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Critique de nebalfr


Article portant sur une relecture de l'édition originale anglaise.

(PLUS DE) VINGT ANS APRÈS



Cet été, j'ai enfin fait une chose que je voulais faire depuis très, très longtemps : relire le Seigneur des Anneaux, mais en VO. J'ai eu l'occasion de le dire çà et là, mais, très banalement je suppose, je fais partie de ceux pour qui ce roman fleuve a tout changé, quand je l'ai lu vers l'âge de 11 ans. Je lisais déjà avant, mais c'est vraiment ce livre qui a fait de moi un bibliophage, en même temps qu'il a constitué une porte d'entrée idéale pour les littératures de l'imaginaire – c'est, oui, littéralement, le livre qui m'a fait aimer les livres, et tout particulièrement ceux de science-fiction, de fantasy et de fantastique (à une époque où je ne faisais vraiment pas la différence).



En mettant de côté mon « faux départ », quand j'avais tenté de le lire vers 10 ans et avais abandonné au « Conseil d'Elrond » (souvenir traumatisant !), j'ai lu et relu ce livre au moins trois fois quand j'étais ado, parallèlement à mon approfondissement du « Légendaire » tolkiénien – avec un attachement particulier pour le Silmarillion (que j'ai encore plus souvent lu et relu).



Mais, pour le coup, je n'avais pas relu ce livre précisément, le livre phare, depuis au moins vingt ans – période durant laquelle j'ai pourtant beaucoup lu et relu Tolkien de manière générale. Je voulais donc y remédier ; un temps, j'ai pensé le faire au travers de la nouvelle traduction française… et puis, je me suis dit : Bah ! Tant qu'à faire, tentons l'anglais !



Et si je l'ai fait plus particulièrement cet été, c'était dans l'espoir que cela débouche sur une campagne de jeu de rôle, Ténèbres sur la Forêt Noire, à la base avec le système de L'Anneau Unique, ou bien avec son « portage » D&D5, c'est-à-dire Adventures in Middle-Earth – hélas, mes joueurs ne se sont pas montrés très réceptifs, bon, il faudrait peut-être que je tente une ultime relance, et sinon…



Maintenant, disons les choses : je ne vais pas faire, à proprement parler, une chronique d'un livre que vous avez tous lu, ça serait absurde. Et je ne vais pas non plus en faire un commentaire érudit et précis, je ne suis pas assez à fond dans l'exégèse tolkiénienne pour tenter la chose, et vous trouverez en un clic des dizaines de gens autrement compétents pour le faire. La raison d'être de cet article est donc un peu douteuse, hein… Quand j'avais relu, dans les mêmes conditions, The Hobbit, quelques mois plus tôt, j'avais certes pris mon pied mais, de quelque manière que je tourne le problème, je ne voyais pas comment je pourrais en livrer une chronique, pour les mêmes raisons – aussi avais-je choisi de faire l'impasse : chose rare, car en principe je chronique (absurdement...) tout ce que je lis, bon ou mauvais, et qu'importe le genre, mais, oui, il y a bien quelques exceptions.



Mais j'ai supposé, dans le cas de The Lord of the Rings, que je pourrais en lieu et place émettre quelques remarques d'un ordre relativement intime, bien loin de toute volonté critique ou érudite donc – des remarques portant sur les différences (nombreuses !) entre ce que j'ai relu et le souvenir que j'en avais, avec au moins vingt ans d'écart. Ces remarques, par ailleurs, ne relèvent donc pas d'un argumentaire précis, et je vais les livrer, ou en tout cas en livrer quelques-unes, comme elles me viennent. Et, bien sûr, ces remarques pourront paraître naïves à bien des lecteurs – ça n'est en rien un problème en ce qui me concerne, ça fait partie du truc.



Et, oui, je vais m'étaler. Forcément.



QUESTIONS DE VOLUME



Il y a quand même une remarque d'ordre global qui doit prendre la première place, je suppose : ce n'est pas un roman si long que ça… Il est long, assurément, dans les 1500 pages dans cette édition (en zappant les textes de présentation et le colossal index à la fin de The Return of the King), mais il n'est pas si long. En fait, avec son caractère de modèle de la trilogie de fantasy, il a depuis largement été enfoncé par des cycles autrement volumineux, constitués de tomes autrement volumineux (oui, George R.R. Martin, je parle entre autres de toi).



