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Critique de le_Bison


Les images s'entrechoquent dans ma tête, les souvenirs s'estompent. L'expérience est inoubliable mais me parait tellement féérique, presque surnaturelle que j'en arrive à me persuader qu'elle n'a jamais existé dans ma vie. J'ai du prendre un métro, puis un train. Peu importe la ligne, le numéro ou la couleur. Je sais que cela devait être dans l'après-midi. La destination, le sommet du Mont Fuji. Pas de neige, juste des cailloux, quelques morceaux de laves et un cortège de personnes humaines, de toute âge et de toute condition. Tel un pèlerinage, je gravis la pente à une lenteur désespérante. Cette lenteur, je l'apprécie. Elle me permet de méditer, de regarder, de sentir. Plus je grimpe, et plus je regarde le sommet, et plus je regarde en bas. D'ailleurs, je vois sous moi, un peu à l'Ouest, une forêt. Ne serait-ce pas la célèbre forêt d'Aokigahara ? J'aurais tout le loisir d'y penser pendant que je franchirais les derniers échelons de ma montée. En attendant, je poursuis mon chemin rocailleux que des millions de personnes avant moins ont façonné. Je pense à ces êtres, heureux d'être avec moi, d'avoir été avant moi, à ces esprits qui sont restés dans ce lieu que je considère mythique. Une fois au sommet, je vois le soleil poindre enfin à l'horizon. Instant magique que ma rétine tente de saisir et graver à tout jamais dans mon esprit, dans mon coeur.

En bas, j'aperçois un enchevêtrement de cryptomerias feuillus, la forêt d'Aokigahara. Je ne la connaissais pas encore. Je la découvre maintenant avec cette bande dessinée espagnole signée El Torres et Gabriel Hernandez. Célèbre et funèbre. Légende urbaine devenue réalité, cette forêt sert de lieu d'accueil pour les suicidés.

« Regarde autour de toi.
Aokigahara.
Une immense mer d'arbres qui borde le Mont Fuji, grouillante de vie et d'une beauté indescriptible.
Mais qui pue la charogne ironiquement, il y a plus de suicides ici qu'en n'importe quel endroit au monde. »

Le trait est écorché, les couleurs sont sanglantes. le rouge et le gris prennent le dessus. Vue de l'intérieur, cette forêt n'est pas aussi verte que je l'imaginais. La faute à ces esprits malsains, des femmes surtout. Elles sont venues hanter ce lieu, et m'appelle sauvagement pour venir la rejoindre. J'apprends qu'il s'agit d'un onryo.

Mais quelle est donc cette onryo qui pourchasse mes rêves, qui hantent mes jours ?

J'essaye de me sauver, je trébuche mes pieds enchevêtrés entre les racines, mon visage griffé par les ronces, mon torse cisaillé par les branchages saignants. Elle est là derrière moi, les yeux exorbités, la peau violacée, la langue pendante, le cou lacéré et la rage au coeur. Je ne peux lui échapper. Ou si, je peux, je dois la rejoindre !

[...]
Lien : http://leranchsansnom.free.f..
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