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Critique de beatriceferon


A Senlis, dix ans après l'histoire qui nous est contée, une jeune femme sonne à une porte et remet à la personne qui lui ouvre le journal de son frère. Puis, elle part en courant sans se retourner.
En Corrèze, 1944, dans un village désert, Pauline s'occupe des fleurs, des jardins, de l'épicerie. Elle semble être la seule habitante. Les autres ont sans doute fui devant les troupes ennemies. Et c'est ce que Pauline devra faire, elle aussi, jusqu'à ce que sa route croise celle d'un vieil homme blessé, occupé à délirer dans une maison vide. L'adolescente l'emmène avec elle.
Ce sont les couleurs fraîches et tendres de la couverture qui m'ont attirée. La nature semble paisible et grandiose. Sur un chemin de terre, de dos, une silhouette à la robe fleurie pousse un fauteuil roulant. Scène champêtre et douce. Mais, si on y regarde d'un peu plus près, au pied d'une clôture, gît un casque allemand.
Lorsque j'ai pris l'album pour le feuilleter, je me suis aperçue qu'il était suivi d'un deuxième tome. Celui-ci a l'air moins sympathique : la fillette et son compagnon sont menacés par des soldats ennemis qui les tiennent en joue.
Le dos de ce premier volume fait comprendre que l'image de présentation est trompeuse. Cinq vignettes déroulent une trame effrayante : après le joli village et le jardin plein de jeux d'enfants, les deux personnages principaux aux visages triste ou effrayé, puis, un officier de la Wehrmacht au rictus mauvais qui tient un pistolet. Un drame semble se jouer.
Et c'est vrai que les dessins offrent un grand contraste entre les couleurs claires et pastel et le vert-de-gris des uniformes. Les cases sont traversées par des onomatopées grand format : bruits de moteurs ou de tanks, coups de bottes, tirs de mitrailleuses, cris germaniques.
La petite qui vit seule en soignant les maisons et jardins désertés se nomme Pauline. Elle attend le retour de ses parents, mais le lecteur imagine bien que ceux-ci ont été déportés. le seul adulte s'appelle Eugène. Il lui apporte le produit de sa chasse et la met en garde : elle est trop naïve. Elle doit apprendre à se méfier de tout.
Restée seule après le départ de la troupe qui rafle tout ce qui se mange et détruit le reste par pure méchanceté, Pauline décide de partir vers la mer. C'est très loin ? Qu'importe. Elle a tout son temps. L'antique chaise roulante du père François lui servira à transporter ses bagages. Lorsque, dans un autre village, elle découvre un vieil homme blessé à la jambe et très ronchon, elle ne peut s'empêcher de s'arrêter, de le soigner, de l'emmener avec elle, malgré son éternelle mauvaise humeur. Il s'appelle Paul. Quelle coïncidence !
Malgré l'atmosphère lourde et tendue, les dessins sont ravissants, les teintes de dragées nous plongent dans le monde de l'enfance qui est celui de l'héroïne. On découvre l'histoire à travers les yeux remplis de naïveté de Pauline. Au fil des vignettes et des pages, tel un leitmotiv, celle-ci égare son chapeau et le retrouve de façon mystérieuse.
De riants paysages de campagne, de montagnes et de forêts alternent avec des fermes en pierres blanches, des fleurs, des animaux sauvages (lapin, papillon) ou domestiques (vache, chat).
Les personnages sont représentés en pied, le plus souvent, ce qui n'empêche pas les plans américains ou les gros plans.
La chronologie m'a posé problème. Il a fallu que je lise le deuxième tome et que je fasse quelques retours en arrière pour avoir une vue complète de l'histoire.
Cet album m'a beaucoup plu.
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