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Critique de marsenavril


J'adore cette histoire pleine de rebondissements, d'anecdotes, de circonstances annexes, qui décrivent une Chine complexe, où la bureaucratie et la corruption coexistent avec l'enrichissement et la consommation, les commérages avec les superstitions. Ça commence par un grand-père qui a perdu l'esprit, et court après les esprits de ses ancêtres, que sa famille juge opportun d'expulser à l'asile, pour récupérer sa chambre et la louer. Belle scène de démantèlement du vieux lit ancien, en bois, fourgué à un antiquaire qui en retirera un bon prix.
Baorun, le petit-fils balourd, se voit dédié à la surveillance dudit grand-père, fugueur et creuseur invétéré, toujours en quête des mânes de ses ancêtres. Entrent en scène la petite fille mal élevée, Princesse, qui provoque l'attirance et le rejet, Liu Sheng, le copain malin qui arrange des combines, et la séance foireuse de patinage au Palais du Peuple, qui engendrera un processus fatal de vengeance, duperie, machination. On retrouve les protagonistes 10 ans plus tard, la petite peste est devenue une vraie salope, le petit malin un magouileur efficace, et le balourd l'est resté.
Tout ça donne une peinture sociale très vivante, pleine de renseignements sur la vie des Chinois petits, moyens et grands, embarqués dans la course à l'enrichissement, où le pragmatisme et l'avidité, le mépris des valeurs ancestrales, coexistent avec un certain respect des codes et règles sociales (particulièrement dures aux femmes, qui deviennent des putes ou des épouses, et particulièrement dures aux pauvres, qui n'ont pas les moyens de corrompre quiconque). On en retient qu'il est difficile d'échapper à son destin, ou à la fatalité, ou à l'injustice du monde. On regarde disparaître le monde d'avant, un monde où le palais du peuple et sa patinoire représentaient un must en matière de distraction (la séquence sur le dresseur déchu et ses chevaux de cirque est émouvante). Et on se réjouit, parce que cette noirceur du monde est écrite avec humour et vivacité.

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