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Critique de Azallee92


Philippe Toulouse, est éducateur spécialisé au sein d'une grosse association de Dunkerque, qui a pignon sur rue, avec 300 salariés qui accompagnent des adultes et enfants en difficulté sociale.
C'est un livre bien écrit et qui se lit facilement où l'on apprend comment s'est développé sur une période de dix ans, et humanisé le travail auprès des personnes de la rue, il faut lire le livre pour bien comprendre.
Dans la seconde partie, il raconte son combat face aux politiques en place à l'époque qui ont choisi de le « casser » pour accéder en toute impunité aux comptes et subventions de l'association et organiser une comptabilité parallèle afin d'extorquer et détourner les fonds pour l'enrichissement personnel de toute une pyramide de personnes politiquement haut-placées.
Ce récit me rappelle la même situation qui avait fait grand bruit dans ma région concernant un président d'association d'enfants handicapés qui s'était fait construire une belle villa aux frais des comptes de l'association !
Autrement dit, tout citoyen lambda a les moyens à sa disposition pour se défendre contre les « vautours » qui profitent de la misère de leurs congénères pour s'enrichir de biens collectifs et s'arroger des pouvoirs publiques.

A son arrivée, Philippe Toulouse va développer le service d'intervention sociale par un travail dans la rue, la maraude, travail de resocialisation qui tisse des liens de confiance avec les exclus, le but étant de créer au fil des rencontres du lien relationnel social afin d'extirper les exclus de la rue pour qu'ils n'y meurent pas et pour, et avec le temps, les rendre visibles aux yeux de l'administration en leur créant une boite aux lettres à l'association, un droit de vote, un droit au logement, et redonner une dignité à ces personnes qui se fondent dans le quotidien de la rue, en leur permettant d'exprimer un désir, en recréant une envie, un élan de resocialisation et sortir des schémas mentaux conditionnés par des années à la rue , « la rue qui casse les corps mais aussi les esprits »
Son récit qui s'étale de 2001 à 2014 au moment des élections municipales nous montre comment se sont enchainées ses prises de décisions et de positions.
Tout d'abord, il en appelle au maire de la ville de Dunkerque pour que soit abordé le thème de la précarité dans la ville, de l'urgence sociale, de la détresse imminente. Il interpelle également les dirigeants de son association où on lui fait vite comprendre qu'il doit rester à sa place d'éducateur et laisser faire « les costumes-cravates » dans les plus hautes sphères. Par la suite, voyant que rien ne bouge, il va se donner les moyens de s'adresser aux financeurs, à la presse locale et au monde politique local.
Son expérience du travail de terrain l'amène à repenser les structures d'accueil d'urgence et innover en matière d'habitat durable adapté ; Il veut développer un projet de maison-relais qui accepteraient les personnes telles qu'elles sont, parfois alcoolisées, souvent avec leur animal de compagnie, en s'adaptant à leur façon de vivre, pour sortir les sans-abris de la rue et sauver des vies.
Pour financer et propulser son projet, en 2002 il va aller le présenter à Dany Boon, figure emblématique locale, qui lui assure un soutien indéfectible. Ce qui va lui permettre de s'exprimer sur les plateaux-télé, donner des interviews à la presse et la radio, médiatiser sa cause et devenir un personnage public.
Ses prises de position médiatiques et médiatisées qui ont au plan national trouvé des réponses positives alors quelles vont rester lettre morte au plan local.
Il prend conscience que l'ouverture de la structure « grand froid » en période hivernale, passe par une décision politique et il adhère au parti socialiste pour y faire entendre la réalité d'un travailleur social.
Le plus gros financeur de l'association est le conseil départemental et s'il veut propulser son projet de maison-relais, il va devoir bousculer au plus haut le pouvoir politique.
Tout au long de son témoignage, il montre comment il a su s'appuyer sur des instances existantes et se créer un réseau relationnel pour accéder à la médiatisation de sa cause et se défendre des attaques des dirigeants de son association.

Philippe Toulouse qui se nomme « lanceur d'alerte » en montre l'exemple, et il ne faut pas perdre de vue que l'union fait la force et qu'il faut exclure toute violence des moyens que l'on se donne pour réussir.
J'aurais aimé cependant savoir comment s'est concrétisé son projet de maison-relais, comment il a été budgété et par qui, et sous quelle forme il a été réalisé.
Je remercie Masse critique de Babélio qui m'a permis de connaitre tout le cheminement d'un travail auprès des sans-abris à travers la personnalité de Philippe Toulouse.
Je voudrais citer dans la même idée "le collectif les morts de la rue" qui oeuvre pour qu'une personne morte dans la rue ne meurt pas anonymement et soit enterrée dignement.
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