Si j'y ai mis l'été, c'est parce que je voulais y aller tranquillement, et sans m'imposer de ne faire que ça – mais, justement : cet été, j'ai lu par exemple Lyonesse de Jack Vance, qui fait a priori une longueur comparable… de même que j'ai lu Les Jardins de la Lune, le premier tome du « Livre des Martyrs » de Steven Erikson, pavé lançant une série dont les tomes ultérieurs sont encore plus pavés, ou, plus récemment, j'ai échoué, cette fois, à lire L'Enfant de poussière de Patrick K. Dewdney, censément le premier d'une série de sept, qui pèse comme le Erikson ses 620 pages et y a pas de raison pour que ça diminue vraiment par la suite, à en juger par le tome 2, La Peste et la vigne, sorti tout récemment… Non, le roman de Tolkien n'est pas si long – du moins au regard de critères contemporains qu'il a certes probablement contribué à définir.



Mais, au-delà, c'est aussi qu'il est merveilleusement prenant ! Et là, oui, je sais, vous allez me dire : « Les chansons, c'est horrible… », ou : « La Comté, qu'est-ce que c'est chiant… », ou : « Tom Bombadil, non mais allô quoi… », ou : « Hey, Tolkie-chou, c'est un roman que je veux lire, pas un précis de botanique et de philologie ! », ou : « Mais ils vont arrêter de papoter, oui ? », ou : « Hey, les deux porteurs de l'Anneau, vous pouvez pas accélérer un peu le pas ?! », ou : « On doit vraiment se taper tout le savoir des Ents ? », ou : « Les putain d'aigles, z'auriez pas pu débouler plus tôt ?! », ou : « On doit vraiment se retaper la Comté ? » Et il y a de quoi abonder dans votre sens dans tous ces exemples. Et pourtant… Ben, non, je ne me suis pas emmerdé un seul instant. Les pavés lus en parallèle, c'est beaucoup moins vrai – et pas pour rien que j'ai lâché l'affaire avec les années de formation de Syffe (*bâille*)… Non, je crois que tout est à sa place – pour l'ambiance, comme pour l'histoire.



UNE TEMPORALITÉ DISTORDUE



Et pourtant, dans la confrontation de mes souvenirs antédiluviens et de ma relecture présente, un même phénomène de temporalité s'est régulièrement présenté : j'avais une vision complètement distordue du rythme du roman, et de la longueur (ou de la brièveté, pour le coup) de ses séquences. C'est tout particulièrement vrai pour les scènes « de bataille », systématiquement.



J'ai été particulièrement surpris de constater combien le périple dans la Moria était… court, en fait – et plus encore la bataille livrée à la fin de ce périple. C'était probablement le passage du roman que j'avais le plus idéalisé au fil des années, en me souvenant toujours de cette frousse ressentie quand j'avais lu le roman ado – quand j'entendais, littéralement, les tambours des Orques… même si ça n'a pas fait de moi un adepte du dungeon-crawling, bizarrement. Mais, en fait, ça va très vite : en comparaison, la Lórien juste après, c'est peut-être… trois fois plus long que toute la Moria ?



La même chose s'est reproduite, plus loin, pour le Gouffre de Helm – et, surtout, le siège de Minas Tirith et/ou la bataille des Champs du Pelennor : dans mon souvenir lointain, le livre V du Seigneur des Anneaux était en gros « une énorme bataille » ; or ça n'est absolument pas le cas – et si la bataille est parfois à l'arrière-plan de chapitres plus posés à l'intérieur des murs de la forteresse-cité du Gondor, les scènes martiales à proprement parler sont très, très brèves ; tout particulièrement, dans le cas présent, aussi bien la mort de Théoden, que celle du Roi-Sorcier du fait de la bravoure commune d'Éowyn et de Merry – c'est expédié en quelques lignes, quelques paragraphes au plus ! Tous ces moments épiques sont donc en vérité fort brefs – qu'ils marquent autant en dit… long, aha, d'une certaine manière.



Reste que le Seigneur des Anneaux est un roman où l'on parle – beaucoup. Et c'était une chose dont je ne me souvenais pas ; ou dont je me souvenais vaguement, mais avec comme un biais ? Comme dit plus haut, lors de ma première tentative de lecture, je m'étais pété les dents sur le Conseil d'Elrond, au début du livre II. Je me souvenais que le début du roman, tout particulièrement avec Bilbon, était riche de savoureux dialogues, mais la complexité du tableau dressé par les invités d'Elrond m'avait alors assommé (aujourd'hui, c'est probablement ce que je préfère chez Tolkien, d'où mon goût pour le Premier Âge…). Mais, pour une raison ou une autre, c'est comme si j'avais concentré ce « ressenti » des dialogues sur ces deux séquences – et probablement, entre elles, celle, toujours aussi WHAT THE FUCK ?!, qui voit les Hobbits bénéficier de l'hospitalité (?) de Tom Bombadil et de Baie d'Or.



Rien de plus faux, car, par la suite, on cause beaucoup – vraiment beaucoup. En Lórien, donc, immédiatement après la Moria, mais aussi sur les bateaux en descendant l'Anduin (deux séquences incomparablement plus longues que dans mon souvenir), mais encore, ensuite, en Rohan ou chez les Ents, en Isengard même, en Ithilien surtout (là encore une séquence beaucoup, beaucoup plus longue que ce dont je me souvenais), ou derrière les murs de Minas Tirith, avant, pendant et après la bataille, sans même parler du long voyage de retour vers la Comté.



