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Critique de Artelode


J'ai reçu ce livre à l'occasion de la dernière Masse Critique de Babelio. Je remercie également les éditions Arthaud. Si je ne suis pas une grande connaisseuse en matière de navigation – j'ai même le mal de mer, alors imaginez -, j'ai beaucoup apprécié ma lecture.
Je me demande ce que Jules Verne, amoureux de la mer, aurait fait de cette incroyable histoire. Exactement un siècle avant l'odyssée tragique de Donald Crowhurst, en 1869, était publiée la première partie de son célèbre Vingt mille lieues sous les mers… Sauf que, dans L'étrange voyage de Donald Crowhurst, nous ne sommes pas dans un roman d'aventures mais dans la vraie vie.
Ron Hall et Nicholas Tomalin ont réalisé un travail d'orfèvres pour reconstituer l'itinéraire, les faits et gestes de Donald Crowhurst. le livre relate le périple à la fois extraordinaire et terrifiant vécu par un homme emprisonné dans une toile qu'il a lui-même tissée au cours de longs mois passés en solitaire en Atlantique. On se demande comment cet homme a pu tenir aussi longtemps…
Très bien construit, découpé en vingt chapitres, L'étrange voyage de Donald Crowhurst nous permet de suivre en alternance des moments à bord du Teignmouth Electron – trimaran créé spécialement pour le Golden Globe Challenge -, des moments vécus à terre par l'entourage du marin britannique, et l'écho retentissant de la course dans le monde médiatique. La carte représentant l'itinéraire du navigateur, au début du livre, permet de se repérer et de suivre le voyage. La personnalité de Donald Crowhurst nous est dévoilée avec une grande subtilité. de nombreuses questions restent ouvertes et permettent au lecteur de se forger son propre avis.
La préparation du voyage, le départ précipité, l'amateurisme dont fait preuve Donald Crowhurst – pourtant entouré de véritables professionnels -, laissent présager le pire, bien au-delà des inévitables difficultés matérielles. On a l'impression d'un brouillon grandeur nature, qu'il faudrait réécrire encore et encore. Et si les choses s'étaient déroulées autrement ? Si l'un des amis de Donald Crowhurst, sa femme ou même ses enfants lui avaient demandé d'abandonner la course ? Mais voilà, personne ne l'a fait. Trop de frais déjà engagés peut-être ? Il faut dire également que Donald Crowhurst inspirait une forme de confiance, son optimisme à toute épreuve et ses ambitions grandissantes au fil des années – les auteurs remontent assez loin dans son parcours – ne laissaient aucune place au doute et à la critique. le croisement des nombreux témoignages rassemblés par les journalistes montre que si Donald Crowhurst a dévoilé un petit bout de lui-même à chacun, nul ne peut dire qu'il le connaissait réellement. le navigateur savait manier le langage avec dextérité, tenir un discours, se montrer convaincant.
Le moment de bascule s'étire sur de longues semaines. La descente aux enfers prend forme sous la plume des auteurs et celle du navigateur – de nombreux extraits des journaux retrouvés à bord du Teignmouth Electron sont retranscrits dans le livre. Alors même qu'il sombre, seul au milieu de l'Atlantique, il tente de maintenir les apparences. Incapable de prendre une décision sur la conduite à tenir – continuer à mentir ou renoncer – il semble jouer la montre, attendant désespérément un miracle.
Une lueur d'espoir apparaît, pourtant, lorsque Donald Crowhurst réalise que, s'il ne gagne pas la course, la supercherie ne sera jamais mise au jour. Il lui suffisait donc de perdre. Mais rien ne se passe comme prévu. Bernard Moitessier ne se décide pas à rentrer en Europe et repart pour un tour du monde en solitaire, et Nigel Tetley, alors qu'il se trouve en tête, fait naufrage. La seule option possible s'effondre. le dix-septième chapitre du livre s'intitule "L'inévitable triomphe"…
J'ai fermé le livre avec l'impression que cette histoire continuera à résonner en moi. Car, au-delà du contexte maritime et donc de certains détails techniques qui, bien qu'instructifs, m'ont échappé, la tragédie vécue par Donald Crowhurst et ses proches touche à la fois à l'intime et à l'universel. Il y a dans ce livre quelque chose de troublant et d'émouvant que seule une lecture du livre permet véritablement d'appréhender.
Lien : http://lecalepindunelectrice..
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