=PLKpTasoeXDroMCMte_GTmH-UaRvUg6aXj ou sur le site https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/l-invite-e-des-matins
Suivez France Culture sur : Facebook : https://fr-fr.facebook.com/franceculture Twitter : https://twitter.com/franceculture Instagram : https://www.instagram.com/franceculture TikTok : https://www.tiktok.com/@franceculture Twitch : https://www.twitch.tv/franceculture
+ Lire la suite
autres livres classés : géopolitiqueVoir plus
Les plus populaires : Non-fiction Voir plus


Lecteurs (329) Voir plus



Quiz Voir plus

Retrouvez le bon adjectif dans le titre - (5 - essais )

Roland Barthes : "Fragments d'un discours **** "

amoureux
positiviste
philosophique

20 questions
849 lecteurs ont répondu
Thèmes : essai , essai de société , essai philosophique , essai documentCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..