Mais ce n'est pas un reproche ! Ces scènes sont régulièrement brillantes, et les dialogues savoureux, qu'ils jouent d'un registre archaïsant très soutenu et élégant, ou se montrent plus légers, généralement du fait de l'intervention bonhomme des Hobbits comme de juste. Mais, oui, vraiment, je n'en avais absolument pas conservé le souvenir, mais The Lord of the Rings est un roman où l'on parle beaucoup – et où l'on parle en tout cas considérablement plus, incomparablement même, que l'on ne se bat ou ne se livre à d'autres prouesses « héroïques » : Tolkien est beaucoup plus concis dans les moments d'action, et même lapidaire, parfois. Je suppose, à vrai dire, que ces deux tendances n'ont rien d'innocent, et peuvent renvoyer aux inspirations de l'auteur, dans les sagas épiques et autres dits légendaires, qui ont parfois quelque chose de ces deux formes ? En tout cas, si l'on fait le match des fondateurs de la fantasy moderne, Tolkien est à cet égard plus que jamais à l'opposé d'un Robert E. Howard – sans déconner ? Et, oui, il parle (aha) bien plus à mon coeur…



Mais je suppose qu'il me faut aussi relever que certaines scènes « à dialogues » du Seigneur des Anneaux se sont en sens inverse avérées plus brèves dans les faits que dans mon souvenir – ainsi du séjour à l'Auberge du Poney Fringant, ou, dans les annexes, des fragments de l'histoire d'Aragorn et d'Arwen. Ces cas sont cependant bien plus rares – des exceptions.

CHAMPION OF THE WORLD(BUILDING)



Bien sûr, Tolkien brille particulièrement, encore aujourd'hui, par la précision méticuleuse avec laquelle il a conçu son univers, en partant des langues, et en enrichissant sans cesse un matériau qui, à l'époque de la parution originelle de The Lord of the Rings, avait déjà été cultivé pendant environ 35 ans. Cette précision que d'aucuns qualifieraient de maniaque ressort particulièrement des annexes concluant The Return of the King – et, j'avoue, même si tout cela me fascine, je ne me suis pas acharné sur le calendrier ou les systèmes d'écriture, hein… Ou les généalogies, je suppose – même si j'ai pris, à la lecture des pages consacrées par exemple aux rois de Númenor, un plaisir qui doit quelque chose à ma fascination et à mon admiration pour le Silmarillion, et son caractère de chronique épique davantage que de roman. Quoi qu'il en soit, dans ce registre, Tolkien n'a pas d'égal, et trône tout au sommet de la pyramide des créateurs d'univers. Et ce même s'il y a des « blancs », dans cet univers, et qui peuvent renvoyer à des questions pas exactement superficielles (l'insertion des Hobbits même dans le Légendaire ? Nous n'avons pas de mythes des origines pour eux…).



Ceci étant, ce dont j'ai envie de parler ici relève essentiellement, disons, de la géographie de cet univers – et plus particulièrement de la Terre du Milieu telle qu'elle est décrite dans les romans et les cartes qui les concluent. Deux points m'intéressent tout particulièrement, que la lecture de la gamme de L'Anneau Unique m'avait déjà amené à prendre en considération avant d'entamer cette relecture – et, là encore, cela a pu contredire les souvenirs que j'en avais, et qui remontaient à vingt ans au moins. Pour faire dans le lapidaire : le premier point est que ce monde est petit – le second qu'il est d'une certaine manière désertique.



Le premier point est déterminant. Les romans de Hobbits, comme les adaptations qui en ont été faites, au cinéma ou, plus particulièrement en ce qui me concerne, en jeu de rôle, mettent l'accent sur le voyage. Il est au coeur de la narration, ce qu'illustre notamment ce sous-titre du Hobbit, comme « Histoire d'un aller et d'un retour » ; il faut d'ailleurs rappeler combien le retour est d'une importance cruciale pour Tolkien, dans les deux romans de Hobbits (et Peter Jackson a bien sabré en largeur, ici), ce qui renvoie probablement là encore aux sagas et autres dits épiques, mais aussi, je suppose, aux variations qu'un William Morris avait déjà pu travailler à l'aube de la fantasy moderne, ainsi dans La Source au bout du monde.



