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Critique de LoupAlunettes


Une approche du mythe intéressante, pour un jeune public, dépouillant un peu le personnage King Kong de son image attractivement dangereuse, sauvage.
Ici, Kong est un doux, un gentil, un distingué.

Et oui, l'idée première du film dans le film, pour réaliser un chef d'oeuvre cinématographique sur une île de peuples cannibales et de créatures monstrueuses, sera laissée de côté. Seul sera retenu et réinterprété la présentation de King Kong aux peuples américains avides d'exotisme et son installation prodigieuse en tant qu'acteur de cinéma.

On aimera bien, nous, cette relecture qui ne posera pas le regard du jeune spectateur sur un animal, mais sur un "acteur" doué de raison et de sentiments.
Ici, il ne sera pas figurant tapant sur son torse pour que l'on vienne sauver une belle jeune femme en détresse, il aura le premier rôle et sera bien mieux traité, entièrement vêtu comme à la mode des années 20-30.
Se posera le cas du consentement: est-ce que tout ceci lui conviendra?

" La véritable histoire de King Kong" nous livrera la parcours d'un personnage apaisé mais lassé de la célébrité.
Au travers de l'animal, ironiquement nous verrons toutes les personnalités publiques qui souffriront de l'indiscrétion quand le clap de fin retenti, de l'exploitation de leur image pour vendre sur les autres moments, on ne choisit pas toujours.
En attendant le rôle de sa vie, il faudra travailler et subvenir à ses besoins.
Kong est connu et reconnu.
Fini les jours tranquilles pour aller chercher une baguette à la boulangerie sans qu'on lui demande un selfie en "autographe".
Il faudra toujours sourire, toujours se montrer accueillant et agiter la main sans relâche, il n'y aura pas de mauvais jours et mauvaises humeurs.

L'humour, l'esthétique et la folie douces de l'illustrateur Marco Soma, les couleurs pastel, aideront à installer ce nouveau personnage poilu dans son rôle inédit, calme, civilisé et sympathique.
L'auteur Luca Tortolini le rendra plus humain et ses sentiments de solitude, de star privée de vie intime plus évidente.

Dans la version d'origine, "... King Kong est un monstre de fiction ayant l'apparence d'un gorille géant. Il apparaît initialement en 1933 dans le film du même nom, réalisé par Merian C. Cooper et Ernest B. Schoedsack..." https://fr.m.wikipedia.org/wiki/King_Kong
Le public payait pour le voir sur scène ou le voir dormir dans sa cage, le touchant, l'obligeant à faire son numéro dans sa cage.
Ici les événements se seront certe un peu précipités depuis le départ de l'île mais sans capture, King Kong sera dans le rôle du jeune acteur novice à qui les lumières du spectacle et les promesses de célébrité auront tournés trop vite la tête.
La perspective sera nuancée, rendant légitimes l'amour et la curiosité des spectateurs mais condamnant facilement l'abus (ce n'est pas l'auteur qui le dira, c'est son acteur Kong, qui sera ennuyé de ne pas pouvoir avoir de moments libres à lui et se trouvant coupé de son pays, de sa famille pour se ressourcer. L'éducation des jeunes spectateurs devraient leur permettre de se rendre compte des mauvaises limites franchies qui feront du tort au personnage).
C'est Kong qui nous racontera sa nostalgie des jours simples et reviendra sur son ascension.

L'auteur Luca Tortolini reverra la fin avec son parti pris plus civilisé, Kong ayant le choix de tout céder derrière lui à la fortune et à la célébrité, nous présentant aussi une vie de "rêve" à double-face.
Oui, on peut s'y refuser pour de saines raisons, dira t-on aux jeunes lecteurs, l'argent et la célébrité ne suffisent pas pour rendre heureux, c'est une certitude.
La fin réjouissante nous offrira un Kong nu, dépouillé de sa pression sociale et libéré.
C'est un chouette et original moyen pour présenter le métier de personnage public de la TV, de la chanson ou du cinéma et sa pression.
C'est toujours un crève-coeur d'abandonner un ou une artiste que l'on aime bien, qu'ils nous disent qu'ils préfèrent changer de métier et élever des moutons dans le Larzac. En grandissant, on comprend.

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