AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de MissBibliophile


Je suis tombée complètement par hasard sur ce livre, qui se trouvait sur la table de la bibliothèque municipale réservée aux livres " en trop" et qu'on pouvait donc prendre sans les rendre. Ayant entendu parler du film de Visconti, restauré il y a quelques années et rediffusé au Festival de Cannes, je savais déjà que c'était un chef-d'oeuvre, sans toutefois savoir de quoi il parlait ! J'étais donc curieuse de connaître cette histoire.

Le début du roman m'a semblé assez long ( la scène où le Prince de Salina arpente son jardin avec son chien Bendico), jusqu'au moment où Lampedusa présente réellement tous les personnages réunis à table pour le dîner. En fait, quand j'avais d'abord lu la quatrième de couverture de cette édition, je pensais avoir affaire à une histoire d'amour ( un Prince qui se méfie des fiançailles de son neveu, Tancredi, avec la fille d'un parvenu, Angelica).
Mais au fil des pages je me suis rendue compte que Lampedusa allait beaucoup plus loin, et qu'il s'agit en fait du récit d'une famille princière en décadence par rapport à son temps, puisqu'elle s'oppose à l' Unité de l' Italie. Je conseillerais peut-être à un futur lecteur de faire un peu de recherches sur cet épisode d' Histoire de l' Italie, avant de se plonger dans ce roman, car sans cela il est sans doute plus difficile de comprendre les enjeux de cette époque, et donc les opinions divergentes des personnages du Guépard.

Bref, ici le thème du roman n'est pas l'amour, mais la décadence d'une famille noble, vécue par son " patriarche", qui se résigne pourtant à laisser faire ces nouveaux hommes politiques, aux origines " inférieures", tels que Sedarà, le père d' Angelica. Et Lampedusa, qui insérait de temps en temps quelques nouveaux chapitres dans son manuscrit, n'arrête pas son récit à la mort du Prince. En fait, il part de l'année 1860 pour finir en 1911, quand les filles du Prince, veuves ou vieilles filles, mettent réellement fin à la gloire de la famille quand l' Eglise leur retire des reliques dépourvues d'authenticité, qu'elles conservaient fièrement dans la chapelle familiale.

On ne peut pas non plus voquer cette oeuvre sans s'arrêter sur son "décor", la Sicile. Elle est omniprésente, aussi bien dans l'esprit du Prince, qui regrette évidemment son rattachement avec le reste de l' Italie, qu'à travers la mentalité des personnages, toujours en comparaison avec les gens du " Nord" ( les Piémontais). Les paysages sont décrits minutieusement par Lampedusa pour mieux faire transparaître la mélancolie, la nostalgie du Prince.

L'auteur ne s'arrêtant que sur quelques périodes de la vie des Salina, on voit mieux l'évolution de cette famille qui tente tant bien que mal de conserver sa gloire et sa légitimité. Avec simplicité et s'inspirant de ses propres ancêtres, l'auteur résume en un seul roman ce que des dizaines de grandes familles ont du vivre durant ce tournant de l' Histoire de l' Italie.

Commenter  J’apprécie          80



Ont apprécié cette critique (8)voir plus




{* *}