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Critique de Chamamiel


"La raison en est que les classes inférieures sont trompées par les classes supérieures en ce qui concerne la nécessité du régime actuel. de même qu'à l'égard de la légitimité des violences nécessaires pour son maintien"

Un ouvrage que j'ai eu du mal à lire. Extrait d'une oeuvre bien plus longue ayant inspiré les réflexions de Gandhi, Inutilité de la violence est un essai abordant l'origine du mal et les solutions pouvant mener à l'émancipation de ce dernier.

Je m'étais attendue à beaucoup et en effet il y avait beaucoup, mais clairement pas comme imaginé. Tolstoï nous dit que la violence n'est pas innée. Qu'elle est un comportement que les puissants ont adopté afin d'asseoir leurs privilèges. Hypnotisés par ces derniers, les plus faibles, la classe moyenne et surtout prolétaire, subissent et reproduisent cette violence. Notamment en s'engageant dans l'armée, une totale hérésie pour le penseur.

Ici, Tolstoi s'attaque surtout au système étatique: favorisant les plus puissants, aux prêtres: ayant perdus les vraies valeurs chrétiennes, à l'armée: génératrice de morts inutiles et même aux fonctionnaires: soldats faisant tourner une machine qu'il trouve inconcevable.

Profondément pacifiste et surtout anarchiste, Tolstoi encourage à la désobéissance civile (ne pas payer ses impôts car cela finance l'armée par exemple). Parfois de manière un peu lyrique.

En tant qu'athée, j'ai été néanmoins peu touchée par ses litanies sur les valeurs chrétiennes, qu'il place au dessus de tout. Qu'il dit pouvant sauver l'humanité. Et c'est bien cela qui m'a fait poser le livre pendant plus de six mois.

Néanmoins, lorsque je l'ai repris pour finalement terminer les petites 20 pages restantes, ce fût avec une révélation: celle qui ne s'agit pas d'un ouvrage politique. Mais d'un essai philosophique. Témoignant du parcours spirituel d'un auteur dont le coeur appartient à Dieu tout autant qu'aux hommes.

Je ne dirais pas que j'ai aimé. Car beaucoup de ces solutions face à la violence et cette conclusion sur l'amour de Dieu gagnant sur tout me paraissent totalement hors sol.

Néanmoins force est de constater que deux siècles plus tard, Tolstoi a toujours raison sur de nombreux points. La violence engendrée par une petite minorité qui est acceptée et même approuvée par une majorité "hypnotisée" (tel est le terme employé) protégeant inconsciemment les privilèges de ceux qui ne les regardent même pas.
L'honneur qu'il y a à préférer la paix et à, si on participe au cycle de la violence, au moins ne serait-ce qu'avouer que nous sommes un rouage. Car parfois, il nous est juste impossible d'abandonner nos privilèges. Alors, faire face à la vérité reste malgré tout un premier pas.

Rester honorable, chercher la paix, devenir meilleur. Pour soit et surtout pour les autres. C'est bien cela être humain.
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