Mais cette importance majeure du voyage ne change finalement rien au fait que le monde que nous décrit Tolkien, et où se déroulent ses romans de Hobbits, est très petit. Cela ne tient pas seulement aux cartes dressées par Christopher Tolkien sur les indications de son père, et qui ont une échelle, on peut donc mesurer les distances en miles si l'on y tient : sans même se livrer à cet exercice, on a l'impression d'un monde que l'on pourrait traverser de part en part en quelques semaines au plus – les porteurs de l'Anneau galèrent dans le Mordor en raison des conditions de voyage particulières que cet environnement particulièrement hostile et dangereux implique, mais, en dehors de cet aspect, la Terre du Milieu s'explore probablement bien plus vite que l'Europe, voire que la seule Europe de l'Ouest.



On sait, bien sûr, que ce monde s'étend au-delà – et ceci sans même franchir l'océan jusqu'en Valinor ou même Tol Eressëa, ce que la « courbure » du monde à la fin du Deuxième Âge prohibe à tous hormis les Elfes et, pour le coup, les porteurs de l'Anneau. On sait que les terres s'étendent bien à l'est des cartes en fin de volume, où vivent diverses peuplades barbares (ils viennent toujours de l'est, hein), ou au sud, où, au-delà d'Umbar, s'étend le désert du Harad, pour le coup très vaste, et probablement bien davantage que la « Terre du Milieu » que nous connaissons. Mais nous n'en savons pas davantage – du moins « officiellement » : je me souviens d'une « Carte de la Terre du Milieu », qui était un supplément pour le Jeu de Rôle des Terres du Milieu (JRTM), et… qui était totalement délirante à cet égard, je suppose, même si l'idée était bien de limiter la Terre du Milieu que nous connaissons, disons, du nord au sud, entre la Baie du Forochel et les Havres d'Umbar, et de l'océan à l'ouest, à la mer de Rhûn à l'est, à un tout petit coin au nord-ouest de la Terre du Milieu entendue comme continent – maintenant, je suppose que les auteurs de cette carte avaient extrapolé, si c'est le mot, en free-style, pour le moins, car JRTM n'était pas exactement la référence la plus solide et orthodoxe pour le « lore » tolkiénien (j'ai des sueurs froides à l'idée de ces magos noldos qui balançaient des boules de feu, sans même parler des Umli, les demi-nains…). Mais, oui : ce monde est très petit.



Et il est aussi quasiment désertique – pas au sens de vastes étendues de sable où il fait une chaleur à crever, non, ça c'est la prérogative d'un Harad que nous ne visitons jamais dans les romans de Hobbits ou ailleurs, mais au regard de la population, humaine ou non, qui habite la Terre du Milieu.



C'est un monde essentiellement sauvage, où les villes sont rares, et peu peuplées – Bree, littéralement un village, a droit à son point sur la carte parce qu'il n'y a finalement pas grand-chose d'autre en matière d'urbanisation, surtout d'ailleurs dans cette région de l'Eriador, que Tolkien lui-même, pour le coup, présente comme étant dépeuplée depuis les guerres avec l'Angmar qui ont anéanti le pouvoir de l'Arnor et des royaumes plus petits qui lui avaient succédé (ce que j'avais relevé en chroniquant deux suppléments pour L'Anneau Unique, Fondcombe et Les Vestiges du Nord, et en notant que ce terrain de jeu était finalement bien plus « sauvage » que les « Terres Sauvages » à l'est des Monts Brumeux, cadre privilégié de la gamme originelle de ce jeu de rôle). Mais cela vaut pour à peu près tout le reste dans la moitié nord de la carte : si l'on peut concevoir Esgaroth et Dale comme des villes de taille honnête, une fois Smaug défait, et si l'on ne sait guère ce qu'il en est de la démographie des Nains, en Erebor ou dans les Montagnes Grises ou dans les Collines de Fer, les sites majeurs des Elfes ne sont guère que des palais « un peu augmentés » (Fondcombe, la Lórien ou le Palais de Thranduil) – ce qui se tient, certes, dans la mesure où ce sont les ultimes demeures d'une race déclinante et dont l'essentiel vit alors au-delà de la route perdue ; mais, plus au sud, et ce alors même que la malédiction ayant frappé l'Arnor était supposée avoir épargné le Gondor et le Rohan, certes pas avares de dangers propres, les effectifs sont de même très limités (je note au passage que, pour quelque raison bizarre, je me figurais le Rohan bien plus à l'ouest...).



D'ailleurs, les grandes batailles, même les plus épiques, semblent mobiliser des centaines d'hommes plutôt que des milliers – on le constate au Gouffre de Helm comme aux Champs du Pelennor, ou devant la Porte Noire du Mordor. À vrai dire, les troupes les plus colossales à cet égard sont unilatéralement celles du Mordor – mais, même dans ce cas, les Orques ou les Orientaux ne constituent pas forcément des hordes à proprement parler, ou du moins est-ce l'impression que les romans donnent, ceci alors même qu'ils jouent du contraste avec les Peuples Libres du Nord.



C'est
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