AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de karmemma


Lu en anglais sous le titre "Women talking" : ce titre tout simple est justement ce qui m'a attiré l'oeil, au milieu d'un présentoir de la bibliothèque consacré au féminisme. Quelques phrases parcourues en diagonale m'ont convaincue de me lancer dans cette lecture, sans avoir étudié plus avant l'histoire des Mennonites et du fait divers qui a inspiré ce livre.

Pour bien comprendre de quoi il s'agit, je conseille quand même un minimum de lecture sur les Mennonites avant de plonger, ne serait-ce que l'article de Wikipédia sur les mennonites de Bolivie. Sinon un très bel article de la journaliste Jean Friedman-Rudovsky paru dans Vice rapporte de façon précise l'affaire, particulièrement horrible, des viols de centaines de femmes de cette communauté marquée par le traditionalisme religieux, par des hommes qui étaient leurs pères, leurs frères, leurs oncles, leurs cousins, leurs maris.

Ce roman est avant tout remarquable par son mode de narration. le narrateur, Augustus Epp, est l'instituteur de la colonie. Autrefois excommunié et chassé avec ses parents, il est revenu dans la plus humble des postures pour retrouver Ona, son amie et amour d'enfance.
Ona est l'une des femmes qui ont été violées et se réunissent pour décider si elles doivent rester et se battre, ou partir.
Augustus retranscrit les minutes de leur réunion avec une fidélité relative, peu importe car les femmes ne savent pas lire... Alors il mêle aux débats ses souvenirs, ses émotions, ses observations, ses espoirs. C'est ce qui contribue à rendre le texte si touchant et si réel.

C'est justement un magnifique espoir qui nous est offert là, un espoir teinté d'une douce naïveté, presque une folie, qui est comme l'autre face de la médaille du traditionalisme religieux. Celui-ci a été le ferment dans lequel a prospéré la société patriarcale violente qui a opprimé les femmes, jusqu'à vouloir aujourd'hui les forcer à pardonner leurs agresseurs... et autoriser qu'ils recommencent à violer non seulement les femmes mais leurs enfants.
Pendant deux jours et une nuit, les femmes rient, débattent, se disputent, et surtout elles pensent. Elles s'autorisent à désirer, à exiger, à réfléchir, à reconnaître leur propre existence. Elles pensent et veulent continuer à penser.
Une prise de conscience qui ne peut conduire qu'à une seule issue : elle leur apparaît comme une évidence davantage que comme une décision.

C'est le coeur serré par l'émotion que j'ai tourné les dernières pages, émotion mais aussi tristesse, car je ne suis pas sûre que cette fin romancée aurait été possible, a été possible dans la vraie vie. Ce serait si beau, si simple, si fort... Sans doute trop.
Commenter  J’apprécie          20



Ont apprécié cette critique (2)voir plus




{* *}